Page:Bouilhet - Dernières chansons.djvu/157

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Dompter le feu divin qui n’obéit qu’à moi ! »

Alors, l’enfant en main ― sourd aux plaintes frivoles ―
Comme un frondeur grégeois dans des lanières molles,
Fait tourner une pierre à l’entour de son front.
Il décrivit dans l’ombre un formidable rond,
Et, parmi les torrents de lave incendiaire,
Le précipita nu, la tête la première.
Telle, au gouffre marin tombe une étoile d’or ;
Telle, en un tourbillon d’écume, on voit encor
Plonger, du haut des airs, la mouette aux blanches ailes.
Le soufre ardent jaillit en fauves étincelles,
Tandis qu’on entendait, sous le linceul baveux,
Siffler la chair qui brûle, et craquer les cheveux.

Cependant, par les cieux sans limite et sans voiles,
Sur des gazons semés d’une poudre d’étoiles,
Les fiers olympiens, beaux éternellement
Dans l’orgueil de la force et du contentement,
Écoutaient d’Apollon sonner la grande lyre.
Les déesses, en foule, excitant leur délire,
La blonde Hébé, Cérès, reine des champs herbeux,
Junon, dont l’œil est grand comme celui des bœufs,
Minerve, espoir des forts, Vénus, charme du monde,