Page:Bouilhet - Dernières chansons.djvu/271

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La paix descend sur toute chose.
Sans amour, sans haine et sans dieu,
Mon esprit calme se repose
Dans l’équilibre du milieu.

Loin de moi ces ardeurs jalouses
Des envieux dont le fiel bout !
J’ai dans ma maison deux épouses,
L’une assise, l’autre debout.

Et, très-fort en littérature,
J’ai gagné, s’il faut parler net,
Quatre rubis à ma ceinture,
Un bouton d’or à mon bonnet.

Cependant la nuit, qui s’allonge
Mystérieuse à l’horizon,
Dans le filet fleuri d’un songe
Prend mon âme comme un poisson.

Et pour voir ce pays des sages
Où les grands vieillards sont cachés,
Je suis, sur le courant des âges,
La feuille rose des pêchers.