Page:Bouilhet - Dernières chansons.djvu/317

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Quand nous mentons, nous les hommes,
Phébus frémit dans les airs,
Et, sur tous tant que nous sommes,
Fait pleuvoir ses traits amers ;

Neptune enfle la tempête,
Mars prend son glaive inhumain,
Minerve a le casque en tête,
Jupiter, la foudre en main.

Mais les Dieux ont peur des belles,
Des belles aux fronts vainqueurs.
Elles savent, les rebelles,
Qu’ils ont des yeux et des cœurs !

Ah !… si j’étais Dieu moi-même,
Je les laisserais mentir.
Je serais un dieu qu’on aime
Sans crainte et sans repentir !

— Toi, cependant, ma charmante,
Abuse un peu moins des Cieux,
Ou, s’il faut que ta voix mente,
Pitié pour mes pauvres yeux !