Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
MELÆNIS


Ce tumulte, ces cris, cette plèbe en délire
Le firent, tout d’abord, se moquer et sourire,
En comparant sa joie à celle qui passait ;
Et comme eux cependant l’ivresse le poussait,
Car il était heureux, car il voulait le dire
À la brise, au soleil ; le cœur est ainsi fait.

Le bonheur, loin de nous, se dégage et s’envole
Comme un parfum léger hors du vase d’airain ;
Et l’homme, dans sa fête, imprudent et frivole,
Par son chant de triomphe éveille le destin !
— Quelqu’un, comme il marchait, le toucha sur l’épaule,
Quelqu’un l’arrêta court en lui prenant la main.

En face de Paulus, silencieuse et pâle,
Une femme attendait ; ses yeux noirs et profonds
Sur ses traits sans couleurs luisaient par intervalle,