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MELÆNIS

Et, pliant sous le poids de sa tristesse immense,
Elle écouta partir sa dernière espérance,
Avec le bruit des pas, dans son cœur répété !

Le ciel était tout bleu, comme une mer tranquille,
De lourds rayons tombaient sur les pavés brûlants,
Ou se brisaient aux murs de marbre étincelants,
Et de ses ailes d’or frappant l’air immobile,
L’essaim des moucherons harcelait, par la ville,
Les portefaix couchés sous les portiques blancs.

Triste, elle gravissait le chemin des Carènes,
Devant elle, au hasard, laissant marcher ses pas ;
Et son cœur agité par d’étranges combats
Se gonflait tour à tour de douleurs et de haines !…
Ses pensers s’échappaient en phrases incertaines
Qui tremblaient sur sa lèvre et qu’on n’entendait pas !