Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
MELÆNIS


» — Je ne veux pas guérir ! cria la jeune fille ;
» Commençons !… l’heure échappe !… et le temps est compté !… »
La sorcière fait trêve à sa loquacité
Et plante, sur le banc, la torche qui pétille :
« Quel est son nom d’abord, son âge et sa famille ?…
» — Son nom ?… dit Melænis, je l’ai trop répété !

» Son âge ?… il va mourir !… sa famille ? qu’importe !…
» Qu’il soit esclave ou roi, ma haine est assez forte
» Pour briser, en tombant, sa couronne ou ses fers !
» — Alors, dit la sibylle, agissons d’autre sorte :
» Évoque-le toi-même, et, fût-il aux enfers,
» Il viendra !… sur cette eau reste les yeux ouverts !

» Penche-toi, sans parler, regarde au fond !… » Staphyle,
Tout en disant ces mots, dans un coin ténébreux
Prit un baquet étrange, au ventre spacieux,