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MELÆNIS

Tandis que, contemplant leurs têtes gracieuses,
Le père, à ses cils noirs sent des larmes joyeuses
Glisser, comme la pluie, après un jour d’été.

Oh ! qui dira la paix, et le bonheur tranquille !
Muse, qui chantera, dans des vers assez doux,
La maison reluisante, et les baisers d’époux !
Les pénates, au feu, séchant leur corps d’argile !
Et l’essaim des valets, et le cercle immobile
Des aïeux, sur le seuil, rongés du temps jaloux !

Elles vivaient ainsi, les mères d’Étrurie,
Celles du Latium et du pays sabin,
Gardant comme un trésor, loin du tumulte humain,
Le travail, la pudeur, les dieux et la patrie !
Elles n’attendaient pas qu’un préteur d’Illyrie
Vînt tenter leur vertu des colliers à la main !