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Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/202

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MELÆNIS


Ce fut lui qui, prenant le rôle de la mère,
Étreignit au départ la belle sur son cœur,
Et laissant échapper la larme de rigueur,
La retint dans ses bras comme il convient de faire ;
Car déjà deux enfants, ceints de myrte et de lierre,
Entraînaient par la main, l’épouse du rhéteur.

C’est alors qu’au milieu des pompes érotiques
On entendit des cris dans l’ombre du jardin,
Et la voix des valets courant sous les portiques :
« Elle est folle !… arrêtez !… » Mais sur ses gonds d’airain
La porte tressaillit, et, cessant les cantiques,
La foule, comme un flot, se replia soudain…

Calme plein de terreur qui couve la tempête !
Melænis, en silence, apparut sur le seuil ;
On eût dit une morte échappée au cercueil ;