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MELÆNIS


La caverne s’ébat ; la sorcière est joyeuse ;
Hélas ! son cœur aussi, retraite ténébreuse,
Dans ses mille recoins, voit ramper, loin du jour,
Tout un monde hideux qui grouille en son séjour,
Rêves morts, noirs pensers, vengeance tortueuse ;
Mais, quand Paulus arrive, elle en fait de l’amour !

À l’ombre du foyer, sur un vieux banc de chêne,
Ils s’assirent longtemps, groupe mystérieux
Que la torche rougeâtre éclairait de ses feux ;
Paulus était charmant, sous sa toge de laine,
Staphyle souriait, et respirant à peine,
L’entourait tout entier d’un regard de ses yeux.

Puis, sur ses cheveux noirs posant sa main flétrie,
Comme fait une mère auprès de son enfant,
Elle lui rappelait les jours de Campanie,