Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
MELÆNIS


» La vie est comme un marbre à l’écorce rugueuse,
» Le sage est le sculpteur qui taille l’univers,
» Il caresse le bloc sous sa main amoureuse,
» Il façonne, il polit, en mille endroits divers ;
» Et la forme s’assoit sur la pierre anguleuse,
» Comme Vénus la blonde, au dos houleux des mers !

» — Fort beau ! fit Marcius. — Pour couper ma tirade,
» Je veux ta bague d’or, dit le nain en courroux.
» — Prends ! — Je l’ai ! Maintenant, où donc en étions-nous ?
» Je vous disais, je crois, que la nature est fade ;
» Pour que la perle éclose, il faut l’huître malade,
» Et l’arbre mutilé pour que les fruits soient doux !

» Je suis le fruit, je suis la perle ! La nature
» Avait l’intention de me former géant,
» Elle faisait son coup et j’allais m’allongeant.