Page:Bouilhet - Melænis, 1857.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
MELÆNIS


» Car il me faut, vois-tu, pour que mon cœur chancelle,
» Celui qu’un peuple adore et qu’il montre du doigt !
» L’homme qu’on applaudit et qui, bien mieux qu’un roi,
» De toutes les beautés peut choisir la plus belle ! »
Elle étreignit Paulus en palpitant d’émoi ;
» D’ailleurs, je t’aime encor pour tes grands yeux, » dit-elle.

Pâle et le sein brûlant d’ardente volupté,
Paulus, autour de lui, sonda les noirs feuillages ;
Le jardin frissonnait mollement agité,
Les étoiles sans bruit glissaient dans les nuages…
Ô dogmes vertueux ! ô préceptes des sages !
Vous n’avez pas prévu les brises de l’été !

Ils sont là tous les deux, sous la voûte étoilée,
Leurs regards dans la nuit se cherchent, leurs cheveux
Se mêlent dans le vent ; ainsi qu’au bord des cieux