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MELÆNIS


» Comme la tombe aux morts je te serai fidèle !
» Je suis à toi ! je suis ton génie envieux ;
» Je ne te cherchais pas, quand tu vins, curieux,
» Me trouver dans cette ombre où mon passé m’appelle…
» Je dansais dans la rue, insouciante et belle,
» Et j’avais, chaque soir, des fleurs dans mes cheveux !

» Comme un ruisseau chantant qui court par les prairies,
» Mon cœur se répandait en ses bonds incertains ;
» Regarde, maintenant, j’ai mes lèvres flétries,
» Mon visage a pâli, mes yeux se sont éteints,
» Et tu jurais d’aimer, à ces heures chéries
» Où pour un seul baiser j’ai livré mes destins !

» Ah ! ah ! tu croyais donc m’échapper ? Cette idée
» Te vint de me laisser, ton désir assouvi,
» Comme on jette aux bouffons une coupe vidée,