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34 CHRONOLOGIE. — NOTIONS PRÉLIMINAIRES.


d'environ 354 jours, 8 heures. Ces années, du reste, sont des années vagues, en ce sens qu’elles parcourent successivement toutes les saisons. Le calendrier arabe, suivi par tous les peuples musulmans, est le seul qui se règle de cette manière.

Calendriers anciens.

Parmi les calendriers anciens, ceux qui présentent le plus d’intérêt au point de vue de l’histoire, les seuls sur lesquels nous possédions des renseignements suffisants, sont le calendrier juif, le calendrier athénien et le calendrier romain.

CALENDRIER JUIF.

Peu versés en astronomie, les anciens Juifs divisaient très irrégulièrement leur année. Même après Moïse, on ne commençait l’année qu’au printemps, à la nouvelle lune la plus voisine de l’ouverture de cette saison. Lors de la captivité de Babylone, les Juifs reçurent des Chaldéens quelques notions d’astronomie. Ils leur empruntèrent les mois et les périodes d’intercalation. A partir d'Esdras et surtout des Machabées, le calendrier juif prit la régularité qu’il a conservée depuis. Le jour commençait à 6 heures du soir, les mois à chaque nouvelle lune ; ces mois avaient 30 et 29 jours alternativement ; l’année était de 354 jours, et on ne l’accordait avec celle du soleil qu’en intercalant sept mois dans une période de 19 ans, c.-à-d. en donnant un 13e mois a 7 années sur 19. Ce 13e mois, appelé Véadar ou Adar, avait 29 jours, et était ajouté aux années 3e 6e, 8e, 11e, 14e, 17e, et 19e de la période.

Les Juifs distinguaient deux espèces d’années, l’année sainte ou sacrée, qui commençait au printemps par le mois Nisan, et l' année civile, qui commençait à l’automne par le mois Thisri ; chacune avait son calendrier ; la seule différence qu’il y eût entre les deux calendriers était que le premier semestre de l’un était le dernier de l’autre, et réciproquement. C’est ce que nous avons indiqué cidessous en mettant devant les noms des mois des numéros qui indiquent l’ordre qu’ils occupent dans chaque année.

ANNÉE CIVILE. ANNÉE SACRÉE. NOMBRE de JOURS. MOIS CORRESPONDANTS.
1 Thisri. 1 Nisan. 30 Mars et avril.
2 Marchesvan. 2 Iar. 29 Avril et mai.
3 Kasleu. 3 Siban. 30 Mai et juin.
4 Tébeth. 4 Thamus. 29 Juin et juillet.
5 Schébath. 5 Ab. 30 Juillet et août.
6 Adar. 6 Elul. 29 Août et septembre-
7 Nisan. 7 Thisri. 30 Septembre et octobre.
8 Iar. 8 Marchesvan. 29 Octobre et novembre.
9 Siban. 9 Kasleu. 30 Novembre et décembre.
10 Thamus. 10 Tébeth. 29 Décembre et janvier-.
11 Ab. 11 Schébath. 30 Janvier et février.
12 Elul. 12 Adar. 29 Février et mars.
13 Vé-Adar ou Adar II. 29 Mars.


Le calendrier juif renfermait certains jours qui avaient des destinations particulières : 1o  le jour du Sabbat, ou samedi, férié comme le jour du repos ; 2o  la Pâque, que les Juifs célébraient en mémoire de leur passage de la mer Rouge, et en reconnaissance de ce que l’ange exterminateur avait épargné leurs premiers-nés durant leur séjour en Égypte ; c’est le soir du 14e jour de Nisan que cette fête commençait ; c’est alors qu’on immolait et qu’on mangeait l’agneau : elle durait 8 jours ; 3o  la Pentecôte, ou jour des prémices, instituée en mémoire de la loi donnée sur le mont Sinaï ; elle se célébrait 50 jours après Pâques et durait 2 jours ; 4o  la fête de l'Expiation ou du Pardon, célébrée le 10 Thisri ; le bouc émissaire Azasel était chargé des péchés du peuple ; 5o  La Purification du Temple, instituée par Judas Machabée, fêtée le 25 Kasleu ; elle durait 8 jours ; 6o  la fête appelée Purin, célébrée les 14 et 15 Adar, en mémoire d'Esther, qui avait sauvé le peuple Juif ; 7o  celle des Trompettes, les 1 et 2 Thisri, où l’on célébrait le retour d’une nouvelle année.

CALENDRIER ATHÉNIEN.

Chez les Athéniens, l’année était divisée en douze mois lunaires. Le premier jour du mois était pour eux celui où la nouvelle lune se montrait le soir pour la première fois ; par conséquent la pleine lune marquait le milieu du mois. Mais comme le mois lunaire se compose de 29 jours et 13 heures, ou à peu près, on fut obligé de faire les mois tantôt de 29 jours et tantôt de 30. Cette méthode de compensation est attribuée à Solon. Les mois de 30 jours furent appelés mois pleins (πληρειζ), et ceux de 29 mois caves (κοίλοι). Cependant les 12 mois lunaires ainsi disposés ne forment pas une période de temps égale à l’année solaire. Les Athéniens eurent alors recours à différentes combinaisons pour faire concorder, dans leurs mesures temporaires, les mouvements du soleil et ceux de la lune, combinaisons qui varièrent nécessairement avec leurs connaissances astronomiques. De là les divers cycles connus sous les noms de Diétéride (cycle de deux années), Triétéride (3 années), Tétraétéride (4 années), Octaétéride (8 années) et Ennéadécaétéride (19 années). Nous ne nous occuperons ici que des deux derniers cycles, qui sont les plus célèbres.

L’octaétéride ou cycle de 8 ans (όκτώ, huit ; έκοζ, année) est due à Callistrate, de Ténédos, qui vivait vers la fin du vie siècle av. J.-C. L’année lunaire, composée de 354 jours, était en arrière tantôt de 11, tantôt de 12 jours sur l’année solaire, qui en avait ordinairement 365 et qui en comptait 366 dans les années bissextiles. Mais comme au bout de 8 ans la différence est de 90 jours, il suffisait, pour rétablir la balance, d’intercaler, dans cet espace de 8 ans, 3 mois, chacun de 30 jours. C’est ce que l’on fit en intercalant un 13e  mois dans la 3e , dans la 5e et dans