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CALENDRIER ROMAIN. 41

CALENDRIER ROMAIN.

Ovide, Plutarque, Solin, Censorin et Macrobe nous apprennent que dans l’origine, et du temps de Romulus, l’année romaine se composait de 10 mois seulement, et que Mars y tenait le premier rang. La vérité de cette indication est confirmée par les noms que portent encore les mois dont nous nous servons. Il est clair, en effet, que septembre, octobre, novembre et décembre, dont les appellations dérivent des noms de nombre septem (sept), octo (huit), novem (neuf), decem (dix), doivent avoir occupé les 7e, 8e, 9e et 10e rangs dans un calendrier où Mars occupait le premier. Il ne s’ensuit pas qu’il faille ajouter foi à Solin, Censorin et Macrobe, quand ils nous disent que cette année était de 304 jours. Plutarque nous semble avoir été mieux informé, quand il nous apprend que l’année de Romulus, bien que composée de 10 mois, contenait cependant 360 jours, partagés entre des mois d’inégale longueur.

Une année aussi irrégulière et aussi mal constituée devait être d’un usage fort incommode. Aussi Numa entreprit-il de réformer le calendrier romain. Il prit pour modèle l’année dont se servaient la plupart des peuples de la Grèce, mais comme le nombre pair de jours qui composait cette année lui paraissait funeste, il y ajouta un jour de plus, et la fit de 355 jours. Il porta de suite le nombre des mois de 10 à 12 en y ajoutant les mois de janvier et de février, placés, l’un au commencement, l’autre à la fin de l’année. Ces 12 mois étaient : janvier, 29 jours ; mars, 31 ; avril, 29 ; mai, 31 ; juin, 29 ; quintilis, 31 ; sextilis, 29 ; septembre, 29 ; octobre, 31 ; novembre, 29 ; décembre et février, 28. Le dernier de ces mois avait seul un nombre de jours pair : aussi était-il regardé comme très-malheureux.

Cette année, qui avait quelque conformité avec les révolutions de la lune, ne pouvait suivre le cours du soleil et l’ordre des saisons. Pour obvier à cet inconvénient, Numa fixa par chaque intervalle de 4 ans une intercalation de 22 jours la deuxième année, et une autre de 23 jours la quatrième année. Ce petit mois placé, non pas à la fin de l’année après février, mais dans l’intérieur de ce mois, entre le 23 et le 24, était appelé Mercedonius. Il en résultait une série de 1465 jours pour ces quatre années, et cependant quatre années de 365 jours 1/4 ne contiennent que 1461 jours. Il y avait donc une superfétation de 4 jours, qui dérangeait toute l’économie du cycle. Pour parer à ce nouvel inconvénient, on décida que les années romaines seraient classées par périodes de 24 années, subdivisées en 3 petites périodes de 8 années ; les deux premières réglées comme nous venons de le dire, tandis que la 3e au lieu de contenir 4 mois intercalaires, n’en renfermerait que 3, chacun de 22 jours, en tout 66, et non 90 comme dans les autres périodes ; par ce moyen, on regagnait 24 jours, ce qui ramenait le calendrier à son point de départ.

Telle fut la forme de l’année romaine sous les derniers rois et sous la république jusqu’à Jules César. Elle n’éprouva d’autre changement que le déplacement du mois de février, qui passa de la fin de l’année au 2e rang, ce qui eut lieu sous les décemvirs. Quant à l’intercalation, elle continua d’être placée dans le mois de février.

Si les précautions dont nous venons de parler avaient été régulièrement observées, l’année civile chez les Romains eût concordé assez bien avec l’année solaire. Mais les pontifes, qui étaient chargés de la rédaction du calendrier pour chaque année, s’en affranchirent fréquemment, suivant qu’ils voulaient plaire ou nuire aux gouverneurs, aux magistrats dont ils pouvaient à volonté prolonger ou diminuer la puissance. Il en résulta que le désordre


le plus complet finit par régner dans le calendrier romain ; une éclipse, dont la date romaine nous a été conservée par Tite-Live, nous montre qu’en l’an de Rome 565, 189 ans avant J.-C, le 1er janvier correspondait au 29 août julien.

Tel était l’état des choses lorsque Jules César entreprit la réforme du calendrier romain. Il fut secondé dans cette opération par un astronome d’Alexandrie nommé Sosigènes, qu’il avait connu lors de l’expédition qu’il avait faite en Égypte, quand il y poursuivit Pompée. Le calendrier romain devint solaire de luni-solaire qu’il était auparavant. La durée de l’année solaire ayant été estimée par Sosigènes de 365 jours et six heures, il fut décidé que l’année ordinaire serait de 365 jours, au lieu de 355 qu’elle avait eus jusqu’alors, et que l’on réserverait les six heures de surplus pour un jour intercalaire qu’on insérerait dans l’année tous les 4 ans, en sorte que cette année intercalaire serait de 366 jours. Pour se conformer à l’ancien usage, d’après lequel on plaçait toutes les intercalations entre le 23 et le 24 février, César y mit aussi le jour intercalaire, et il donna par là 29 jours au mois de février. Le 24 février se nommait le six des calendes de mars (le sextile des calendes) ; on se contenta de doubler ce jour, ce qui le fit nommer bissextilis.

Comme l’année ainsi réglée avait dix jours de plus que celle de l’ancien calendrier romain, on partagea ces 10 jours entre tous les mois qui jusqu’alors n’avaient eu que 29 jours, tels que janvier, avril, juin, sextilis, septembre, novembre et décembre. Les autres conservèrent leur longueur. César voulut aussi que l’année commençât 8 jours après le solstice d’hiver, c.-à-d. au 1er janvier. Pour amener ce résultat, il fut obligé de faire une intercalation extraordinaire de 2 mois, l’un de 34, l’autre de 33 jours, indépendamment de l’intercalation ordinaire, qui était de 23 jours ; les deux nouveaux mois furent placés entre novembre et décembre. L’année dans laquelle s’opéra cette importante réforme fut nommée, pour cette raison, l’année de confusion : elle contint en effet 445 jours, depuis le 13 octobre de l’an 47 avant notre ère en temps julien, qui correspondait alors au 1er janvier romain, jusqu’au 1er janvier julien de l’an 45.

Pour conserver le souvenir de ce grand Changement, Marc Antoine, alors consul, rendit un édit qui changeait le nom de Quintilis en celui de Julius (juillet), nom de César. Environ 30 ans après, Auguste imposa aussi son nom au mois Sextilis (Augustus, août).

Après la mort de César, la forme qu’il avait donnée à l’année fut mal comprise par ceux qui étaient chargés de la direction du calendrier. Au lieu d’intercaler dans la 5e année seulement, comme il était prescrit, ils intercalèrent dans la 4e, de sorte que dans les 37 premières années qui s’écoulèrent depuis la réformation, il y eut 12 intercalations au lieu de 9, et qu’ainsi l’année de Rome recula de 3 jours sur l’année julienne. Pour réparer cette erreur, Auguste ordonna qu’on omettrait les 3 premières intercalations à faire dans les années suivantes. Par cette omission, on se retrouva, en l’an 5 de notre ère, au point fixé par César.

Le calendrier romain, tel qu’il avait été constitué par Jules César, fut reçu dans tout l’empire romain ; il fut adopté par les Chrétiens, qui y adjoignirent seulement le cycle luni-solaire de Méton, ou Nombre d’or, pour la détermination de la fête de Pâques, qui, comme l’on sait, est en rapport avec le cours de la lune. À cela près, le calendrier julien resta le même jusqu’en 1582.

Nous donnons ici deux calendriers romains. Le premier, tiré de l’ouvrage de M. Ch. Dezobry, Rome au siècle d’Auguste, renferme moins de détails que le suivant sur les fêtes religieuses des Romains, mais présente un caractère plus authentique. Voici ce que dit M. Dezobry au sujet des