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GÉOGRAPHIE ANCIENNE. — Nos 11 et 12. Italie ancienne. 815


ou Rasenœ qui ont dominé sur les deux rives du Pô dans la partie orientale du bassin de ce fleuve jusqu'à ce qu'ils eussent été repoussés par les Gaulois au sud de l'Apennin dans le pays qui a conservé leur nom, Etruria ou Tuscia. Les traces de leur long séjour dans ces contrées septentrionales, sont encore reconnaissables et démontreront, à défaut de preuves philologiques, contestées aujourd'hui, qu'ils sont venus par le N. et sont vraisemblablement d'origine Indo-Européenne : l'ancien nom de Bologne, Felsina (Fel-Sena), et de Sinigaglia (Sena, surnommé à l'arrivée des Gaulois, Gallica), rappellent la dénomination des Ra-Sente. Des monuments étrusques se rencontrent également dans cette portion de l'Italie supérieure et contribuent à confirmer le témoignage de la géographie et de l'histoire ; mais ces monuments ne se rencontrent jamais à l'O. du méridien de Parme.

1° La Gaule Transpadane (Gallia Transpadana) était comprise entre les Alpes, le Pô et la Vénétie dont elle était séparée par une ligne qui, partant du lac Benacus, coupait l'Adige de manière à laisser à l'ouest la cité de Vérone. Les peuples occupant le versant méridional des Alpes sont considérés comme dépendants de la lihétie (Rhœtia) l ; mais nous les comprendrons dans la division qui nous occupe. C'étaient : Dans les Alpes Rhétiques (Rhxticœ A Ipes), les YenosUv et les Breuni, dans la vallée supérieure de VAdige (Athesis) ; les Venones, dans la vallée supérieure de YAdda (Addua)- les Orobii, au nord de Bergame (Bergomum) ; les Camuni, les Triumpilini et les Stoni, v. Ebrum, au nord de Brescia (Brixia) ; dans les Alpes Pennines (Penninse ou P canines Alpes), les Sallassi qui eurent pour villes principales Vitricium et Augusta-Prœtoria (Àoste), colonie au temps d'Auguste, ayant la forme carrée d'un camp romain (savamment étudiée par M. Promis jeune). — Dans la Transpadane proprement dite, on trouve, au pied des Alpes Grées (Alpes Graiœ) et des Alpes Cottiennes (Alpes Cottise), Segusio (Suze), où l'on voit encore l'arc honoraire élevé en mémoire du grand travail de Gottius au temps d'Auguste, qui fît faire, sur les flancs des Alpes, la route du mont Genèvre, entre Segusio et Brigantio (Briançon) ; ce monument porte les noms des peuples qui étaient soumis au roi Cottius et qui, pour prix du service rendu aux Romains, conservèrent, sous leur roi, une ombre d'autonomie '-. — Les Taurini, dont la capitale prit le nom, sous l'empire, d'Augusta Taurinorum (Turin) ; v. principales : Ocelum, Industriel o.u Bodïncomagus, dont le nom indique une origine gauloise et dont l'emplacement a été déterminé par les inscriptions : Quadratm, Rigomagus, v. d'origine gauloise, Cottix et Laumellum (Lumello), positions déterminées par les itinéraires, Yercellue (Verceil ou Yercelli), vict. de Marius sur les Cinabres, 101 av. J.-C. ; dans les environs de cette dernière étaient les Ictimuli de Strabon avec leurs lavages d'or ; — les Libici (entre Aoste et Turin), v. Eporedia ; — vers les sources du Pô, Caburrum ; — les territoires des Vagienni, des Statielli, des Uvales et des Celelatcs ont été compris originairement dans les terres liyuriennes, et plus tard, les Ligures ayant été refoulés par l'arrivée des Gaulois, sur le versant méridional de l'Apennin, dans la rivière de Gènes, le nom de Ligurie ne dut plus s'appliquer qu'à la côte bordée par le golfe Ligustique ; mais, sous l'emnire, au temps de la division de l'Italie en 11 régions, telle que Pline nous l'a laissée, on voit que la Ligurie comprenait, outre la côte, toute la contrée siLuée sur la rive droite du

1. Ou, suivant une orthographe plus exacte, RseUa et même Retia.

2. Voy. le tabl. des cartes 16, 17 et 18, qui donne l'ii&gt ;scription de l'arc de Suze et la nomenclature de tous les peuples des Alpes.

Pô depuis la source de ce fleuve jusqu'à Clastidium (Castcggio), ce qui emportait même une partie du territoire des Taurini. (Voy. plus bas, Ligun'a.)

Les autres peuples de la Transpadane étaient les Insubres, qui devaient s'avancer à l'ouest presque jusqu'à la Duria (grande Boire) au temps des guerres puniques, car ce furent les premiers qu'attaqua Hannibal à la descente des Alpes. Leur pays dut donc comprendre alors le Vercellan (en partie), le INovarais, le Milanais et le territoire de Pavie. Plus resserré dans la suite, il commença à l'ouest à Novaria (Novare), s'étendant sur les deux rives du Tessin (vict. d'Hannibal, 219), et ayant pour autres villes remarquables : Ticinum (Pavie), Comum, sur le lac Larius, patrie de Pline le Jeune, etMediolanum (Milan), cap. de l'occident sous Maximien en 286 ; — les Cenomani, peuple d'origine gauloise, v. pr. Leucera, sur le lac Larius, Bergomum (Bergame), Brixia (Brescia), Sirmio sur les bords du lac Benacus, Verona (Vérone), Mantua (Mantoue), Hostilia, Bedriacum, où Othon fut vaincu par les légions de Vitellius, 69 ; Cremona, col. rom., la première fondée en Transpadane. Laus-Pompeia,

2° Gaule Qspadàne (Gallia Cispadana), resserrée entre le Pô, l'Apennin, la mer et l'Ombrie dont elle était séparée par le Rubico, et, à l'ouest, par la Ligurie telle que nous venons de la définir plus haut, d'après le tableau des régions de Pline. Trois peuples se partageaient ce territoire : les Lingones, vers l'embouchure du Pô, les Boii dans le centre de cette belle contrée de PEihilie, d'une fertilité proverbiale, et les Friniates sur le versant nord-est de l'Apennin. Les villes principales étaient Clastidium, Casteggio ; Placentia (Plaisance), la première col. rom. fondée dans cette contrée ; entre ces deux villes, Yictumvise, célèbre dans la guerre d'Hannibal ; Yeleia, qui l'ut détruite par un éboulement au troisième siècle, sous Probus, et que l'on a retrouvée, comme Pompéi et Herculanum, en 1747 ; Fidentia ; Parma, col. rom. (Parme) ; Brixeïlum, Regium Lepidi (Reggio) ; Mutina (Modène), coL rom., célèbre dans la guerre dite de Modène, après la mort de César et où Decimus Brutus fut assiégé par Hirlius et Pansa (43). Entre cette ville et Bologne, dans une île du Rhenus, fut conclu le triumvirat (43) ; Bononia, v. d'origine étrusque, anciennement appelée Felsina, au milieu du plus riche pays de l'Italie, fertilité, industrie, pâturages ; Forum Cornelii, Faventia (Faenza), Forum Livii (Forli), Forum populi (Forlimpopoli), Cscsena (Cesena), toutes ces villes sont situées sur la via Emilia qui donne encore son nom à toute la contrée ; — Spina, qui avait été fondée à l'embouchure du Pô et qui en était déjà éloignée sous Auguste ; Butrium, Ravenna qui joua un si grand rôle et fut capitale de l'empire d'Occident sous Honorius et ses successeurs ; son port, Classis, dont l'emplacement est encore déterminé par l'église de Sant'Apolli■nare-irt-Claise, est aujourd'hui à 2 lieues et demie de la mer, par suite des atterrissements formés par le limon du Pô. C'était là qu'était une des deux grandes divisions de la flotte aux premiers siècles de l'empire, avec un Prxfectus classis.

3° Liguria (Ligurie). Les Ligures, désignés par Denys d'Halicarnasse, co ?nme ayant occupé, à une époque fort ancienne, les rivages du golfe auquel ils ont donné leur nom, étaient très-vraisemblablement d'origine ibérienne ; nartis de l'Espagne, ils avaient dû suivre les côtes de la Méditerranée et s'étaient établis dans tout le pays qui reprit leur nom au temps de l'empire. Les noms géographiques de l'Espagne ancienne qui présentent souvent une si grande conformité avec ie Basque, débris de la langue ibérienne, se retrouvent en Gaule méridionale et dans la portion de l'Italie occupée par les Ligures (Ili et Iri, radicaux qui expriment, en Basque,