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GÉOGRAPHIE ANCIENNE. N° 13. L'ancien Latium. 823


Brutus, le 1er consul de Rome, fut tué, dans la guerre contre les Étrusques ; — la Sylva Laurentina, forêt de Laurentum, immortalisée par les poëtes ainsi que Lucus Jovis Indigetis, près de Lavinium.

Ethnographie et histoire. Les premiers habitants de cette contrée furent, selon toute apparence, les Sicules, qui furent ensuite chassés, par les Pelages, du sol qu'ils occupaient vers l'endroit où s'étendit plus tard la cité de Tibur, Tivoli. Denys remarque même que, de son temps, un quartier de cette cité avait encore retenu le nom de Siculium, peut-être la moderne Siciliano. Les Pelages, — dénomination vague sous laquelle on confond tous les peuples qui ont laissé sur le sol les vestiges d'une civilisation dans l'enfance, caractérisée par des monuments cyclopéens, — ont dû occuper plutôt les montagnes que les plaines. Les monuments les plus anciens de la campagne romaine accusent déjà un art plus avancé que ceux de l'Apennin et appartiennent certainement au 2e âge des sociétés italiotes. Il est certain néanmoins que les dernières éruptions du mont Albain ont recouvert des habitations, et les découvertes faites au commencement de ce siècle, à Albano et, plus récemment, dans la tranchée du chemin de fer de Rome à Naples, ont mis au jour, dans le sol, dégagés des couches volcaniques qui les recouvraient, des objets annonçant un art plus perfectionné. Aux âges historiques, nous trouvons, dans le Latium, le peuple qui lui a donné son nom, et que Tite-Live appelle aussi les Aborigènes. Les Latins étaient certainement d'origine indo-européenne, et leur langue, comme celle des Èques, des Herniques, des Volsques, constituait un dialecte du grand idiome des Osques, langue intermédiaire entre le sanscrit et le latin. Quant aux Sabins, qui se sont avancés du N. au S. jusqu'au confluent du Tibre et de l'Anio, ils avaient la même origine, mais ils appartenaient à la branche sabellienne, peuples montagnards, plus rudes, plus belliqueux que ceux de la plaine et du rivage. Les Étrusques, qui n'ont franchi le Tibre que rarement, appartiennent indubitablement, quoi qu'on ait pu dire, à la même race indo-européenne. Si leur langue, encore mal connue, diffère essentiellement du Latin, elle ne semble pas pouvoir être rattachée avec certitude aux idiomes sémitiques ; et quand même on parviendrait à établir son analogie avec le phénicien et l'hébreu, la question originelle du peuple qui la parlait reste intacte. Les colonies ont pu venir par mer, y apporter leur civilisation et faire l'office d'institutrices des peuples ; mais la masse même des nations n'a pu se transporter que par terre, et cette nécessité exclut toute idée d'origine sémitique en ce qui regarde les Étrusques. Leur civiiisation et leurs arts ne rappellent que l'Inde, la vallée de l'Euphrate, l'Asie Mineure, et aux âges plus rapprochés de la fondation de Rome, la Grèce greffée sur l'Orient.

Latins, Sabins, Etrusques, tels sont les trois éléments qui se touchent en un point, Rome, pour s'y confondre dans une mesure à peu près égale, et produire, par leur contact et leur mélange, la nation romaine. La tradition fait du fondateur de Rome un Latin, du second roi, un Sabin ; et il est démontré que les trois derniers rois sont venus d'Etrurie. Les Etrusques ont pénétré dans le Latium avant l'époque républicaine. Les anciens noms géographiques Tusculum et Cœlius sont Etrusques.

Mais Rome est avant tout ville Latine, comme l'a montré Mommsen. Elle est latine par ses institutions, comme par sa première origine ; elle l'est par sa religion, sa langue, et elle faisait partie de l'ancienne ligue du mons Albanus et de la source Férentine. Ayant détruit Albe, elle prit même sa place et devint capitale du Latium. Les premières guerres de la République sont la lutte de Rome contre des cités jalouses et presque rebelles.

L'étendue du Latium vetustissimum ne peut être déterminée approximativement que par le nombre


et l'emolacement des villes de la ligue Latine, « populi in monte Albano carnem accipere soliti, » mais, comme elles avaient presque toutes disparu sans laisser de vestiges « sine vestigiis, » au temps de Pline, il serait bien difficile de les retrouver aujourd'hui.

Ces peuples, ou cités étaient au nombre de 53.

N. B. Ceux dont les noms sont en italiques ont urne position reconnue et figurent sur la carte :

Satricum, Pometia, Scaptia, Pitulum, Politorium, Tellene, Tifata, Cænina sur les bords de l'Anio et peu éloignés d'Antemnæ, Ficana, Crustumerium, Ameriola (?) Medullia, Corniculum, Saturnia (à l'endroit où fut plus tard Rome), Antipolis (sur le Janicule), Antemnæ, Camerium (?), Collatia, Amitinum, Norbe, Sulmo ; Alba, Æsula, Acia, Abola, Bubeta (peut-être Bovillæ), Bola, Cusveta, Corioli, Fidenæ, Foretum, Horta, Latinium ou Lavinium, Longula, Manas, Macrala, Mutucuma, Munia, Numinia, Ollicula, Octula, Pedum, Pollusca, Querquetulum, Sicania, Sisola, Tolerium, Tutia, Vimitellara, Velia, Venetula, Vitellia.

En prenant seulement les positions connues, on voit que le Latiumn était pas limité par l'Anio et que la Sabine ne s'avançait pas autant vers le sud qu'on le croit communément puisque plusieurs cités de la ligue latine étaient au N. de cette rivière.

L'Ager romanus fut la'première terre conquise dans la circonférence qui entoure Rome. Les routes formèrent les limites des plus anciennes tribus rustiques qui rayonnèrent ainsi de manière à former chacune un angle ayant son sommet à la porte de la Ville et s'élargissant au fur et à mesure des conquêtes. (Voy., sur la carte, la position des tribus Pupinia, Papiria, Lemonia, Mæcia, Scaptia, Crustumina, les seules dont la position, voisine de Rome, puisse être déterminée avec certitude.

Description topographique[1]. 1° En Etrurie, au N.-O. du Tibre : Veii, à l'Isola Farnese, ruines ; — Lorium, à 12 m. de Rome, à dr. de la via Aurélia, campagne de Marc Aurèle ; Fregenæ, s. la via Aurélia. — Pons Milvius, à 1 m. de Rome, les routes Cassia-Claudia et Flaminia en partent (auj. Ponte Molle) ; Prata Quinctia, célèbres par la charrue de Cincinnatus, au pied du monte Mario.

Entre le Tibre et l'Anio : Fidenæ, sur la voie Salaria, près de la rive dr. du Tibre, avec sa citadelle, au Castel Giubileo, à 5 m. de Rome, célèbre dans les premières guerres de Rome ; — plus près de l'Anio, est la villa Phaontis, où mourut Néron en 68.

Crustumerium (Marcigliana Vecchia), avec le Lucus Martis, connue dans les premières guerres de Rome, Eretum, sur le Mte Rotondo, et dans la plaine, comme beaucoup d'anciennes villes, qui, à l'époque de la paix, descendirent, de leurs escarpements et vinrent se poser près des routes. — Nomentum, la Mentana ; Aquæ Labanæ (Strabon), dont on reconnaît encore la piscine ; Ameriola, Medullia et Cameria, positions douteuses, peut-être aux trois sommets isolés du sud de la Sabine : Monticelli, San Angelo, Cesi, à peu de distance, à l'O. du Lucretilis ; — Corniculum, au Mte Gentile ; — Ficulea, un peu au S.-E. de la précédente. — Aux environs de Tibur, Tivoli, municipe très-ancien et très-important, se groupaient les villas célèbres, de Mécène, qui n'était pas, comme on le croit communément, aux cascatelles, dans la ville même, vers l'usine actuelle, mais à quelque distance de là : remplacement qu'on lui a donné est celui du célèbre temple d'Hercule ; la villa de Catulle, en face de la grande cascade ; la villa de Munatius Plancus, le fondateur de Lyon, à quelque distance au nord ; la villa de Quintilius Varus, qui perdit les légions

  1. 1. Nous donnons dans cette description les derniers résultats obtenus par les savants topographes italiens.