Page:Bouillet - Atlas universel, 1865.djvu/890

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876 GÉOGRAPHIE. EXPLICATION DES CARTES. La Prusse crut pouvoir affronter la chance des combats. Les batailles d'Iéna et A'Auerstœdt lui prouvèrent que toute l'Europe devait plier sous la volonté du maître. La Prusse vaincue, Napoléon se trouva en pré- sence de la Russie, qui avait reçu sur son territoire et qui voulait venger le roi fugitif. Cette interven- tion des Russes en faveur des Prussiens valut aux Français deux nouvelles et éclatantes victoires : Eylaû, 8 février 1807 ; Friedland, 14 juin. La Prusse et la Russie successivement battues, signèrent, à Tilsitt, tout ce que voulut Napoléon. La Russie reconnut le duché de Varsovie, consistant dans la ci-devant Prusse méridionale, et dans une partie de la Prusse occidentale. Ce duché fut donné en gouvernement au roi de Saxe. Dantsig fut dé- déclaré ville libre. Une partie de la nouvelle Prusse orientale et le gouvernement de Byalistock^ furent cédés à la Russie, qui s'engageait à reconnaître Jo- seph Bonaparte pour roi de Naples; Louis, pour roi du Hollande, auquel elle promettait d'abandonner la principauté d'Iever, et Jérôme pour roi de West- phalie. Elle reconnaissait également la Confédéra- tion du Rhin, non-seulement dans l'état où elle st trouvait alors, mais encore dans ses agrandissements futurs, sur le simple avis qui lui en serait donné. La Russie accepta la médiation de Napoléon pour signer un armistice avec la Porte, et Napoléon ac- cepta celle de la Russie pour la paix avec l'Angle- terre. Par un article secret, la Russie s'obligeait à faire cause commune avec la France, si l'Angleterre ne consentait pas à reconnaître la liberté des mers, à provoquer le concours des cours de Copenhague , de Stockholm et de Lisbonne, et à déclarer la guerre à l'Angleterre. De son côté, la Prusse abandonna à la disposi- tion de Napoléon toutes ses possessions entre l'Elbe et le Rhin, sans exception. Elle céda à la Saxe le cercle de Cotbutz et toutes ses acquisitions en Po- logne depuis 1772. Comme la Russie, elle recon- naissait les nouveaux rois de Naples, de Hollande et de Westphalie. Tous les ports et toutes les contrées de la domination prussienne devaient être fermés aux vaisseaux et au commerce Anglais. Trois places fortes, Stetlin, Custrin et Glogau, approvisionnées aux frais de la Prusse, furent conservées par les Français. La ville libre de Dantzik reçut une gar- nison française. Après la" paix de Tilsitt, la domination univer- selle de la France sur le continent semblait entiè- rement établie. La Russie, renonçant à son in- fluence, parut l'avoir perdue pour jamais; elle avait à sa frontière, par l'érection du duché de Varsovie, un rival jaloux de s'agrandir; la Prusse était détruite ; l'Autriche découragée; l'Allemagne enchaînée à la France par l'extension de la Confé- dération du Rhin, et par la formation duroyaume de Westphalie aux dépens de la Prusse, du Hanovre, de laHesseetdu duché de Brunswick; des princes fran- çais régnaient en Hollande et en Italie ; l'Espagne était liée ; et, des Pyrénées à la Vistule, on trou- vait partout la domination française, les lois fran- çaises, et, même au sein de la paix, des armées fran- çaises. Au milieu de l'abaissement de toutes les puis- sances européennes, une seule était encore debout, l'Angleterre. Napoléon imagina le blocus continen- tal, puissant et infaillible moyen pour ruiner l'An- gleterre. Le Portugal, seul, ne craignit pas d'enfreindre les volontés de l'empereur, et reçut, comme à l'or- dinaire, les vaisseaux et les marchandises anglaises. Napoléon, irrité, déclara que la maison de Bra- gance avait cessé de régner, et. sûr de la victoire, il régla d'avance, par le Traite de Fontainebleau , le partage de la conquête. Le Portugal fut conquis aussitôt que les armées françaises s'y furent 'pré- sentées. Mais cette conquête ne suffisait pas à l'am- bition de Napoléon ; il voulait dominer au delà des Pyrénées comme il dominait déjà depuis longtemps au delà des Alpes. Ayant forcé Charles IV, par le traité de Bayonne, à abandonner à sa disposition le trône d'Espagne, il appela Joseph, roi des Deux-Si- ciles, avenir s'y asseoir. Le royaume de Naples fut donné à Joachim Murât, grand-duc de Berg, et le grand-duché de Berg dut passer au fils du roi de Hollande, Louis-Napoléon. En Espagne éclatèrent des soulèvements contre la domination française, et l'Angleterre se hasarda alors à descendre sur le continent, dans l'espoir d'avoir bon marché des Français, grâce à la haine que leur portaient les Espagnols. L'Autriche crut que le moment favorable de faire la guerre à la France était arrivé. D'ailleurs, elle voyait avec la plus vive inquiétude les accroisse- ments que prenaient tous les jours, dans la Pénin- sule Italique, et l'Empire français, et le royaume d'Italie. Mais l'Autriche fut battue cette fois comme elle l'avait toujours été. Batailles de Landshut, d'Eckmùhl (21 et 23 avril ] 809) ; prise de Ratisbonne (23 avril) ; prise de Vienne (13 mai) ; combats de Vile de Lobau (21 et 22 mai) ; bataille décisive de Wagram (6 juillet). La paix de Vienne, bien plus onéreuse que la paix de Presbourg, lui fut imposée. L'Autriche mit à la disposition de Napoléon, pour les princes de la Confédération du Rhin, Salzbourg et Berchtolsgaden , YInnwiertel et la moitié de VHansruckviertel , qui fut donné à la Bavière ; elle céda à Napoléon les provinces, depuis appelés llly- riennes, le cercle de Villach en Carinthie, tout Krain, le comté de Goritz, le territoire de Trieste, Monte- falcone et la moitié de la Croatie, avec le littoral de la Hongrie et Fiume ; elle abandonna au roi de Saxe, comme duc de Varsovie, toute la Galicie oc- cidentale ; et à la Russie pour prix, de son assis- tance, un district de 400 000 âmes, dans la Galicie orientale ; elle reconnut les changements opérés et à opérer en Portugal, en Espagne et en Italie. a Napoléon n'ayant pas trouvé le Pape aussi com- plaisant qu'il le désirait, commença par s'emparer d'Ancône et d'Urbin , qu'il incorpora au royaume d'Italie. Le Pape lança alors contre lui une bulle d'excommunication. Pour toute réponse, Napoléon le fit enlever , et fit publier un sénatus-consulte qui réunissait Rome et son territoire aux départements de la France. Napoléon réunit encore au royaume d'Italie le Tyrol italien, qu'il enleva au roi de Na- ples ; et à l'Empire français, le Valais, qu'il prit à la Suisse. « Le roi de Hollande, qui souffrait impatiemment le blocus continental, déplut à Napoléon et dut ab- diquer. Par un sénatus-consulte du 13 décembre 1810, la Hollande etl' Ost-Frise, comme déjà l'avaient été le Brabant hollandais et une partie de la Zé- lande, furent rattachées à l'Empire français. Par un décret du même jour, la moitié du royaume de Westphalie, une grande partie du duché d'Olden- bourg, et les trois villes Hanséatiques , furent réu- nies à la France qui, dans ses limites du nord, at- teignit ainsi la mer Baltique. « L'Empire s'étendait des Pyrénées aux bouches de l'Elbe, et de l'Océan aux rivages de l'Albanie et comprenait dans ses vastes limites 132 départe- ments.» (Dufau, cité plus haut.) Après l'expédition de Russie, 1812, Napoléon n'é- prouva guère plus, dès lors, que des revers. Ses al- liés le trahirent. Ceux-là même qu'il avait comblés de faveurs se tournèrent contre lui. Après la fa- meuse campagne de France, 1814, il signa un traité par lequel : 1° 11 confirmait sa renonciation, pour lui, et les siens à toute souveraineté et domination sur la France; 2° Il recevait l'île d'Elbe, en toute souveraineté, avec deux millions et demi de rente, payables par la France ; 3° Il conservait une garde de 400 hommes; 4° Marie-Louise obtenait, en pleine souveraineté héréditaire, pour elle et pour ses des-