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en France par le duc de Bedford. Ce prélat fut membre du tribunal qui condamna au feu Jeanne d'Arc. On l'accuse d'avoir fait assassiner son neveu, le duc de Glocester. Il mourut en 1447.

BEAUFORT (la duch. de). V. ESTRÉES (Gabrielle d').

BEAUFORT (François DE VENDÔME, duc de), né à Paris en 1616, était fils de César, duc de Vendôme, fils naturel de Henri IV et de Gabrielle d'Estrées. Il se distingua de bonne heure aux siéges de Corbie, de Hesdin et d'Arras. Après avoir joui de la faveur de la régente Anne d'Autriche, il fut disgracié et se jeta dans la cabale des Importants, ennemie de la cour. Pris et jeté en prison, il réussit à s'échapper. Il joua un rôle dans la guerre de la Fronde et acquit sur la populace une si grande influence qu'on le surnommait le Roi des halles. S'étant soumis, il fut chargé de plusieurs expéditions importantes : en 1665, il battit deux fois sur mer les Algériens; en 1669, il conduisit des secours aux Vénitiens contre les Turcs, et se distingua au siége de Candie; mais il fut tué dans une sortie (1669).

BEAUFORT (Louis de), historien judicieux du XVIIIe siècle, mort à Maëstricht en 1795, avait été gouverneur du prince de Hesse-Hombourg. Il a composé une Dissertation sur l'incertitude des cinq premiers siècles de Rome, Utrecht, 1738, qui contient le germe des doutes exprimés depuis par Niebuhr, et une Histoire très-estimée de la République romaine, 1766.

BEAUFREMONT. V. BAUFFREMONT.

BEAUGENCY, ch.-l. de cant. (Loiret), sur la r. dr. de la Loire, à 26 kil. S. O. d'Orléans; 4002 hab. Beau pont. Station du chemin de fer d'Orléans à Tours. Anc. tour dite Tour de César. Vins estimés. Château des seigneurs de Beaugency, dont la seigneurie fut réunie à la couronne vers la fin du XIIIe siècle. Plusieurs fois prise par les Anglais; reprise par Jeanne d'Arc et le duc d'Alençon en 1429.

BEAUHARNAIS, famille noble de l'Orléanais, honorablement connue dès le XIIe siècle, tirait son nom de La Ferté-Beauharnais (Loir-et-Cher). Elle porta d'abord le titre de comte et reçut celui de marquis en 1764, en récompense de ses services.

BEAUHARNAIS (Franç., marquis de), né à La Rochelle en 1756, mort en 1823, représenta la noblesse aux États généraux de 1789, émigra, servit comme major général dans l'armée de Condé, écrivit à Bonaparte pour l'engager à replacer les Bourbons sur le trône, se rallia néanmoins à l'Empire et fut chargé de plusieurs ambassades. Sa fille, Émilie-Louise de Beauharnais, épousa le comte de Lavalette, qu'elle sauva par son noble dévouement (V. LAVALETTE). — Son frère, Alexandre, vicomte de Beauharnais, né en 1760, à la Martinique, fut également député de la noblesse aux États généraux, mais adopta les principes de la Révolution, fut nommé en 1792 général de division et commanda un corps à l'armée du Rhin, mais se vit accusé de trahison pour avoir tardé à secourir Mayence, fut arrêté en 1794 comme suspect dans sa terre de La Ferté-Beauharnais, et périt sur l'échafaud. Il avait épousé Joséphine Tascher de La Pagerie, qui fut depuis l'épouse de Napoléon, et il en avait eu un fils, le célèbre Eugène de Beauharnais, et une fille, Hortense, qui devint reine de Hollande, par son mariage avec Louis Bonaparte.

BEAUHARNAIS (Eugène de), fils du préc. et de Joséphine Tascher de La Pagerie, né à Paris en 1781, se fit remarquer fort jeune de Bonaparte en allant lui réclamer l'épée de son père qui avait été enlevée lors du désarmement de Paris, et fut appelé à jouer un rôle fort important lorsque ce général eut épousé sa mère (1796). Il l'accompagna en qualité d'aide de camp dans les campagnes d'Italie et d'Égypte, se distingua à Marengo, et devint en peu de temps colonel, puis général de brigade (1804). Lors de la création de l'Empire, il fut élevé à la dignité de prince (1804), et bientôt après nommé vice-roi d'Italie (1805). En peu d'années, il rétablit l'ordre et ramena la prospérité dans ce pays. En 1806, Napoléon lui fit épouser la princesse Amélie, fille du roi de Bavière Maximilien-Joseph, l'adopta solennellement et le désigna comme héritier présomptif de la couronne d'Italie. Chargé en 1809 du commandement de l'armée d'Italie contre l'Autriche, il éprouva d'abord un revers à Sacile, mais bientôt il réussit à repousser l'ennemi, opéra sa jonction avec la grande armée aux environs de Vienne, gagna la bataille de Raab, et fut une des principales causes du succès de celle de Wagram. Dans la guerre de Russie il commanda un corps de la grande armée; se signala aux combats d'Ostewno, de Mohilow, à la Moskowa, à Viazma et à Krasnoï, et, après le départ de Napoléon, ramena l'armée jusqu'à Magdebourg; on admire universellement cette retraite. Pendant nos revers, on lui offrit de lui garantir la couronne d'Italie s'il consentait à séparer sa cause de celle de Napoléon : il repoussa avec une généreuse indignation cette honteuse proposition. Après la chute de l'Empire, il se retira avec le titre de duc de Leuchtenberg, auprès du roi de Bavière, son beau-père. Il mourut à Munich en 1824, d'une attaque d'apoplexie. On doit au général Vaudoncourt l’Histoire politique et militaire du prince Eugène, Paris, 1828, 2 vol. in-8. M. A. du Casse a publié ses Mémoires et sa Correspondance, 10 v. in-8, 1858-60. Le prince Eugène a laissé 6 enfants : le duc de Leuchtenberg, qui épousa en 1835 la reine de Portugal dona Maria, et mourut la même année; Joséphine, mariée à Oscar Bernadotte, prince héréditaire de Suède; Eugénie, mariée au prince de Hohenzollern-Hechingen; Amélie, mariée à don Pédro, empereur du Brésil; Théodolinda, mariée à Guillaume, comte de Wurtemberg; et le prince Maximilien, qui prit le titre de duc de Leuchtenberg après la mort de son frère aîné, et qui épousa en 1839 une fille de l'emp. Nicolas.

BEAUHARNAIS (Fanny, comtesse de), née à Paris en 1738, morte en 1813, avait épousé, fort jeune, le comte de Beauharnais, oncle de François et d'Alexandre, dont elle fut obligée de se séparer. Elle cultiva la littérature avec passion et admit dans sa familiarité plusieurs gens de lettres, entre autres Dorat et Cubières. Elle a composé des poésies (Paris, 1772) et un assez grand nombre de romans : on trouve dans ses écrits de la sensibilité et de la philosophie, mais ils ne s'élèvent pas au-dessus du médiocre. — Son fils, Claude, comte de Beauharnais, mort en 1819, fut sous l'Empire chevalier d'honneur de Marie-Louise et sénateur, et devint pair de France sous la Restauration. Il est le père de Stéphanie, fille adoptive de Napoléon Ier, qui épousa Charles-Louis-Frédéric, grand-duc de Bade, et qui mourut en 1859, grande-duchesse douairière.

BEAUJEU, ch.-l. de cant. (Rhône), sur l'Ardière, à 28 kil. N. O. de Villefranche; 2690 hab. Grand comm. de vin du Beaujolais. — Jadis capit. du Beaujolais (V. ce mot). Restes du château des sires de Beaujeu.

BEAUJEU (la dame de). V. ANNE de France.

BEAUJOLAIS, ancienne contrée de France, faisait jadis partie du gouvt du Lyonnais, et était située au N. du Lyonnais proprement dit et du Forez; ch.-l., Beaujeu, puis Villefranche. Elle forme auj. une partie des dép. du Rhône et de la Loire. Excellents vignobles. — Le Beaujolais fut d'abord une baronnie, qui était possédée au IXe siècle par Guillaume, comte du Lyonnais et du Forez, mort en 900. A sa mort, la baronnie échut à son fils, Bérard, qui le 1er porta le titre de Sire de Beaujeu. Cette 1re maison s'éteignit en 1265, en la personne de Guichard V. Isabeau, son héritière, épousa Renaud, comte du Forez, qui devint chef d'une nouvelle maison de sires de Beaujeu, parmi lesquels on remarque Édouard I, maréchal de France sous Philippe de Valois, qui vainquit les Anglais à Ardres, mais périt dans la bataille. La baronnie de Beaujeu passa, vers 1400, dans la maison de Bourbon, par la cession qu'en fit Édouard II à Louis de Bourbon, son oncle. Un des descendants de celui-ci, Pierre II de Bourbon, sire de Beaujeu, épousa