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Romain, fut élu en 964, après la mort de Jean XII, par le parti opposé à Léon VIII, qu’avait fait nommer Othon le Grand. L’empereur, irrité de son élection, le fit détenir à Hambourg, où il mourut en 965. — BENOÎT VI, Romain, élu en 972, fut enfermé au château St-Ange par l’antipape Boniface VII ; il mourut en 974, empoisonné ou étranglé dans sa prison. - BENOÎT VII, parent d’Albéric, seigneur de Rome, régna de 975 à 983. Il eut, comme Benoît VI, à lutter contre l’antipape Boniface VII. - BENOÎT VIII, pape de 1012 à 1024, eut pour concurrent un certain Grégoire, qui le força à sortir de Rome ; mais il fut réintégré par l’empereur Henri II. Les Sarrasins étant venus en 1016 envahir ses États, il se mit lui-même à la tête des troupes et extermina l’ennemi. Il rendit des ordonnances contre le mariage des prêtres. - BENOÎT IX, neveu du pape Jean XIX et fils d’Albéric, comte de Tusculum, fut placé sur le Saint-Siége par l’intrigue à l’âge de 12 ans, en 1033, et se livra à toutes sortes d’infamies. On le déposa en 1045, mais il parvint deux fois à se faire réintégrer. Touché enfin de repentir, il résigna lui-même ses fonctions en 1048. Il mourut en 1054. Il avait eu plusieurs compétiteurs. V. GRÉGOIRE VI. - BENOÎT X, antipape, fut placé en 1058 sur le siége de Rome par une troupe de factieux, et se fit chasser quelques mois après par les Romains, qui élurent Nicolas II ; il mourut en 1059. Son nom a été conservé par l’usage, quoique indûment, sur la liste des papes. - BENOÎT XI (S.), pape de 1303 à 1304, était fils d’un berger de Trévise et avait été maître d’école. Il devint général des Frères Prêcheurs et fut élu pape à la mort de Boniface VIII. Par amour de la paix, il annula les bulles lancées par son prédécesseur contre Philippe le Bel, rappela les Colonna et leur rendit leurs possessions. On a prétendu, mais sans fondement, qu’il avait été empoisonné dans des figues. Il fut canonisé ; on l’honore le 7 juillet. - BENOÎT XII, J. de Novelles, dit Fournier, pape de 1334 à 1342, était fils d’un boulanger de Saverdun. Il s’attacha à réformer les mœurs des religieux, à récompenser le mérite, et se porta comme arbitre pour terminer les contestations de plusieurs princes. Il siégeait à Avignon. - BENOÎT XIII, Pierre de Lune, antipape, né en Aragon d’une famille distinguée. Il s’adonna d’abord à la jurisprudence civile et canonique, quitta cette étude pour porter les armes, la reprit ensuite, enseigna le droit dans l’Université de Montpellier, et fut fait cardinal en 1375. A la mort de l’antipape Clément VII (1394), qui siégeait à Avignon, les cardinaux avignonnais l’élurent en même temps que les cardinaux de Rome élisaient Boniface IX ; il prit le nom de Benoît XIII. Avant son élection, il avait promis de se démettre, pour mettre fin au schisme ; mais devenu pape, il oublia sa promesse. Il amusa pendant quelque temps par des paroles trompeuses Charles VI, roi de France, ainsi que divers princes de l’Europe, et finit par déclarer qu’il gardait la tiare. Il ne fut plus regardé partout que comme un schismatique : on résolut de s’emparer de sa personne et de le déposer, et Charles VI le fit assiéger dans Avignon ; mais il trouva le moyen de s’échapper, et se retira d’abord à Château-Renard, près d’Avignon, puis à Perpignan et enfin dans une petite ville du roy. de Valence, nommée Peniscola, où il conserva son titre jusqu’à la fin de sa vie, et d’où il lançait des foudres sur toute la terre. Il mourut en 1424. On ne le compte pas dans la suite des papes. - BENOÎT XIII, pape de 1724 à 1730, né à Rome en 1649, était de la famille des Ursins, appartenait à l’ordre de St-Dominique, et avait occupé successivement les siéges de Manfredonia, de Césène, de Bénévent. Il assembla en 1725 un concile à Rome pour confirmer la bulle Unigenitus. Ce pape, éminemment charitable, se fit bénir par les Romains.

BENOÎT XIV, Lambertini, pape de 1740 à 1758, né à Bologne en 1675, avait été évêque d’Ancône, puis archevêque de Bologne. Éclairé, conciliant, il tâcha de calmer les querelles religieuses, de ramener l’église grecque dans le giron de l’Église, et, tout en confirmant la bulle Unigenitus, adoucit les rigueurs que l’on exerçait à l’occasion de cette bulle. Il réforma les Jésuites de Portugal. Ce pape protégea les arts et l’industrie, ainsi que les lettres, qu’il cultiva lui-même. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages, qui ont été publiés à Bassano en 1788, 15 vol. in-folio. Les principaux sont les traités de la Béatification, du Sacrifice de la Messe, des Synodes.

BENOÎT DE SAINTE-MORE, trouvère normand ou tourangeau (fin du XIIe siècle), a composé le Roman de Troie, où il s’écarte d’Homère, et suit Darès et Dictys. Ce poëme a été publié, avec une Étude, par M. A. Joly (in-4o, 1870). - Benoît de Ste-More est probablement aussi l’auteur d’une Chronique des ducs de Normandie, en vers, publiée par M. Francisque Michel (3 vol. in-4o, 1836-44), et qu’on a crue d’un autre Benoît, qui serait son contemporain.

BENOÎT (René), curé de St-Eustache à Paris, né à Savenières, près d’Angers, en 1521, mort en 1609, était appelé le pape des Halles, à cause de l’influence qu’il exerçait sur les marchands des halles, au milieu desquels était située son église. En 1588 il fit imprimer une traduction française de la Bible qui fut accusée de Calvinisme. Il fut, en conséquence, exclu de la Faculté de théologie ; la censure fut ratifiée par Grégoire XIII. Lorsque les Seize furent maîtres de Paris, il se retira dans le camp de Henri IV. Choisi par ce prince pour confesseur, il travailla à sa conversion. Henri IV lui réservait l’évêché de Troyes, mais les Ligueurs lui firent refuser ses bulles.

BENSERADE (Isaac de), poëte et bel esprit du siècle de Louis XIV, né en 1612 à Lyons-la-Forêt (Eure), mort en 1691, fut en faveur à la cour, à cause des agréments de sa personne et de sa conversation, et pour la finesse de ses reparties. Il fit avec succès des vers pour les ballets de la cour, composa des rondeaux, des sonnets et des chansons. Son sonnet de Job partagea l’admiration publique avec celui de Voiture sur Uranie. On a aussi de lui des pièces de théâtre, médiocres en général (Cléopâtre, la Mort d’Achille, Iphis et Iante, Gustave, Méléagre). Il fut nommé membre de l’Académie française en 1674, et obtint de Richelieu, de Mazarin et de plusieurs princes de fortes pensions. Vers la fin de sa vie, il eut la malheureuse idée de mettre en rondeaux les Métamorphoses d’Ovide (1676, in-4). Ses œuvres choisies ont été publ. à Paris, 1697, en 2 v. in-12.

BENTHAM (Jérém.), publiciste anglais, né à Londres en 1747, m. en 1832. Il étudia pour être avocat ; mais révolté des vices des lois anglaises et des abus de toute espèce qui régnaient dans les tribunaux, il aima mieux consacrer sa vie à les réformer, et s’efforça de constituer sur de nouvelles bases la législation et la politique. Imbu des doctrines d’Helvétius, il pose comme principe fondamental qu’en législation et en morale on ne doit admettre d’autre règle que l’utilité : ce qui a fait donner à son école le nom d’utilitaire. Il fut fort lié avec le conventionnel Brissot et visita plusieurs fois la France ; la Convention lui conféra le titre de citoyen français. Il ordonna par testament que son corps fût porté aux amphithéâtres d’anatomie pour être disséqué, afin de combattre le préjugé qui règne en Angleterre à cet égard. Les principaux ouvrages de Bentham sont : Introduction aux principes de morale et de jurisprudence ; Traités de législation civile et pénale ; Théorie des peines et des récompenses ; Tactique des assemblées délibérantes ; Des sophismes politiques ; Panoptique ou Maison d’inspection, où fut proposé pour la première fois, en 1791, le système pénitentiaire ; Défense de l’usure, en forme de lettres ; Code constitutionnel ; Déontologie ou Théorie des devoirs posthume ; Essai sur la nomenclature et la classification d’art et science, publié par son neveu George Bentham. La plupart des ouvrages de Bentham ont été traduits en français ; quelques-uns même n’ont