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le Panaro, à 22 kil. N. O. de Modène. Victoire des Espagnols sur les Autrichiens, 1743.

CAMPRA, compositeur français, né en 1660 à Aix, mort en 1744, s'exerça d'abord dans la musique sacrée et se fit une réputation par ses motets, puis travailla pour le théâtre. Il débuta par l’Europe galante, ballet qui eut un grand succès, et donna une foule d'autres pièces, opéras et ballets : Hésione, Iphigénie en Tauride, Idoménée, le Carnaval de Venise, etc. Il donna aux chœurs un grand développement. Campra se place entre Lulli et Rameau.

CAMPREDON, v. forte de Catalogne, sur le Ter, à 60 kil. N. O. de Girone. Prise par les Français en 1689 et 1794.

CAMPREDON, en holl. Camperdwyn, cap et bourg des Pays-Bas (Hollande septentr.), au S. du Texel. L'amiral anglais Duncan y battit l'amiral hollandais De Winter, 1797, ce qui lui valut le titre de vicomte de Campredon.

CAMULOGÈNE, général gaulois, chef des Parisii, défendit Lutèce contre les troupes de Labienus, lieutenant de César, et périt en 51 av. J.-C. dans une bataille livrée près de cette ville, sur le terrain qui forme aujourd'hui la plaine de Vaugirard (Voy. les Commentaires de César, liv. VII).

CAMUS, famille noble et ancienne de Bourgogne, a formé deux branches principales, celles de Marcilly (près d'Auxonne) et de Pontcarré (en Brie), et a produit plusieurs hommes remarquables :

Perrenot Camus de Marcilly (1470-1550), maire et capitaine d'Auxonne, défendit vaillamment cette ville contre Lannoy, général de Charles-Quint, et le força de lever le siége (1526). — Geoffroy Camus de Pontcarré (1539-1626), conseiller au parlement, accompagna Henri III aux États de Blois, s'efforça de le dissuader du meurtre de Guise, tenta dès 1585 de rapprocher Henri III et le roi de Navarre, pacifia la Provence agitée par la rivalité de La Valette et d'Épernon, et fut en récompense nommé par Henri IV 1er président du parlement de Provence. — J. Pierre Camus (1582-1652), évêque de Belley, ami de S. François de Sales, député du clergé aux États généraux de 1614, tenta de réformer les abus du clergé et des couvents, et attaqua avec véhémence, soit en chaire, soit dans ses écrits, les désordres des moines mendiants. Ne se voyant pas soutenu par Richelieu, il quitta son diocèse et se retira dans son abbaye d'Aunay (près de Caen). On a de lui un nombre prodigieux d'écrits, où l'on trouve plus de zèle que de goût, mais qui tous prouvent de l'esprit. On remarque dans le nombre les romans spirituels qu'il opposa aux romans d'amour alors en vogue (on connaît surtout Palombe ou la Femme honorable); un traité de l’Avoisinement des Protestants de l'Église romaine (1640), qui fraya la voie à l’Exposition de la foi de Bossuet; l’Esprit de S. François de Sales, 1641, 6 vol. in-8, plusieurs fois réimprimé. — Nic. Pierre C. de Pontcarré, 1er président du parlement de Normandie, en 1703, concourut puissamment à prévenir la disette, maintint l'ordre au milieu des circonstances les plus critiques, et sauva au péril de ses jours l'intendant de Courson, poursuivi par le peuple comme accapareur. — Geoffroy Macé C. de Pontcarré, son fils, le remplaça comme 1er président de Normandie (1726), fit de grands sacrifices pour soulager les pauvres dans la famine de 1741, et mérita le surnom de Père du peuple. Il fut un des fondateurs de l'Académie de Rouen.

CAMUS (Ch. Ét. Louis), mathématicien, né en 1699 à Cressy en Brie, mort en 1768, membre de l'Acad. des sciences de Paris, de la Société royale de Londres, examinateur des ingénieurs et du corps royal de l'artillerie de France, professeur et secrétaire particulier de l'Académie d'architecture, est auteur d'un Cours de mathématiques, Paris, 1766, en 4 vol. in-8, qui a eu longtemps la vogue. Il fut envoyé dans le Nord en 1736 pour y déterminer la mesure de la terre.

CAMUS (Armand Gaston), jurisconsulte, né à Paris en 1740, mort en 1804, fut d'abord avocat du clergé au parlement, puis fut député par les électeurs de Paris à l'Assemblée constituante et à la Convention. Fervent janséniste, il fut un des hommes les plus honnêtes de la Révolution. Il se distingua par son caractère stoïque et par ses efforts pour porter l'économie dans toutes les parties de l'administration. Il fut un des commissaires envoyés en Belgique par la Convention pour arrêter le général Dumouriez; mais celui-ci les prévint et les livra aux Autrichiens. Il fut échangé en 1795 contre la fille de Louis XVI. En 1796, il entra au conseil des Cinq-Cents. Il avait été nommé en 1792 archiviste national et bibliothécaire du Corps législatif; il conserva ces fonctions jusqu'à sa mort. Il a publié : Lettres sur la Profession d'avocat, 1772, qu'il compléta en 1777 par sa Bibliothèque de droit, et qui ont été reproduites par M. Dupin sous le titre de Manuel de l'avocat, et beaucoup d'écrits sur les matières ecclésiastiques. Camus cultivait aussi avec succès la littérature grecque : on lui doit des trad. de l’Histoire des animaux d'Aristote, Paris, 1783 (c'est la 1re qui ait été publiée en français); du Manuel d'Épictète et du Tableau de Cébès, 1796 (ce dernier travail fut fait pendant qu'il était dans les prisons de l'Autriche). Ces travaux le firent admettre de bonne heure à l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

CANA, v. de Galilée (Zabulon), à 44 k. S. E. d'Acre, porte encore le même nom. Jésus, invité à une noce dans cette ville, y fit son 1er miracle en changeant l'eau en vin. Ce miracle est le sujet d'un beau tableau de Paul Véronèse (au Musée du Louvre).

CANADA, vaste contrée de l'Amérique du Nord (possessions anglaises), située entre 42°-51° lat. N. et 61°-95° long. O., a pour bornes au N. le Labrador, la mer Hudson et la Nouv. Galles mérid., à l'O. de vastes solitudes, au S. les États-Unis, à l'E. le Nouv.-Brunswick, le golfe St-Laurent et l'Océan Atlantique; 2200 k. sur 900; env. 2 600 000 h., la plupart d'origine française. Il est arrosé par le St-Laurent, l'Ottawa, la Niagara, etc. Il se divise en deux parties : Haut-Canada ou occidental, au S. O., et Bas-Canada ou oriental, au N. E.

Le Haut-Canada est borné au N. et à l'O. par la Nouv.-Galles mérid., au S. par l'État de New-York, dont il est séparé par le golfe de St-Laurent et la chaîne des grands lacs, au N. E. et à l'E. par le Bas-Canada. Sa population, qui, en 1783, n'était que de 10 000 individus, peut être évaluée auj. à 1 400 000 hab. Ch.-l., York ou Toronto; villes principales : Ottawa, Kingston, Niagara, Brockville, Chippeway. Le Ht-Canada renferme une moitié des grands lacs Ontario, Érié, St-Clair, Huron, Supérieur, lac des Bois. On y compte un grand nombre de canaux dont le principal est le Rideau.

Le Bas-Canada est borné à l'E. par le Maine et le golfe de St-Laurent; au S. O. et à l'O. par le Haut Canada; population, 70 000 en 1763, auj. 1 225 000 Ch.-l., Québec; villes principales : Montréal, trois-Rivières, William-Henry, New-Carlisle, St-John's.

Le Canada est encore couvert dans sa plus grande partie dévastes forêts vierges; on y exploite entre autres essences le pin balsamique, dont on tire un vernis dit Baume du Canada. Le sol est très-fertile en grains et en fruits; il renferme de riches mines de fer, de plomb et de mercure. Le climat est assez froid. Le commerce y prend de grands accroissements; l'instruction publique y est très-développée.

Le Vénitien Cabot, au service de l'Angleterre, découvrit le Canada en 1497; le Français J. Denys, de Harfleur, et le Vénitien Verazzani, au service de François Ier, visitèrent le golfe St-Laurent en 1506 et 1523; ils furent suivis par les Espagnols qui, n'ayant trouvé sur les côtes aucune trace de mines d'or ou d'argent, se retirèrent en répétant, dit-on, le mot acanada (ici rien); ce mot, répété plus tard par les indigènes aux Français, aurait été pris par ceux-ci pour le nom de la contrée. On fait aussi dériver