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richesses et leur astuce, qui souvent dégénérait en perfidie (foi punique). Ils ont eu de grands hommes, entre autres le navigateur Hannon, les généraux Amilcar Barca, Asdrubal et Annibal. Quant à leur gouvt, c’était une république oligarchique : deux magistrats suprêmes, appelés suffètes, espèce de consuls, exerçaient le pouvoir exécutif et dirigeaient les affaires de la république, de concert avec un sénat composé de plus de 300 membres, tous de race noble ; le concours du peuple n’était employé que dans des circonstances extraordinaires, ou en cas de dissentiment entre les suffètes et le sénat. Carthage, à cause de ses richesses et du petit nombre de ses citoyens, ne composait son armée que de troupes mercenaires. Les lettres et les arts paraissent avoir été cultivés à Carthage ; mais quelques médailles, un petit nombre d’inscriptions, et de rares fragments épars dans les auteurs grecs et latins, sont tout ce qui nous reste. Les Carthaginois suivaient les coutumes, les mœurs, la religion des Phéniciens, dont ils tiraient leur origine. Ils adoraient, entre autres dieux, Moloch (leur Saturne), à qui on immolait des enfants dans les temps de calamité ; Melkarth, l’Hercule tyrien, Astarté ou Vénus. — Carthage fut, à ce qu’on croit, fondée, ou du moins agrandie par la Tyrienne Didon vers 860 ou 880 av. J.-C. ; elle s’enrichit de bonne heure par le commerce ; ses hardis navigateurs pénétrèrent dans l’Océan par delà les Colonnes d’Hercule, et visitèrent au S. les Iles Fortunées (Canaries), au N. les îles Cassitérides (Sorlingues) et Thulé (les Orcades ou le Jutland). En Afrique, Carthage conquit un vaste territoire, au N. et à l’E., dans les États actuels de Tunis et de Tripoli, et étendit sa domination à l’O. jusqu’aux Colonnes d’Hercule. Elle y joignit les îles Baléares, une grande partie de l’Espagne, de la Sardaigne, de la Corse et de la Sicile. La possession de la Sicile mit Carthage en contact avec Rome et devint l’occasion d’une longue lutte entre les deux républiques, lutte qui est connue sous le nom de Guerres puniques (V. ce mot) ; on en compte trois : la 1re, de 264 à 242 av J.-C., enleva la Sicile à Carthage ; la 2e, de 219 à 202, lui fit perdre l’Espagne, malgré l’audacieuse expédition d’Annibal en Italie et les succès de ce guerrier ; la 3e, qui eut lieu dans l’Afrique même, de 149 à 146, anéantit Carthage. Dans l’intervalle des deux premières guerres puniques, la République avait eu à soutenir une guerre terrible contre ses troupes mercenaires, qui s’étaient révoltées parce qu’on ne pouvait plus payer leur solde ; ce qui précipita sa ruine. Carthage, prise par Scipion Émilien en 146, fut pillée et livrée aux flammes ; son territoire fut divisé entre la Numidie et la Prov. romaine, qui prit le nom d’Afrique. L’an 121 av. J.-C., C. Gracchus y conduisit une colonie ; plus tard, César releva la ville, mais non sur le même emplacement. La nouvelle Carthage s’accrut promptement et devint bientôt la v. la plus importante de l’Afrique romaine. Les lettres et le Christianisme y firent de rapides progrès : c’est des écoles de Carthage que sont sortis Apulée, Arnobe, Tertullien, S. Cyprien et S. Augustin. En 439, les Vandales s’emparèrent de cette ville ; mais Bélisaire la recouvra sous Justinien (534). Les Arabes enfin la prirent d’assaut en 698 et la ruinèrent pour jamais. On n’en voit plus que quelques ruines à 16 k. N. O. de Tunis, sur la partie haute de l’anc. Carthage. Dans un emplacement de cette partie haute, concédé à la France, a été élevée en 1841 une chapelle dédiée à S. Louis, mort en ce lieu. On doit à Dureau-Delamalie de savantes Recherches sur la topographie de Carthage. M. Beulé en a exploré les ruines en 1859.

CARTHAGÈNE, Carthago Nova, v. d’Espagne (Murcie), à 44 kil. S. E. de Murcie ; sur la Méditerranée ; 38 000 hab. Évêché. Consulats étrangers. Port très-avantageux, chantiers, arsenaux, écoles de marine, observatoire, etc. — Carthagène fut fondée par Asdrubal en 227 av. J.-C., pour l’exploitation des mines d’argent que renfermait son territoire ; elle était le ch.-l. des établissements carthaginois en Espagne. Scipion Émilien s’en empara après un siége meurtrier (210). Elle s’insurgea en 1844 ; se déclara indépendante, en 1873, et ne fut réduite qu’après un siége de plus de cinq mois et un bombardement.

CARTHAGÈNE, Carthagena de las Indias, v. et port de la Nouv.-Grenade (prov. de Magdalena), à 590 k. N. de Bogota, par 77° 54′ long. O., 10° 24′ lat. N., sur un îlot de la mer des Antilles ; 20 000 hab. Évêché, université. Bonne baie, plusieurs forts, beaux couvents. Climat peu salubre ; la fièvre jaune y sévit. — Fondée en 1533 par l’Espagnol Pedro de Heredia ; prise par les Français en 1544, occupée par l’amiral Drake en 1583, par Pointis en 1697.

CARTHEUSER (Jean Fréd.), médecin, né en 1704 à Hayn (Prusse), m. en 1777, était professeur de chimie et de pathologie à Francfort-sur-l’Oder. Il réforma la pharmacie par ses savantes recherches sur la matière médicale. Ses principaux outrages sont : Elementa chemiæ medicæ, Halle, 1736 ; Rudimenta materiæ medicæ, Francf., 1741 et 1749, traduits en français par Dessessarts, Paris, 1769.

CARTIER (Jacques), navigateur français, né en 1494 à St-Malo, mort vers 1554, partit de St-Malo en 1534 avec deux navires, pour reconnaître les terres de l’Amérique septentrionale, découvrit les îles de la Madeleine, parcourut les côtes du golfe St-Laurent, visita la baie des Chaleurs, et, dans un second voyage, entrepris l’année suiv., compléta l’exploration du fleuve et du golfe St-Laurent. On lui doit aussi la découverte de la plus grande partie du Canada. Il fit, en 1541, un 3e voyage dans ces contrées, mais qui n’eut pas autant de résultats. On trouve le journal des deux premiers voyages dans l’Histoire de la Nouvelle-France de Marc Lescarbot, Paris, 1612, et le Précis du 3e voyage, dans le 111e vol. de la collect. d’Hakluyt, ainsi que dans un recueil publié à Québec en 1843.

CARTIS-MANDUA, reine des Brigantes, dans la Bretagne ancienne, sous Claude, embrassa le parti des Romains et leur livra Caractacus, à qui elle avait promis un asile (43 de J.-C.). Dans la suite, une sédition s’étant élevée parmi ses sujets, les Romains s’emparèrent de ses États sous prétexte de la défendre.

CARTOUCHE (Louis Dominique), fameux voleur, né à Paris en 1693, était fils d’un marchand de vins de la Courtille, et avait commencé quelques études dans un collége, d’où il se fit chasser. Après avoir servi quelque temps, il se mit à la tête d’une troupe de bandits qui commettaient journellement des vols et des assassinats dans la capitale. Il échappa avec tant d’adresse à toutes les recherches, que l’on proposa une récompense à ceux qui le mettraient entre les mains de la justice. Il fut enfin arrêté en 1721, et rompu vif. On a reproduit son histoire sous mille formes et on l’a plusieurs fois mis sur la scène. Grandval publia en 1725 un poëme intitulé : Cartouche ou le Vice puni.

CARTULAIRES, recueil de Chartes. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

CARTWRIGHT (Edmond), mécanicien anglais, né en 1743 à Marsham (Nottingham), mort en 1824, est l’inventeur d’une machine à tisser et d’une machine à carder la laine, pour lesquelles le Parlement lui accorda une gratification de 10 000 liv. sterl. Il cultiva aussi les lettres avec succès et publia des poésies.

CARUS (Marcus Aurelius), empereur romain, né à Narbonne, suivant Eutrope, avait été préfet du prétoire sous Probus, et fut, après la mort de ce prince, élu par l’armée, l’an 282. Il défit les Sarmates en Illyrie, s’empara de la Mésopotamie, des villes de Séleucie et de Ctésiphon, et mourut dans cette dernière ville en 282, selon les uns, frappé de la foudre, selon les autres, assassiné par le préfet Aper. Ses fils, Carin et Numérien, qu’ils avait créés césars, régnèrent après lui.

CARUS (Fréd. Aug.), théologien réformé, né en 1770 à Bautzen, mort en 1807, professa la philoso-