Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comte de Châlons, qui le possédait en 1237, le céda à Hugues IV, duc de Bourgogne ; il passa ensuite à Jean, second fils de ce prince; puis à Béatrix, qui en 1272 épousa Robert de France, fils de S. Louis. Le Charolais fut alors érigé en comté. En 1327 ce comté passa par mariage dans la maison d'Armagnac; et celle-ci, en 1390, le vendit à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Charles le Téméraire, du vivant de son père Philippe le Bon, porta le titre de comte de Charolais. Après sa mort, Marie, sa fille, fit entrer ce comté dans la maison d'Autriche. Il fut réuni à la France par Louis XI, en 1477; mais il fut rendu par Charles VIII à Philippe le Beau, archiduc d'Autriche ; dans la suite il fut souvent disputé entre la France, l'Espagne et l'Autriche. Le traité des Pyrénées l'avait cédé à l'Espagne, 1659; mais Louis II, prince de Condé, le fit saisir et se le fit adjuger par arrêt du parlement de Paris; il devint au XVIIIe siècle l'apanage de Charles de Bourbon, comte de Charolais, prince qui n'est connu que par ses débauches et sa cruauté; il fut réuni à la couronne en 1761, à la mort de ce prince.

CHAROLAIS (canal du). V. CENTRE (canal du).

CHAROLLES, Quadrigellæ, ch.-l. d'arr. (Saône-et-Loire), à 51 kil. N. O. de Mâcon; 3226 hab. Collége, biblioth., soc. d'agriculture: forges. Jadis ch.-l. du Charolais. Patrie de Bayard, auteur comiq.

CHARON, nocher des Enfers, transportait dans sa barque les âmes des morts au delà du Styx et de l'Achéron : il ne recevait que ceux qui avaient eu la sépulture. Une obole était le prix du voyage, et l'on avait coutume pour payer le passage de mettre dans la bouche des morts une pièce de monnaie que l'on appelait le denier de Charon. Ce mythe paraît originaire de l’Égypte, où les habitants payaient en effet pour le transport des corps au delà du lac Mœris.

CHARON de Lampsaque, historien grec qui florissait un peu avant Hérodote, avait composé une Histoire de la Perse et une Histoire de l’Éthiopie, dont il ne reste que peu de fragments réunis par l'abbé Sévin (Académ. des inscript., XIV, p. 56), par Creuzer dans ses Historiæ græcæ fragm., 1806, et par MM. Didot dans leur collection, 1841.

CHARONDAS, législateur de Catane, de Rhégium et de Thurii, vivait vers 600 av. J.-C. et était pythagoricien. Il se perça, dit-on, de son épée, pour se punir d'avoir enfreint, quoique involontairement, une loi qu'il avait portée, et qui défendait de se présenter en armes dans l'assemblée du peuple.

CHARONAS (Loys LE CARON, dit), jurisconsulte français, né en 1536 à Paris, mort en 1617. Il se fit par ses écrits une haute réputation, et fut nommé lieutenant au bailliage de Clermont en Beauvoisis, charge qu'il exerça jusqu'à sa mort. Il a composé : Le grand Coutumier de France, 1593 ; Coutume de Paris avec des commentaires, 1598. Il a aussi écrit sur la philosophie et a laissé des poésies.

CHARONNE, anc. bourg du dép. de la Seine, arr. de St-Denis, à l'E. de Paris et contigu à cette ville, est depuis 1860 englobé en partie dans Paris. Papiers peints, eau de javelle, eau-de-vie de pommes de terre, produits chimiques.

CHAROST, ch.-l. de cant. (Cher), sur l'Arnon, à 25 kil. S. O. de Bourges; 1150 hab. Il a donné son nom à une branche de la maison de Béthune, et a été érigé en duché-pairie en 1672. V. BÉTHUNE.

CHARPENTIER (Jacques), docteur en philosophie et en médecine, né en 1524 à Clermont en Beauvoisis, mort en 1574, professa les mathématiques au Collége de France et la philosophie au Collége de Bourgogne, défendit avec ardeur le Péripatétisme, se signala par son intolérance philosophique et religieuse, et eut de vifs démêlés avec son collégue Ramus : on l'accuse même de sa mort (V. RAMUS). Charles IX le nomma son médecin. Il a publié, entre autres écrits : Orationes contra Ramum, 1566, Comparatio Platonis cum Aristotele, 1573, et un ouvrage de théologie mystique qu'il attribue à Aristote et qu'il prétend avoir traduit de l'arabe (Libri XIV qui Aristotelis esse dicuntur de secretiore parte divinæ Sapientiæ secundum Ægyptios), 1572.

CHARPENTIER (Franç.), littérateur, né à Paris en 1620, mort en 1702, fut admis dès 1651 à l'Académie française et fut placé par Colbert à la tête de l'Académie des inscriptions lors de sa fondation. Dans la querelle sur le mérite des anciens et des modernes, il prit parti pour les modernes et écrivit à cette occasion des pamphlets, qui lui valurent les sarcasmes de Boileau. On lui doit une traduction de la Cyropédie, 1659, et une Vie de Socrate, 1650. Il travailla à la rédaction des Voyages de Chardin.

CHARPENTIER (Franç. Phil.), fécond inventeur, né à Blois en 1734, mort en 1817. On lui doit des machines à scier, à forer les canons de fusil; de nouveaux systèmes de pompe à feu, d'éclairage, de signaux pour phare; mais il est surtout connu pour avoir inventé la manière de graver au lavis sur cuivre, dite manière noire. Comme la plupart des inventeurs, il vécut dans la gêne.

CHARQIEH, prov. de la Basse-Égypte, entre la Méditerranée, le désert (au S. E.) et les provinces de Damiette, Mansourah, Garbieh, Kelyoub; ch.-l., Belbeys.

CHARRA-MONGOLIE. V. MONGOLIE.

CHARRON (Pierre), moraliste, né à Paris en 1541, était fils d'un libraire qui eut 25 enfants. Il exerça d'abord la profession d'avocat, puis reçut les ordres, et se fit bientôt un nom par ses prédications. Plusieurs évêques l'attirèrent auprès d'eux, et il séjourna comme théologal à Bazas, Lectoure, Agen, Cahors, Condom, Bordeaux. Dans cette dernière ville il se lia avec Montaigne et adopta bientôt sa philosophie. En 1595, il fut envoyé à Paris comme député à l'assemblée du clergé et devint secrétaire de cette assemblée. Il mourut à Paris en 1603, d'apoplexie. Charron a composé un Traité de la Sagesse, Bordeaux, 1601, qui est encore un des meilleurs traités de morale que nous ayons; mais on y trouve quelques propositions hasardées qui en firent longtemps défendre l'impression et le firent mettre à l’Index à Rome. L'auteur y reproduit les idées sceptiques de Montaigne; il imite également son style, mais il a moins de grâce et de naïveté. Charron a aussi laissé un Traité des Trois Vérités (existence de Dieu, vérité du Christianisme, vérité du Catholicisme), 1594, fort estimé, et un Abrégé du Traité de la Sagesse. La meilleure édition de la Sagesse est celle qu'a donnée Amaury Duval, 1820, 3 v. in-8.

CHARROUX, ch.-l. de cant. (Vienne), à 10 kil. S. E. de Civray; 1600 hab. Anc. abbaye de Bénédictins. Il s'y tint en 989 un concile particulier où pour la 1re fois on essaya de réprimer les guerres privées par la Paix de Dieu.

CHARRUAS, peuplade indigène de l'Amérique du Sud, erre entre le Parana et l'Uruguay. Cette peuplade est très-belliqueuse : autrefois nombreuse et puissante, elle est auj. presque anéantie.

CHARTE. Deux chartes surtout ont de l'importance dans l'histoire : la Grande Charte d'Angleterre, qui est la base des libertés anglaises : elle fut signée en 1215 par Jean sans Terre et confirmée en 1264 par son fils Henri III ; et la Charte constitutionnelle de France, donnée en 1814 par Louis XVIII, et réformée en 1830 après la déchéance de Charles X.

CHARTE NORMANDE, ordonnance rendue en 1315, par Louis X le Hutin, pour confirmer les droits et priviléges des nobles de Normandie. Cette ordonnance fut confirmée par Philippe de Valois, 1339; Louis XI, 1461; Henri III, 1579. Elle cessa d'être en vigueur à la fin du XVIe siècle, mais continua de figurer dans les ordonnances et les priviléges du roi jusqu'en 1789.

CHARTIER (Alain), écrivain et poëte, né à Bayeux en 1386, se distingua de bonne heure, fut secrétaire de Charles VI et Charles VII, et remplit sous ces deux princes avec succès plusieurs missions diplomatiques. On croit qu'il mourut en 1458. Il jouit