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avec Niclas et Lamachus, de cette expédition qui devint si funeste à sa patrie (415). Les statues d'Hermès ayant été mutilés dans les rues d'Athènes la veille de son départ, on l'accusa de ce sacrilège; il fut condamné en son absence, ses biens furent confisqués et il fut contraint de s'éloigner de sa patrie. Il se retira d'abord à Sparte, puis en Perse, auprès de Tissapherne, suscitant partout des ennemis aux Athéniens. Rappelé par eux néanmoins en 407, à la suite de quelques revers, il leur fit reprendre l'avantage, vainquit la flotte spartiate près d'Abydos et de Cyzique, et rentra triomphant; mais il encourut de nouveau la disgrâce de ses concitoyens à cause d'une défaite éprouvée près d'Éphèse par un ses lieutenants. Il se réfugia d'abord en Thrace, puis en Phrygie près du satrape Pharnanaze, mais celui-ci poussé par Lysandre, général lacédémonien, envoya contre lui des assassins qui mirent le feu à sa maison et le firent périr, l'an 404 av. J.-C., Alcibiade montra alternativement toutes les vertus et tous les vices, il suivit d'abord les préceptes de Socrate, puis il se livra à tous les excès. La souplesse de son caractère ne le rendit pas moins célèbre que sa beauté et son éloquence; à Sparte, il vivait en Spartiate, en Perse, il étalait tout le luxe d'un satrape. Sa vie a été décrite par Plutarque et par Cornélius Nepos. Deux dialogues de Platon sont intitulés Alcibiade.

ALCIDAMAS, sophiste et rhéteur grec natif d'Élée en Éolie, disciple de Gorgias, vivait vers 424 av. J.-C. Il reste de lui deux harangues : l'une d'Ulysse contre Palamède, l'autre contre les rhéteurs du temps. On les trouve dans les recueils de Reiske (t. VIII p. 64) et dans la Biblioth. græca de Didot. L'abbé Auger en a donné une traduction franç. à la suite de celle d'Isocrate.

ALCIDAMIDAS, général des Messéniens, qui, après la prise d'Ithome par les Spartiates, conduisit une colonie à Rhégium vers 723 av. J.-C.

ALCIDE, nom fréquemment donné à Hercule parce qu'il était petit fils d'Alcée, roi de Tirynthe. Ce nom pourrait aussi dériver du grec alke. force

ALCIME, grand prêtre des Juifs, 163 av. J.-C., a usurpé cette dignité avec l'aide d'Antiochus Eupator, roi de Syrie, malgré l'opposition de Judas Machabée. Il attira les plus grands maux sur la Judée, et mourut d'une paralysie après 3 ans de pontificat.

ALCINOÜS, roi des Phéaciens, dans l'île de Corcyre, accueillit Ulysse à son retour de Troie. Il avait pour fille la belle Nausicaa et possédait des jardins magnifiques qu'Homère a célébré dans l’Odyssée.

ALCINOÜS, philosophe platonicien du IIe siècle après J.-C. a laissé une Introduction à la doctrine de Platon, qui a été traduite en latin par Marsile Ficin à Venise, 1497, et par D. Lampin, Paris, 1567 et mise en franç. par Combes-Dounous, 1800.

ALCIPHRON, écrivain grec du IIIe ou du VIe siècle après J.-C., a laissé des lettres supposées de pêcheurs, de parasites, de courtisanes, etc. écrites dans un style élégant et fleuri, mais souvent déclamatoire où l'on trouve des détails curieux sur les mœurs et les usages de la Grèce. Elles ont été publiées par Bergler, grec-latin avec notes, Leips., 1709; par J.-A. Wagner, Leips., 1798; par A. Meinecke et par Seiler, Leips., 1853; et trad en fr. par l'abbé Richard, 1785.

ALCIRA, Sucro sous les Carthaginois, Sætabicula des Romains, Algézirah des Arabes, v. d'Espagne (Valence) à 35 kil. S.O. de Valence, dans une île du Xucar, 9000 hab. Territoire fertile, mûriers.

ALCMAN, poëte grec né à Sardes en Lydie, florissait vers 670 av. J.-C. et obtint le titre de citoyen de Sparte. Il mourut, dit-on, de la maladie pédiculaire par suite des excès auxquels il s'était abandonné. Il avait composé dans le dialecte dorique six livres de chants lyriques, que les anciens admiraient et qu'Horace a quelquefois imités; il ne nous reste qu'un petit nombre de fragments, cités par Plutarque et Athénée. Ils ont été recueillis par H. Étienne, dans son Recueil des lyriques grecs, réimprimés dans les Poëtes grecs de la collection de Didot et publiés à part par Fr-Th. Welcker, Giessen, 1815. Ils ont été traduits en franç. par Coupé dans les Soirées littéraires, t. VII et par Falconnet dans les Petits poëtes grecs du Panthéon littéraire, 1840.

ALCMÈNE, femme d'Amphytrion, roi de Tirynthe, était fille d'Électryon, prince d'Argos, et se faisait remarquer, par sa beauté. Selon la fable, Jupiter prit pour la séduire, les traits de son mari et la rendit mère d'Hercule (V. AMPHYTRION)

ALCMÉON, fils du devin Amphiaraüs et d'Ériphyle, vengea son père, tué au siège de Thèbes en faisant périr sa propre mère qui avait été cause de cette mort (V. AMPHIARAUS). Agité par les Furies après ce meurtre, il se fit purifier par Phégée, roi d'Arcadie, dont il épousa la fille Alphésibée; mais ayant abandonné cette princesse pour Callirhoé, fille d'Achéloüs, il fut tué par les frères de la première.

ALCMÉON, tige des Alcméonides V. ce nom.

ALCMÉON, 13e et dernier archonte perpétuel d'Athènes, de l'illustre famille des Alcméonides, gouverna pendant les années 756 et 755 av. J.-C. Après lui les archontes ne furent nommés que pour 10 ans.

ALCMÉON, philosophe pythagoricien, disciple d'Archytas, né à Crotone vers 500 av. J.-C., écrivit sur la nature de l'âme et sur la médecine. Il est le premier qui ait disséqué des animaux. On lui doit une décade pythagoricienne : elle se compose de dix attributs fondamentaux dont chacun a son contraire, comme pair et impair, fini et infini, un et multiple, bien et mal, repos et mouvement, etc.

ALCMÉONIDES, famille noble et puissante d'Athènes, descendait d'un Alcméon, petit-fils de Nestor, qui, chassé de Pylos avec toute sa famille par les Héraclides, lors de la conquête qu'ils firent du Péloponèse, vint se réfugier à Athènes. Les Alcméonides furent longtemps en possession des plus hautes charges, mais ils furent chassés d'Athènes après le meurtre de Cylon commis par Mégaclès, l'un deux (612 av. J.-C.). Ils rentrèrent bientôt et s'opposèrent d'abord à l'usurpation de Pisistrate, mais ils finirent par s'allier à lui. Clisthène, Périclès, Clinias, et Alicibiade appartenaient à cette famille.

ALCOBAÇA, v. de Portugal (Estramadure), à 85 k. N. de Lisbonne, sur l'Alcoa et la Baça. Abbaye de Bénédictins, fondée en 1170. Tombeau d'Inès de Castro et de Pierre le Justicier.

ALCORAN, V CORAN.

ALCOY, v. d'Espagne (Valence) sur l'Alcoy, non loin de sa source, à 35 kil. N. d'Alicante; 28 000 hab. Environs fertiles; grande industrie, draps fins, savonnerie, papeteries. Commerce en blé, soie, huile.

ALCUDIA, v. et port de l'île Majorque à 53 kil N. E. de Palma; 1150 hab. Deux forts, phare. Pêche de corail. Moutons à laine superfine. – Plusieurs autres v. d'Espagne portent le nom d'Alcudia, entre autres Alcudia de Carlet, dans la prov. de Valence, à 27 kil S. O. de Valence; elle fut érigée en duché pour Manuel Godoy. V ce nom.

ALCUIN, savant du VIIIe siècle, né dans le Yorkshire en 735, mort en 804, fut élevé par Bède le Vénérable. Il était simple diacre de l'église d'York, lorsque Charlemagne, sur la réputation de son immense instruction, l'appela en France (780), pour l'aider à faire renaître les sciences et les arts dans son vaste empire, et voulut même recevoir ses leçons. Alcuin fonda, sous les auspices de ce monarque, plusieurs écoles à Paris, à Tours, à Aix-la-Chapelle, et dirigea l'école dite Palatine, qui se tenait dans le palais du prince et à laquelle étaient jointes une bibliothèque et une sorte d'académie, dont l'empereur faisait partie lui même. Charlemagne l'employa dans diverses négociations et lui donna plusieurs bénéfices, entre autres la riche abbaye de St-Martin de Tours, où il mourut. Alcuin savait le latin, le grec, l'hébreu, et réunissait toutes les connaissances de son temps : philosophie, théologie, his-