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les Ostrogoths ; elle fut réunie à l'empire de Constantinople sous Justinien. Les Slaves Sorabes s'y établirent en 640. Quelque temps tributaires des Avares, ils reconnurent ensuite la suzeraineté des empereurs francs ; cependant la Dalmatie maritime (Zara, Trau, Spalatro, Raguse) fut attribuée à l'empire grec par le traité de 812. Peu à peu ces peuples se rendirent indépendants. Les Croates et les Dalmates de la côte exercèrent longtemps la piraterie. De là des guerres avec Venise qui, à la fin du Xe siècle, s'empara des villes de la Dalmatie maritime. En 1052 le Croate Crescimir Pierre les reprit et s'intitula roi de Dalmatie et de Croatie. Il eut pour successeurs Démétrius Suinimir et Étienne. Les rois de Hongrie héritèrent du dernier en 1088. Venise, qui ne gardait plus que Zara, reconquit la Dalmatie maritime après l'extinction des Arpades, en 1301 ; elle ne la perdit qu'avec son existence politique en 1797. La Dalmatie devint alors prov. de l'Autriche, par le traité de Campo-Formio. En 1805, le traité de Presbourg la donna à Napoléon, qui en 1809 l'annexa aux provinces illyriennes. Elle redevint autrichienne en 1814. — Les doges de Venise prenaient le titre de ducs de Dalmatie. La maison des comtes de Dachau et celle des comtes d'Andechs, son héritière, ont également porté ce titre. Napoléon créa duc de Dalmatie le maréchal Soult.

DALRYMPLE (Alex.), géographe écossais, né à Édimbourg en 1737, mort en 1808, voyagea pour la Compagnie des Indes, visita avec soin l'archipel Oriental et en donna des cartes exactes. Ce fut d'après ses plans que le ministère anglais entreprit les voyages de découverte que Cook a exécutés. On lui doit une collection des Voyages faits dans l'Océan Pacifique, 1770, trad. par Fréville, 1774, et un Atlas des côtes de Malabar, Coromandel, etc., 1806.

DALRYMPLE (John HAMILTON), baron de l'échiquier du roi en Écosse, attaché à la cause royaliste, né vers 1726, mort en 1810, a publié des Mémoires sur la Grande-Bretagne depuis la dissolution du dernier Parlement de Charles II, 1771, trad. par l'abbé Blavet, 1776. Ces mémoires établissent que, sous Charles II, plusieurs membres du Parlement, entre autres Algernon Sydney, étaient soudoyés par Louis XIV.

DALRYMPLE (sir H. Whiteford), général anglais, 1750-1830, commanda en 1808 l'armée britannique en Portugal et fit signer à Junot la célèbre capitulation de Cintra, pour l'évacuation de ce pays.

DALRYMPLE, comte de Stair. V. STAIR.

DALTON (John), physicien et chimiste, né en 1766 à Englesfield (Cumberland), d'une honorable famille de quakers, mort en 1844 à Manchester, enseigna longtemps les mathématiques dans cette dernière ville, puis s'appliqua à la physique et à la chimie. Il étudia surtout les phénomènes produits par l'action de la chaleur sur les gaz et les vapeurs, et mit en lumière la théorie atomique, qui, dès 1789, avait été entrevue par Higgins : il supposait que les corps sont composés de particules indivisibles qui s'unissent entre elles dans des proportions définies. Ses principaux ouvrages sont : Meteorological observations (1793); New System of chemical phylosophy (1808-1810). Dalton était membre de la Société royale de Londres et associé de l'Institut de France.

DAMALA, v. de la Grèce moderne (Argolide), à 8 kil. O. de Poros, est l'ancienne Trézène. Ruines.

DAMAN, v. portugaise de l'Inde, dans le Guzzerate, avec un port sur la mer, à 130 kil. N. de Bombay ; 6000 h. Cél. temple de Parsis où l'on conserve le feu sacré depuis 1200 ans. Aux Portugais depuis 1531.

DAMANHOUR, Hermopolis Parva, v. de la B.-Égypte, ch.-l. de prov., à 80 k. S. E. d'Alexandrie. — Vge à 7 kil. N. E. du Caire. Palais du pacha.

DAMAR, v. d'Arabie (Yémen), dans l'État de Sanaa, à 100 kil. S. de Sanaa; 5000 maisons, (env. 25 000 h.) Université pour la secte des Zeïtes.

DAMAS, Damascus, l’El-Châm des Arabes, v. de Syrie, ch.-l, du pachalik de ce nom, sur le Barady, à 1100 kil. S. E. de Constantinople; 200 000 h., dont 30 000 chrétiens et 5000 juifs. Résidence du patriarche grec d'Antioche et d'un mollah de 1re classe. Assez belle ville : vieilles murailles et tours, château fort; rues étroites et tortueuses ; beaucoup de fontaines ; maisons avec terrasses et trottoirs; 60 mosquées (on remarque la superbe mosquée dite Zékie), séraï ou palais du pacha; beaux bazars, cafés élégants et renommés. Très-grands faubourgs. Damas était jadis célèbre par ses fabriques d'armes blanches et d'acier qui ont fait donner le nom de damas aux meilleures lames, mais ses ouvriers en acier ont été transférés par Tamerlan en Boukharie. Elle produit encore d'admirables ouvrages en nacre, des étoffes de soie brochées, dites damas, des étoffes de coton, cachemires, perles, huile de rose et autres parfums. Grand commerce; grandes caravanes pour La Mecque, pour Bagdad, etc. — Damas est une v. très-ancienne : elle est mentionnée dans la Genèse. Elle fut parfois soumise aux Juifs, et parfois elle forma un roy. indépendant. Elle appartint ensuite aux rois de Perse, à ceux de Syrie, aux Romains, aux Arabes (632). Ceux-ci en firent d'abord leur capitale, d'où les califes ommiades se nomment aussi califes de Damas. Les Croisés l'assiégèrent inutilement en 1158. Tamerlan s'en empara en 1401, et Selim I, sultan turc, en 1516. Les Musulmans y sont très fanatiques : ils firent un horrible massacre des Chrétiens en 1860.

DAMAS (eyalet ou pachalik de), une des 4 grandes divisions de la Syrie, entre le pachalik d'Alep et l'Arabie; 530 kil. sur 450; 1 250 000 hab. Il est séparé de la mer par les pachaliks de Tripoli et d'Acre. Ch.-l., Damas. Il se divise en 6 livahs (Damas, Hama, Tadmour, Soliman ou Jérusalem, Gaza, Naplouse). L'anc. Palestine en fait partie.

DAMAS (famille DE), anc. et noble maison de France, connue dès le XIIIe s., a surtout joué un rôle dans ces derniers temps. Nous citerons : Charles de Damas, né en 1758, mort en 1829, premier gentilhomme de la chambre du roi Louis XVI, puis colonel pendant la guerre d'Amérique. Arrêté avec Louis XVI à Varennes, il fut rendu à la liberté par l'amnistie du 13 novembre 1791, émigra en 1792, accompagna le comte d Artois dans l'expédition infructueuse de l'Ile-Dieu, rentra en France en 1814, suivit Louis XVIII à Gand, et fut à son retour nommé pair; en 1827, il fut élevé au titre de duc. — Roger, comte de Damas, son frère, né en 1765, mort en 1823. Il entra fort jeune comme officier dans le régiment du roi, passa en Russie et se distingua dans la guerre contre les Turcs (1787). Pendant la Révolution, il fut aide de camp du comte d'Artois, puis commanda la légion Mirabeau dans l'armée de Condé (1794-98). 11 servit ensuite le roi de Naples contre les troupes républicaines : sa retraite en Calabre fut admirée par les Français qu'il combattait. En 1814, il rentra en France avec les Bourbons, et fut nommé lieutenant général. Il fut élu député en 1815. — Fr.-Ét. de Damas, né à Paris en 1764, mort en 1828. D'abord sous-lieutenant au régiment de Royal-Auvergne, il parvint au grade de chef d'état-major de Kléber, et le suivit en Égypte (1799). Disgracié par Bonaparte, il quitta le service, fut compromis dans le procès de Moreau, et rendu à la liberté par l'intercession de Murat. Celui-ci, devenu grand-duc de Berg, l'employa comme secrétaire d'État et commandant militaire (1806). Il fit la campagne de Russie, se distingua au passage de la Bérézina, puis revint dans la duché de Berg, et rentra en France en 1815 avec le titre d'inspecteur général d'infanterie.

DAMASCÈNE. V. JEAN et NICOLAS.

DAMASCIUS, philosophe éclectique, né à Damas vers l'an 480 de J.-C., disciple de Marinus, enseignait à Athènes lorsque Justinien fit fermer les écoles païennes (529). Il se réfugia auprès de Chosroës, roi de Perse; ce prince obtint son retour dans sa patrie en 533. Il avait écrit une Histoire des principaux éclectiques, dont Photius a conservé des fragments,