Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/519

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

St-Séverin ; mais il ne suivit pas la carrière ecclésiastique et même obtint une dispense pour se marier.

DELISLE (Guill.), géographe du roi, né à Paris en 1675, mort en 1726, reçut les leçons de Cassini et publia un grand nombre de cartes bien préférables à toutes celles qu'on avait alors. Il entra en 1702 à l'Académie des sciences, et fut chargé d'enseigner la géographie à Louis XV encore enfant. Outre ses cartes, on a de lui un Traité du cours des fleuves. Delisle est le premier qui ait réformé la géographie d'après les observations modernes des voyageurs et des astronomes. Fontenelle a écrit son Éloge. — Claude Delisle, père du préc. (1644-1720), a laissé plusieurs ouvrages d'histoire et de chronologie; Joseph Nicolas Delisle, frère cadet de Guill., astronome distingué, membre de l'Acad. des sciences (1714), professeur au Collége de France, eut pour élèves Lalande et Messier.

DELISLE DE SALES (J. B. ISOARD, dit), écrivain médiocre, né à Lyon en 1743, mort à Paris en 1816, quitta l'Oratoire pour vivre dans le monde, se lia avec les philosophes et publia un grand nombre d'écrits dont les plus connus sont : Philosophie de la nature, 1769 et 1804, ouvrage qui fut poursuivi et brûlé au Châtelet; Philosophie du bonheur, 1796; Mémoire en faveur de Dieu, 1802; Histoire des Hommes (continuée par Mercier), 1781 et années suiv., 52 vol. On l'a surnommé le Singe de Diderot. Il a cependant combattu le matérialisme et l'athéisme. On trouve dans ses écrits quelques idées neuves et brillantes, mais un style diffus et emphatique. Outre ses ouvrages originaux, il a donné une trad. de Suétone.

DELIUM, v. de Béotie, vis-à-vis de l'Eubée, au S. E. d'Aulis. Il s'y livra en 424 av. J.-C., entre les Thébains et les Athéniens, un combat où Socrate sauva la vie à Alcibiade et à Xénophon.

DELLA-MARIA (Domenico), compositeur, d'origine italienne, né à Marseille en 1764, m. en 1800, passa dix ans en Italie, reçut les leçons de Paesielio, débuta en 1796 par le Prisonnier (paroles d'Al. Duval), opéra-comique qui excita un véritable enthousiasme, et donna en quatre ans 6 autres opéras qui, bien que moins connus, eurent aussi du succès. Son mérite réside surtout dans la naïveté.

DELLA-ROBIA. V. LUCA DELLA ROBIA.

DELLE, ch.-l. de c. (terr. de Belfort), à 21 kil. S. E. de Belfort, au pied d'un rocher qui portait un château détruit par les Français en 1674; 1100 h. Douane.

DELLEY (de), famille noble et anc. du pays de Vaud, s'établit en France au XVIIe siècle et y forma les branches d'Agier, de Blancmesnil et d'Avaize. — Pierre de Delley d'Agier, né à Romans en 1750, m. en 1827, député de la noblesse du Dauphiné aux États généraux de 1789, puis membre du Conseil des Cinq-Cents et du Corps législatif, qu'il présida en 1800, sénateur sous l'Empire, pair sous Louis XVIII, donna un grand essor à l'agriculture dans la Drôme, et fonda à ses frais un hospice au Bourg-du-Péage, une caisse de secours pour les ouvriers sans ouvrage, et plusieurs autres établissements philanthropiques. Il fut fait comte par Louis XVIII.

DELLYS, v. et port d'Algérie (prov.d'Alger), à 95 k. E. d'Alger (par terre); 1069 h. Beaucoup de pirates jadis. Bâtie sur les ruines de l'anc. Rusucurru; occupée par les Français en 1844. Paquebots pour Alger.

DELME, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle), à 12 kil. N. O. de Château-Salins; 666 hab.

DELMINIUM, auj. Douvno ? capit. de l'anc. Dalmatie, au S. E. de Salone et au N. O. de Narona. Prise en 155 av. J.-C. par Scip. Nasica Corculum.

DELOLME (J. L.), publiciste de Genève, né en 1740, mort en 1806, exerça la profession d'avocat dans sa patrie, puis voyagea pour étudier la constitution de divers États, et se fixa en Angleterre où il resta presque jusqu'à la fin de sa vie, composant des écrits politiques ou écrivant dans les journaux. Son traité de la Constitution d'Angleterre, 1771, est l'ouvrage le plus propre à faire connaître et apprécier le gouvernement de ce pays. Malgré son mérite, il mena une vie misérable, ce qu'il dut à sa passion pour le jeu et le plaisir; il ne fréquentait que la société la moins relevée.

DELORME (Philibert), architecte français, né à Lyon vers 1518, mort à Paris en 1570, étudia en Italie, et fut attiré à Paris en 1537 par le cardinal Du Bellay, qui le fit connaître à la cour de François I et de Henri II. Il y fut comblé de faveurs et reçut même en don plusieurs abbayes, quoiqu'il ne fût que tonsuré. Delorme donna pour Henri II les plans des châteaux d'Anet et de Meudon, et plus tard, pour Catherine de Médicis, ceux du palais des Tuileries, dont il fut nommé gouverneur. Il a publié un Traité complet de l'Art de bâtir, suivi de Nouvelles Inventions pour bien bâtir et à petits frais, Paris, 1561; il a laissé son nom à une espèce de couverture en charpente de son invention. Enthousiaste de l'architecture antique, Ph. Delorme s'efforça de l'adapter au climat et aux mœurs de la France!

DELORME (Marion), fameuse courtisane, née en l612 ou 1615 à Blois, d'une famille bourgeoise, brillait par l'esprit autant que par la beauté. Elle eut pour premier amant le poëte Desbarreaux, et après lui Cinq-Mars, le duc de Buckingham, ainsi que plusieurs autres jeunes seigneurs de la cour. Louis XIII lui-même fut, dit-on, un des premiers à lui offrir ses hommages. Liée avec Ninon de Lenclos, elle partagea avec elle les suffrages de tout ce que Paris avait de plus galant et de plus spirituel. Après l'arrestation des princes de Condé et de Conti pendant les troubles de la Fronde, elle fut sur le point d'être arrêtée elle-même; mais sa mort, qui survint inopinément, empêcha l'exécution de l'arrêt (1650). Selon une version romanesque, qui ne mérite aucune créance, elle ne serait réellement pas morte à cette époque, mais elle aurait fait répandre le bruit de sa mort, afin de fuir plus aisément. Elle aurait eu depuis une foule d'aventures et n'aurait cessé de vivre qu'en 1706. Tallemant des Réaux, son contemporain, la fait mourir à 39 ans et donne sur sa mort des détails qui ne peuvent laisser aucun doute. La vie singulière de cette femme a fourni en 1804 à Dumersan et Pain le sujet de la Belle Marie, vaudeville, et à M. V. Hugo l'idée du beau drame de Marion Delorme.

DELORME (P. Cl. Franç.), peintre d'histoire, né à Paris en 1783, mort en 1859, eut Girodet pour maître et suivit les traditions classiques de l'Empire. Après avoir passé plusieurs années en Italie, il exposa, à son retour, en 1810, la Mort d'Abel, où se révèle déjà la puissance de son pinceau. Il produisit ensuite un grand nombre d’œuvres remarquables : Héro et Léandre, 1814; la Résurrection de la fille de Jaïr, 1817 (à St-Roch); Jésus dans les limbes, 1819 (à Notre-Dame); Céphale enlevé par l'Aurore, 1822 (au Luxembourg); Sapho et Phaon, 1833 ; Ève cueillant le fruit défendu, 1834; la Madeleine au tombeau du Christ, 1835 ; le Repos en Égypte, 1850. En outre il exécuta de nombreuses peintures pour les palais de Versailles, de Fontainebleau, de Neuilly, de Compiègne, décora la chapelle de la Vierge à St-Gervais, celle de St-Pierre à St-Eustache, et peignit pour la coupole de Notre-Dame-de-Lorette la Translation de la Ste Maison par les anges. Ce maître alliait avec un goût parfait le choix des formes et l'expression qui donne le charme.

DÉLOS, une des Cyclades, au N. O. de Naxos, entre Mycone et Rhénée, renfermait le mont Cynthus et était consacrée à Apollon et à Diane. Suivant la Fable, Neptune la fit sortir des eaux pour que Latone, poursuivie sur terre et sur mer par la jalousie de Junon, trouvât enfin un asile où elle pût mettre au monde ses deux enfants. Depuis, cette île fut un lieu sacré : il n'était pas permis aux femmes d'y accoucher ; on ne pouvait non plus y enterrer les morts : on les transportait dans l'île de Rhénée qui en était voisine. Tous les 4 ans les Athéniens envoyaient à Délos une théorie ou députation sacrée. — Sur la côte O. de l'île de Délos était une v. du même nom, avec un magnifique temple d'Apollon, où le dieu rendait des oracles