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fit le voyage de St-Pétersbourg pour visiter sa bienfaitrice ; après avoir passé quelques mois auprès d'elle, il revint à Paris où il vécut fort retiré jusqu'à sa mort. Il publia dans ses dernières années un Essai sur les règnes de Claude et de Néron, 1779, qui n'est autre chose qu'une apologie déclamatoire de Sénèque, avec une appréciation de sa philosophie et de ses écrits. Outre les ouvrages qu'il publia sous son nom, Diderot a beaucoup contribué à l’Histoire philosophique des deux Indes de Raynal, au Système de la nature de d'Holbach, et à quelques autres publications antireligieuses. On lui attribua, mais à tort, le Code de la nature (V. MORELLY) et autres écrits du même genre. Diderot était un des ennemis les plus acharnés du christianisme, et même de toute idée religieuse; il professait ouvertement le matérialisme et l'athéisme, et prêchait ces doctrines désolantes avec une sorte d'enthousiasme et de fanatisme. Comme écrivain, il brille par le mouvement, la chaleur, l'abondance, la hardiesse; mais il ne sait pas tempérer son imagination et tombe souvent dans la déclamation. On a dit de lui : « Il a écrit de belles pages, il n'a jamais su faire un livre. » Diderot fut lié avec les principaux écrivains du XVIIIe s., avec J. J. Rousseau, qui plus tard devint son ennemi, avec Voltaire, d'Alembert, d'Holbach. Il eut pour amis particuliers Grimm et Naigeon. Il s'était marié de bonne heure, et il eut une fille qu'il chérit tendrement (Mme de Vandeuil). Naigeon publia en 1798 une édition de ses œuvres en 15 vol. in-8. Il en a été donné en 1821, par Brière, une édition plus complète, en 22 vol., avec les Mémoires de Naigeon sur Diderot. Enfin il a paru en 1830, chez Paulin, des Mémoires et Œuvres inédites de Diderot, 4 vol. in-8, précédés de Mémoires sur sa vie par sa fille. Génin a réuni les Romans et les Contes de Diderot, avec un extrait de sa Correspondance, chez Didot, 1854, 2 v. in-12. Pour l'appréciation de ce philosophe, on peut surtout consulter MM. Bersot et Damiron.

DIDIER (S.), Desiderius, évêque de Langres, subit le martyre en 264. L'Église le fête le 23 mai. — Archevêque de Vienne en Dauphiné (596), assassiné en 608 ou en 612 près de Lyon par ordre de la reine Brunehaut. On le fête aussi le 23 mai.

DIDIER, dernier roi des Lombards, était d'abord duc d'Istrie. Astolphe, roi des Lombards, étant mort sans enfants, Didier rassembla une armée et força Rachis, frère d'Astolphe, à lui céder ses droits, 757. Il attaqua ensuite le pape Étienne II; mais fut repoussé par Pépin. En 770, il donna sa fille à Charlemagne espérant avoir en ce prince un allié sûr; mais dès l'année suivante, il eut la douleur de voir sa fille répudiée, et en 773 ses propres États furent envahis par son gendre, qu'avait appelé le pape Adrien, menacé par les Lombards. Assiégé et pris dans Pavie (774), il fut relégué au monastère de Corbie, où il m.

DIDIER (J. P.), né en 1758 dans le Dauphiné, avocat, puis professeur de droit à Grenoble, était en 1814 maître des requêtes au Conseil d'État. Destitué en 1815 pour s'être rallié à Napoléon pendant les Cent-Jours, il entra dans une conspiration tramée à Lyon contre les Bourbons, tenta de soulever Grenoble, fut repoussé et vivement poursuivi par le général Donnadieu, se réfugia en Piémont, mais fut livré au gouvt français, condamné à mort par une cour prévôtale et exécuté aussitôt, 1816.

DIDIUS JULIANUS, empereur romain, né à Milan en 133, avait servi avec distinction sous Commode, et avait subjugué les Cattes, peuple germain. Après la mort de Pértinax (30 mars 193), il acheta l'empire, mis à l'encan par les prétoriens. Il se rendit bientôt odieux par son luxe et son extravagance; ayant d'ailleurs refusé de payer la somme qu'il avait promise aux prétoriens, il fut tué par ses soldats, à l'approche de Septime Sévère, 2 juin 193.

DIDJEL ou PETIT-TIGRE. V. TIGRE.

DIDON, nommée aussi Élise, princesse de Tyr, fille de Bélus, était sœur de Pygmalion et épouse de Sichée. Forcée de quitter sa patrie à cause des cruautés de son frère, qui avait fait périr Sichée pour s'emparer de ses trésors, elle s'enfuit en Afrique, où elle fonda Carthage, vers 860 ou 880 av. J.-C. On raconte que, pour se soustraire aux poursuites d'Iarbas, roi des Gétules, qui voulait la forcer à l'épouser, elle se précipita sur un bûcher et s'y frappa d'un poignard. Virgile, par un anachronisme permis au poëte, fait vivre Didon du temps d'Énée (auquel elle est postérieure de 300 ans), et feint qu'éprise du héros troyen, elle ne put survivre à son départ. Didon a fourni à Jodelle, à Scudéry, à Lefranc de Pompignan, à Marmontel, des sujets de tragédie, et à P. Guérin le sujet d'un de ses meilleurs tableaux.

DIDOT, famille d'imprimeurs-libraires, qui a beaucoup contribué au progrès de la typographie en France. Le premier qui se soit distingué est François Ambroise D., né à Paris en 1730, mort en 1804 : il établit chez lui une fonderie d'où sortirent les plus beaux types qu'on eût vus jusque-là, inventa un instrument propre à donner au corps des caractères une juste proportion, et publia des éditions admirables par la correction du texte, entre autres la collection dite d'Artois, en 64 vol. in-18, et une Collection de classiques français, imprimée par ordre de Louis XVI, dans les trois formats in-4, in-8 et in-18. — Pierre D., son fils aîné, 1760-1853, mérita que ses presses fussent placées au Louvre comme récompense nationale, et donna la magnifique collection in-fol. dite du Louvre, où l'on admire, entre autres ouvrages, le Virgile, in-fol. (1798), l’Horace, in-f. (1799), le Racine, 3 v. in-f., avec gravures d'après les plus grands maîtres (1801-5), et le La Fontaine. — Firmin D., 2e fils de Fr. Ambroise, 1764-1836, travailla, de concert avec son frère Pierre, à perfectionner son art, se distingua surtout comme graveur et fondeur, et fit le premier des éditions stéréotypes, 1797. Parmi les éditions des deux frères, on distingue, outre les ouvrages déjà cités, le Camoëns, en portugais, 1817; la Henriade, 1819, in-4, et les Tables de logarithmes de Callet, dont la correction est devenue irréprochable. Firmin D. cultivait les lettres : on lui doit de bonnes traductions en vers des Bucoliques de Virgile, 1806, des Idylles de Théocrite, 1833, et une tragédie d’Annibal. Élu député en 1827, il défendit les intérêts de la librairie et de la presse. — Ses 2 fils, Ambr. et Hyac. Firmin D., qui ont dirigé la maison depuis 1827, ont soutenu l'honneur du nom. Outre leurs grandes publications (Thesaurus Græcæ linguæ, Glossarium mediæ et infimæ Latinitatis, Bibliothèques des auteurs grecs, etc.), on leur doit d'importants perfectionnements dans la fabrication du papier : ils ont les premiers fabriqué le papier sans fin. M. Ambroise-Firmin a donné, entre autres écrits, une nouvelle traduction de Thucydide, 1833, et un curieux Essai sur la typographie, 1852.

DIDYME, c.-à-d. jumeau, nom ou surnom de plusieurs personnages anciens : de S. Thomas, un des apôtres ; — d'un martyr, mis à mort à Alexandrie en 304 et honoré le 13 avril; — d'un grammairien d'Alexandrie, contemporain d'Auguste, travailleur infatigable, surnomme pour ce motif Chalkenteros (aux entrailles de fer), qui, selon Athénée, composa plus de 3500 ouvrages, tous perdus auj. On lui attribue cependant un traité De Marmoribus et lignis, publié à Milan en 1817, grec-lat., et des Scholies sur Homère, dans l'édition d’Homère d'Elzévir, Leyde, 1656, et réimpr. à Leips. en 1845, par Ritter, et en 1855 par Schmidt.

DIDYME, docteur de l'Église d'Alexandrie, né en 308, mort martyr en 395, était aveugle et n'en devint pas moins un profond théologien. S. Jérôme et S. Isidore vinrent l'entendre. Il composa des écrits fort estimés, entre autres des traités du St-Esprit, contre les Macédoniens, de la Trinité, et une réfutation des Manichéens. Ce qui reste de lui a été publ. dans la Patrologie de l'abbé Migne, 1858.