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ver leur nom, soit du grec drus ou du celtique deru, qui tous deux signifient chêne, soit des mots celtiques De (Dieu) et rhouyd (parler), parce qu'ils étaient les interprètes des dieux. Ils se partageaient en trois classes : 1° les druides proprement dits ou prêtres, qui furent dans l'origine possesseurs du suprême pouvoir, mais qui le cédèrent dans la suite aux brenns ou chefs des guerriers; 2° les eubages, devins et sacrificateurs; 3° les bardes, qui chantaient les hymnes divins et célébraient les exploits des héros. Les Druides croyaient à l'immortalité de l'âme et à la métempsycose ; l'objet de leur culte était surtout la Nature; cependant ils reconnaissaient plusieurs dieux : Hésus, Teutatès, Belenus, Taranus, etc. Ils n'avaient point de temples ; ils se réunissaient dans de sombres forêts. Leur assemblée générale se tenait entre Chartres et Dreux, dans un lieu qu'on croit être Lèves, près de Chartres; ils avaient une école célèbre à Dreux. Dans les grandes calamités, les Druides immolaient des victimes humaines. Les dol-men, les men-hir, les cromlechs, pierres énormes qu'on trouve en grand nombre sur les côtes de la Bretagne, sont regardés comme les autels où se consommaient ces sacrifices sanglants. Le druidisme était mêlé d'une foule de pratiques superstitieuses : il attachait de mystérieuses vertus à certaines plantes, telles que la sélage, la samole, la verveine, et surtout le gui, qu'on regardait comme la panacée universelle : à certains jours les Druides allaient cueillir en grande cérémonie le gui sacré sur un chêne antique. Les Druides étaient en même temps médecins, astronomes, physiciens; ils n'avaient rien d'écrit ; toute leur science était contenue dans des pièces de vers qu'ils apprenaient par cœur. — Il y avait aussi des Druidesses, qui avaient leur principal sanctuaire dans l'île de Sena ou de Sein, sur la côte du Finistère; elles prédisaient l'avenir en consultant les entrailles des victimes. — Les invasions des Romains, puis des barbares et l'établissement du Christianisme mirent fin à la religion des Druides ; elle disparut vers le VIIe siècle. Ses dernières pratiques furent condamnées par le concile de Nantes en 618. M. Herrig a résumé ce qu'on sait des Druides dans son livre De Druidibus (Leips., 1853).

DRULINGEN, v. d'Alsace-Lorraine, à 24 kil. N. O. de Saverne; 547 h. Brasseries; pierres de taille.

DRUMMOND (W.), historien et poëte, surnommé le Pétrarque écossais, né en 1585 à Hawthornden, était tout dévoué à la cause royaliste et mourut, en 1649, du chagrin que lui causèrent les malheurs et la fin tragique de Charles I. Il a écrit une Histoire d’Écosse de 1423 à 1643, rédigée au point de vue monarchique, et des poésies élégiaques remarquables par leur mélodie. On a publié ses Œuvres complètes, Édimbourg, 1711, in-fol.

DRUNA, riv. de Gaule, auj. la Drôme.

DRUSES, Ituræi, peuple de la Syrie (pachalik d'Acre), habite le versant occid. du Liban, et presque tout l'Anti-Liban, le long de la Méditerranée, entre Djébaïl et Saïde. Leur nombre s'élève à près de 160 000 individus, dont 40 000 environ pouvant porter les armes. Ils sont tributaires de l'empire ottoman, mais de fait presque indépendants. Les Druses sont hospitaliers, belliqueux; ils professent une religion particulière, dérivée de celle des Ismaéliens et dont le point capital est l'adoration du calife Al-Hakem Biamrillah, qui vivait au commencement du XIe siècle, et qu'ils croient un dieu incarné; aussi leur chef s'appelle-t-il toujours hakem. Ce chef réside à Déir-el-Kamar. Les Druses ont pris, dit-on, leur nom de Durzi, un des premiers apôtres du calife Hakem, qui conduisit en Syrie ses partisans persécutés en Égypte. Retirés dans les montagnes du Liban, ils se rendirent redoutables, résistèrent longtemps aux attaques des Turcs, et ne furent soumis au tribut qu'en 1588 par le sultan Amurat III. La Porte leur a donné en 1842 un chef de leur nation. Ils sont fréquemment en guerre avec les Maronites, secte de chrétiens qu'ils ont pour voisins au N. En 1860, ils en ont fait un horrible massacre, qui nécessita l'intervention française. M. Sylvestre de Sacy a donné en 1838 un Exposé de la religion des Druses.

DRUSIPARA, v. de Thrace, à 90 kil. E. d'Andrinople. Anc. évêché, auj. titre d'év. in partibus.

DRUSUS (M. Livius), tribun du peuple l'an 122 av. J.-C., fut opposé par le sénat à C. Gracchus, qui s'était rendu redoutable par sa popularité. Pour détruire l'influence de ce tribun séditieux, Drusus, au nom du sénat, combla le peuple de faveurs et de largesses, et distribua gratuitement des terres. Il géra ses fonctions avec la plus grande intégrité, fut nommé consul l'an 112 av. J.-C. et vainquit les Scordisques. — M. Livius Drusus, son fils, tribun l'an 91 av. J.-C, suivit le même plan de conduite que lui, et chercha à rattacher le peuple au sénat par des largesses et des lois populaires. Il venait de proposer d'étendre aux Italiens le droit de cité, lorsqu'il périt assassiné (90). Ce crime, qu'on imputa au tribun Varius et au consul Philippe, fut l'origine de la Guerre sociale.

DRUSUS (Cl. Néro), fils de Livie et frère puîné de Tibère, né l'an 38 av. J.-C., fut adopté par Auguste. Il remporta plusieurs victoires dans les Gaules, la Rhétie, la Vindélicie et la Germanie, fit creuser la Fossa Drusiana, canal du Rhin au Flevo (Yssel), et reçut le premier le surnom de Germanicus. Il mourut l'an 9 av. J.-C. Il fut père du célèbre Germanicus et de l'empereur Claude.

DRUSUS (César), fils de Tibère et de Vipsanie, sa 2e femme, comprima par son courage la révolte des légions de Pannonie (14 de J.-C.) et triompha des Alemani. Son père l'éleva au consulat (21) et partagea avec lui la puissance tribunitienne. Mais le jeune prince ayant donné un soufflet à Séjan, celui-ci, pour se venger, le fit empoisonner, l'an de J.-C. 23.

DRYADES (du mot grec drys, chêne), nymphes qui présidaient aux bois et aux arbres en général. Il ne faut point les confondre avec les Hamadryades. Celles-ci étaient pour ainsi dire attachées à l'arbre, ne pouvaient le quitter un instant et mouraient avec lui. Les Dryades au contraire pouvaient errer dans les bois; elles formaient des danses autour des arbres confiés à leur garde, dont les troncs leur servaient de retraite.

DRYANDER (Jonas EICHMANN, connu sous le nom grécisé de), naturaliste suédois, disciple de Linné, né en 1748, mort en 1810, se rendit en Angleterre, devint membre de la Société Linnéenne de Londres, et fut mis par J. Banks à la tête de sa bibliothèque. On a de lui des Mémoires, qui se trouvent dans les Transactions delà Société Linnéenne, et le Catalogue de la bibliothèque de J. Banks, 1800, 5 vol. in-8, ouvrage qui présente la bibliographie la plus complète et la mieux faite des sciences naturelles.

DRYDEN (J.), célèbre poëte anglais, né en 1631 à Adwinkle (Northamptonshire), mort en 1701, commença à faire des vers au collége. D'un caractère versatile et vénal, il débuta devant le public par des stances à la louange de Cromwell (1658), et deux ans après, il célébra le retour de Charles II, dans un poëme intitulé : Astrea redux; il composa aussi en l'honneur de ce prince l’Annus mirabilis (1066), et fut en récompense nommé poëte lauréat (1668). Il s'adonna ensuite au théâtre, fit des comédies et des tragédies, et obtint pendant trente ans une suite de succès non interrompue : ses meilleures pièces sont les Femmes rivales, Don Sébastien et la Conquête de Grenade. Il s'exerça aussi dans le genre satirique, publia des satires politiques et littéraires, entre autres Absalon et Achitophel (contre la révolte de Monmouth) et Mac-Flecknoe (contre le poëte Shadwell), qui lui attirèrent beaucoup d'ennemis et l'exposèrent même à de mauvais traitements. Il s'était fait catholique sous Jacques II, peu avant la révolution de 1688 : aussi perdit-il, sous Guillaume d'Orange, son titre de poëte lauréat, avec les avantages qui y étaient attachés. N'ayant plus d'autre ressource que son