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mier rang ; on lui doit plusieurs opérations nouvelles, notamment la cicatrisation de l'intestin dans les hernies étranglées. Dupuytren amassa une grande fortune, que l'on porte à 3 000 000 de fr.; en 1830, il en offrit le tiers à Charles X exilé. Il a légué à la Faculté une somme de 200 000 fr., qui a été appliquée à la fondation d'une chaire d'anatomie pathologique et à la création d'un musée anatomique, justement nommé en son honneur le Musée Dupuytren.

DUQUESNE (Abraham), célèbre marin français, né à Dieppe en 1610, mort en 1688, se forma sous les yeux de son père, habile capitaine, et donna bientôt une si haute idée de sa valeur et de ses talents qu'à peine âgé de 27 ans il obtint le commandement d'un vaisseau, avec lequel il contribua puissamment à chasser les Espagnols des îles de Lérins. Il se signala aussi au combat de Tarragone en 1641, Et à celui du cap de Gata, où il fut blessé, en 1643. Pendant les troubles de la minorité de Louis XIV, il alla servir le roi de Suède : nommé vice-amiral par ce prince, il défit complétement devant Gothembourg la flotte danoise commandée par Christian IV en personne. Rappelé en France en 1647, il arma à ses frais une escadre; il battit en 1650 les Anglais et les Espagnols qui avaient envoyé plusieurs vaisseaux au secours de Bordeaux révolté et fut en récompense créé chef d'escadre. Dans la guerre de 1672, Louis XIV opposa Duquesne au fameux Ruyter, amiral hollandais : il remporta en 1676, près de Messine, une victoire signalée sur ce terrible adversaire, qui mourut de ses blessures quelques jours après. Chargé ensuite de purger de pirates la Méditerranée, il battit à Chio la flotte de Tripoli (1681), bombarda 2 fois Alger (1682, 1683), et força le dey à restituer tous les esclaves chrétiens; il bombarda de même Gênes, qui avait vendu quelques secours aux Algériens, et contraignit le doge à venir s'humilier aux pieds du roi de France (1684). Duquesne était protestant, ce qui empêcha Louis XIV de l'élever à la dignité d'amiral. Cependant il le fit marquis et érigea eu marquisat sa terre du Bouchet près d'Étampes. Dieppe, sa patrie, lui a élevé une statue (1844).

DUQUESNOY (François), sculpteur, connu sous le nom de François Flamand, né à Bruxelles en 1594, mort à Rome en 1646, eut pour maître son propre père, et pour protecteur l'archiduc Albert d'Autriche, qui lui accorda une pension pour aller se perfectionner en Italie. A peine avait-il atteint l'âge de 25 ans, qu'il perdit son bienfaiteur, et se vit obligé de travailler pour vivre. Il se fixa à Rome et s'y lia avec Poussin, comme lui malheureux et comme lui passionné pour les arts. Duquesnoy avait fait une étude particulière du Titien et de l'Albane : aussi excellait-il à représenter les enfants; on regarde comme ses chefs-d'œuvre les Groupes d'enfants qui accompagnent les colonnes du maître autel de St-Pierre de Rome ; la Ste Susanne de Lorette et le S. André de St-Pierre. Ces deux derniers ouvrages sortent cependant de son genre favori. Il se disposait à venir en France quand il fut empoisonné, dit on, par son frère Jérôme Duquesnoy, sculpteur comme lui, qui était jaloux de son talent.

DUQUESNOY (F. J.), député à l'Assemblée législative, puis à la Convention, était un ancien prêtre. Violent terroriste, il fut envoyé avec Lebon dans l'Artois, la Picardie et à l'armée du Nord, et égala son collègue en cruauté. Ayant pris part à l'insurrection du 1er prairial an III (1795), qui tendait à ressusciter le système de Robespierre, il fut condamné à mort; il se tua au moment d'aller au supplice. — Son frère, le général Duquesnoy, mort en 1797, commanda la Colonne infernale en Vendée et se signala également par sa cruauté : il se nommait lui-même le Boucher de la Convention. — Un autre Duquesnoy, Adrien, député aux États généraux en 1789, puis maire de Nancy, se signala au contraire par sa modération, et n'échappa au supplice que grâce au 9 thermidor. Placé depuis dans les bureaux de l'Intérieur, il s'occupa surtout des établissements de bienfaisance. Il mourut en 1808.

DURANCE, Druentia, rivière de France, naît au mont Genèvre, dans les Alpes; passe à Briançon, Mont-Dauphin, Embrun, Sisteron, Cavaillon, et tombe dans le Rhône à 6 kil. au-dessous d'Avignon, après un cours précipité de 330 kil. Elle est sujette à de fréquents débordements. Elle reçoit l'Ubaye, la Bléone, le Verdon et le canal de Craponne.

DURAND (Guill.), dit le Spéculateur, né vers 1232 près de Riez, mort en 1296, enseigna le droit à Modène, puis à Rome, où Clément IV le nomma auditeur de Rote, administra pour Grégoire X le patrimoine de St-Pierre, mais excita une révolte par sa rigueur et se vit contraint de quitter l'Italie; il revint en France et obtint l'évêché de Mende (1287). Il avait composé des ouvrages qui eurent une vogue extraordinaire au moyen âge : le Speculum judiciale (Miroir du Droit), qui lui valut son surnom de Spéculateur; le Rationale divinorum officiorum, un des premiers livres qui aient été imprimés (Mayence, 1459). M. V. Le Clerc lui a consacré une savante notice dans l’Hist. littéraire de France.

DURAND de St-Pourçain (Guill.), dominicain, né à St-Pourçain (Allier), mort vers 1333, fut maître du sacré palais, évêque du Puy en 1318 et de Meaux en 1326. Il se fit un nom parmi les scolastiques par la hardiesse et la nouveauté des solutions qu'il proposa, et mérita le surnom de Doctor resolutissimus. Il a laissé des Commentaires sur Pierre Lombard, 1508, et des écrits sur la juridiction ecclésiastique.

DURAND (David), ministre protestant, né en 1681 à St-Pargoire (Hérault), mort en 1763, fut obligé de quitter la France à cause de sa religion, séjourna quelque temps en Hollande où il se lia avec Bayle, se rendit en 1714 à Londres, ou il fut nommé ministre d'une église française, et y mourut à 82 ans. Il a laissé une Vie de Vanini, 1717; la Religion des Mahométans, 1721; a continué Rapin Thoyras, et a traduit les Académiques de Cicéron, Londres, 1740.

DURAND DE MAILLANE (Pierre Toussaint), canoniste, né en 1790 à St-Remi en Provence, mort en 1814, fut successivement député d'Arles aux États généraux de 1789, représentant des Bouches-du-Rhône à la Convention, membre du Conseil des Anciens. Il a écrit : Dictionnaire du droit canonique, Avignon, 1761, 2 vol. in-4; Institutes et Hist. du Droit canonique, Lyon, 1770, 10 vol. in-12; les Libertés de l'Église gallicane, Lyon, 1771, 5 v. in-4.

DURANDAL, nom donné dans les romans de la Table ronde à l’épée merveilleuse du paladin Roland.

DURANGO, v. du Mexique, ch.-l. de l'État de Durango, à 490 kil. de Chihuahua et à 725 k. N. O. de Mexico; 25 000 hab. Cette v. est située à 2282m au-dessus de la mer. Évêché. Durango fut fondée en 1551 par Alonzo Pacheco. — L’État, situé entre ceux de Cohahulla, Xalisco, Zacatecas, Sonora-y-Sinaloa et le Nouv.-Mexique, a 880 kil. sur 600 et 200 000 h. Mines d'or et d'argent.

DURANIUS, riv. de Gaule, auj. la Dordogne.

DURANTE (François), compositeur italien né à Naples en 1693, mort en 1755, maître de chapelle au Conservatoire de St-Onofrio, est regardé comme le chef de l'école musicale moderne : c'est lui qui forma Pergolèse, Duni, Piccini, Sacchini, Paisiello. Il s'est exercé principalement sur des sujets d'église.

DURANTI (le président Étienne), fils d'un conseiller au parlement de Toulouse, fut capitoul en 1563, ensuite avocat général, et enfin 1er président au parlement de Toulouse, 1581. Il s'opposa avec force aux fureurs de la Ligue. Après avoir échappé plusieurs fois à la mort en voulant calmer les séditions du peuple, il succomba enfin victime de son généreux dévouement : les rebelles le tuèrent d'un coup d'arquebuse en 1589. Toulouse lui a élevé une statue. La Mort du président Duranti a été reproduite sus la toile avec un rare talent par Paul Delaroche.

DURAS, ch.-l. de cant. (Lot-et-Garonne), à 26 k.