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qui en fit son épouse, après avoir répudié l’altière Vasthi. Elle sauva la vie à Mardochée et au peuple juif, qu’Aman, favori d’Assuérus, voulait faire périr, irrité de ce que Mardochée ne consentait pas à fléchir le genou devant lui. Les Juifs ont institué la fête des Purim en mémoire de cet événement. Racine l’a mise sur la scène dans sa tragédie d’Esther. Un des livres canoniques de la Bible porte le nom d’Esther ; on l’attribue à Mardochée.

ESTHONIE, gouvt de la Russie, borné au N. par le golfe de Finlande, à l’O. par la mer Baltique, au S. par le golfe et le gouvt de Livonie, à l’E. par le gouvt de St-Pétersbourg ; 275 k. de l’E. à l’O., sur 80 du N’au S. ; 330 000 h. ; ch.-l. Revel. Les îles de Dagœ, Roghe, Vouko et Nargen en dépendent. Pays peu fertile dont les forêts couvrent la plus grande partie. Élève considérable de bœufs, brebis, chèvres et chevaux. — L’Esthonie doit son nom aux Æstys, peuple sarmate, d’origine finnoise, qui l’habitait jadis. Le roi de Danemark Canut IV les soumit en 1080 et leur imposa le Christianisme. À la fin du XIIe siècle, les Chevaliers teutoniques et les Porte-Glaive de Livonie s’emparèrent du pays et le partagèrent avec les évêques d’Ungannie et de Riga. L’Esthonie se révolta en 1218 et appela le roi de Danemark Waldemar II, 1219 ; celui-ci enleva une partie du pays aux Chevaliers teutons ; mais en 1347, par le traité de Marienbourg, Waldemar IV vendit aux Chevaliers teutons de Livonie tout ce qu’il possédait de l’Esthonie, et jusqu’en 1559, ce pays partagea les destins de la Livonie. Attaquée par la Russie, l’Esthonie se donna en 1561 à la Suède, à laquelle elle fut assurée par les traités suivants, notamment par celui d’Oliva en 1660 ; mais, après la guerre entre Charles XII et Pierre le Grand, la paix de Nystadt (1721) réunit l’Esthonie à la Russie. Les paysans esthoniens étaient tous serfs avant 1816 : l’empereur Alexandre les émancipa à cette époque.

ESTIENNE. V. ÉTIENNE.

ESTISSAC, ch.-l. de c. (Aube), à 20 kil. S. O. de Troyes ; 1200 h. Bonneteries, papeteries, etc.

ESTOILE. V. ÉTOILE.

ESTOUTEVILLE (Guill. d'), cardinal, né en 1403, d’une des plus illustres familles de Normandie, m. en 1483, entra dans l’ordre de St-Benoît, et s’éleva aux premières dignités de l’Église : il fut sacré archevêque de Rouen en 1453, après avoir précédemment occupé six évêchés. Il avait été nommé cardinal dès 1437 et devint en 1477 camerlingue de l’Église romaine. En 1451 il fut envoyé par le pape auprès de Charles VII, afin de l’engager à s’unir aux Anglais pour tourner leurs forces contre les Turcs, mais il échoua dans ce projet. Il est surtout célèbre par la réforme qu’il introduisit dans l’Université de Paris, de concert avec des commissaires tirés du clergé et du parlement. Il fit élever à ses frais les deux tours qui décorent la cathédrale de Rouen et le palais des archevêques de cette ville.

ESTRADES (Geoffroy, comte d'), guerrier et diplomate, né à Agen en 1607, mort en 1686, défendit Dunkerque contre les Espagnols en 1652, fit avec distinction la campagne de Catalogne en 1655 et remplit plusieurs missions importantes en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, où il obtint la cession de Dunkerque à la France (1662). Dans une dispute engagée au sujet de la préséance, il reçut à Londres du baron de Watteville, représentant de l’Espagne, une insulte dont Louis XIV exigea une réparation éclatante. Ambassadeur en Hollande en 1667, il signa le traité de Bréda avec le Danemark. Il suivit Louis XIV à la conquête de la Hollande et gagna le bâton de maréchal de France en 1675 par la prise de Liège ; Il fut un des plénipotentiaires pour la paix de Nimègue en 1678. Il a laissé des Lettres et Mémoires. impr. à. La Haye, 1743, 9 vol in 12.

ESTRAMADURE, nom donné à deux prov. de la péninsule hispanique, l’une portugaise, l’autre espagnole, parce qu’au temps où les Maures possédaient une partie de la Péninsule, elles formaient la prov. extrême ou la plus mérid. des roy. chrétiens, celle qui était le plus au delà du Duéro (extrema Durii).

L’Estramadure espagnole a pour bornes au N. l’anc. roy. de Léon, au S. l’Andalousie, à l’E. la Castille, à l’O. le Portugal. Elle forme une capitainerie générale qui comprend les intendances civiles de Cacerès et de Badajoz. Elle a 270 kil. sur 150 ; 680 000 hab. ; ch.-l., Badajoz. Beaucoup de mont., sol en général fertile, mais mal exploité ; nombreux troupeaux de mérinos transhumants. Peu de commerce et d’industrie.

L’Estramadure portugaise a pour bornes au N. la Beira, au S. et à l’E. l’Alentéjo, à l’O. l’Océan ; 200k. sur 130 ; 900 000 hab. ; ch.-l., Lisbonne. Mont. nombreuses, surtout au N. ; les principales sont celles d’Estrella et de Cintra. L’E. est arrosée par le Tage, le Zezere, la Soure. Climat très-chaud, tremblements de terre. Pays très-fertile : grains et fruits ; huiles et vins recherchés pour l’exportation. Mines de cuivre, fer, houille, marbre. Commerce de sel.

Les deux Estramadures firent jadis partie de la Lusitanie et étaient habitées par les Vettones. Les Alains s’en emparèrent en 411, les Suèves en 420, les Visigoths en 477 et enfin les Maures en 712. Elles furent comprises dans le califat de Cordoue depuis 756 jusqu’au commencement du XIe siècle. Mérida en était alors la principale ville. En 1016, Badajoz devint la capit. d’un petit État maure indépendant qui comprenait les deux Estramadures, l’Alentéjo et l’Algarve ; cet État devint en 1094 la proie des Almoravides ; en 1161 il fut conquis par Abdel-Moumen, fondateur des Almohades ; celui-ci défit en plusieurs rencontres Alphonse Henriquez, roi de Portugal, qui avait soumis en grande, partie les deux Estramadures ; mais après sa mort en 1184, l’Estramadure portugaise resta définitivement annexée au roy. de Portugal. Quant à l’Estramadure espagnole, Alphonse IX, roi de Léon, en conquit une partie : il prit Alcantara, Mérida (1229), Cacerès, Badajoz et Mérida (1230) ; son fils, Ferdinand III, roi de Castille, acheva de la soumettre (1236-1240).

ESTRÉES-SAINT-DENIS, ch.-l. de cant. (Oise),, à 17 k. O. de Compiègne ; 1200 hab. Fil de lin, toiles, cordages. Commerce de blé et de chevaux.

ESTRÉES (famille d'), maison noble de France,, originaire de l’Artois, a pris son nom de la petite, v. d’Estrées en Cauchie, près de Béthune, et a formé un grand nombre de branches. Elle est surtout, célèbre pour avoir donné le jour à la belle Gabrielle.

ESTRÉES (Gabrielle d'), maîtresse de Henri IV, née vers 1670, était fille d’Antoine d’Estrées, grand maître de l’artillerie, gouverneur de l’Île-de-France. Le hasard ayant conduit Henri, vers la fin de 1%90, au château de Cœuvres qu’habitait Gabrielle, il conçut pour elle une vive passion. Il la maria pour la forme (à Damerval de Liancourt), puis la fit divorcer pour la rendre libre, l’appela à la cour, créa pour elle le duché de Beaufort, et combla d’honneurs tous ses parents : il songeait même à divorcer pour l’épouser, lorsque Gabrielle mourut subitement, en 1599, après avoir mangé une orange. On soupçonna qu’elle avait été empoisonnée. Douce et bonne autant que belle, Gabrielle était aimée de tous ; cependant Sully ne cessa de combattre son influence. Elle avait eu de Henri IV, entre autres enfants, César, chef de la maison de Vendôme.

Annibal d’Estrées, frère de Gabrielle, né en 1573, m. en 1670, devint maréchal de France sous Louis XIII et fut ambassadeur à Rome, où il déploya une grande fermeté ; il a laissé des Mém. sous la régence de Marie de Médicis, 1666. — Jean, comte d’Estrées, fils du préc, 1628-1707, fut fait vice-amiral en 1670, maréchal en 1681, battit l’amiral hollandais Binks à Tabago en 1677, reprit cette île aux Hollandais et devint vice-roi des Colonies d’Amérique. — Victor Marie d’Estrées, 1660-1737, fils du préc., commanda les armées navales réunies de Louis XIV et de Phi-