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tion du système décimal (1792), il a été remplacé en France par le méridien de Paris.

FÉRAUD, conventionnel. V. FERRAUD.

FERDINAND. Ce nom, qu'on suppose dérivé de l'allemand verdienen, mériter, a été porté par un grand nombre de princes : empereurs d'Allemagne, rois d'Espagne, de Naples, de Sicile, etc.

I. Empereurs d'Allemagne.

FERDINAND I, empereur d'Allemagne, 2e fils de Philippe le Beau, archiduc d'Autriche, frère puîné de Charles-Ouint, né en 1503 à Alcala de Hénarès (Castille), mort à Vienne en 1564, hérita, à la mort de Maximilien I, son grand-père, des provinces autrichiennes (1519), devint roi de Bohême et de Hongrie en 1526, après la mort de Louis, dont il avait épousé la sœur ; fut élu roi des Romains en 1531, et succéda comme empereur à Charles-Quint après l'abdication de ce prince en 1556. Le pape Paul IV refusa de le reconnaître pour chef de l'empire, par la raison que le consentement du St-Siége n était intervenu ni à son élection ni à l'abdication de Charles-Quint : Ferdinand nia la nécessité de ce consentement, et depuis, les empereurs ont cessé de demander la confirmation du pape. Le règne de ce prince fut paisible : ses dernières années furent consacrées à concilier les Protestants et les Catholiques.

FERDINAND II, arrière-petit-fils du précéd., né en 1578, fut couronné roi de Bohême en 1617, roi de Hongrie en 1618, et empereur en 1619. Il eut pour compétiteur l'électeur palatin, Frédéric V, qui souleva contre lui les Protestants, et donna par là naissance à la fameuse guerre de Trente ans. Battu à Prague (1620), l'électeur Frédéric fut dépouillé de ses États ; Christian IV, roi de Danemark, qui lui succéda comme défenseur des Protestants (1625-29), fut également battu à Lutter, 1626, et signa la paix de Lubeck, 1629 ; mais les généraux de Ferdinand furent à leur tour battus par Gustave-Adolphe à Leipsick (1631) et à Lutzen (1632); cependant, ayant repris l'avantage à Nordlingen (1634), l'empereur put faire avec quelques-uns de ses ennemis des accommodements avantageux. Il mourut peu après, en 1637. Acharné contre les Protestants, il avait rendu contre eux en 1629 l’Édit de restitution, par lequel il les privait de tous les droits qui leur avaient été concédés. Ce prince eut pour généraux Maximilien de Bavière, Tilly et Wallenstein ; il fit tuer ce dernier comme rebelle. Hurter a écrit sa Vie, Leips., 1857.

FERDINAND III, fils du préc., né à Grætz en 1608, m. en 1657, fut couronné roi de Bohême en 1625, de Hongrie en 1627, et succéda à son père en 1637. Il continua la guerre de Trente ans, commencée par son père, et eut à combattre à la fois les Suédois et les Français leurs alliés, conduits par Baner, Turenne et le grand Condé. Incapable de lutter contre de pareils adversaires, il se vit forcé de signer en 1648 le traité de paix de Westphalie, qui accorda la liberté de conscience à l'Allemagne, laissa la Poméranie à la Suède, et assura à la France l'Alsace et les trois évêchés de Toul, Metz et Verdun. Ferdinand III avait, fait élire de son vivant son fils aîné Ferdinand roi des Romains, sous le nom de Ferdinand IV ; mais celui-ci mourut en 1654.

II. Espagne (Castille, Léon, Aragon, etc.).

FERDINAND I, le Grand, fut reconnu roi de Castille dès 1034, du vivant de Sanche III, son père, roi de Navarre ; s'empara des États de Bermude, roi de Léon, en 1037 ; rendit tributaires les rois de Tolède, de Saragosse et de Séville ; repoussa les Maures, leur prit Viseu, Lamégo, Coïmbre, et recula les bornes de ses États jusqu'au milieu du Portugal. On lui reproche la mort de Garcias IV, son frère, roi de Navarre, qu'il tua dans une bataille près de Burgos (1054), et les cruautés qu'il exerça contre ses ennemis vaincus. Il mourut en 1065, après avoir partagé ses États entre ses trois fils.

FERDINAND II, roi de Léon, fils d'Alphonse VIII, succéda à ce prince en 1157, et se distingua pendant un règne de 30 ans par sa prudence, sa valeur et son affabilité. Régent en Castille, après la mort de Sanche III, son frère, pendant la minorité d'Alphonse IX, son neveu, il apaisa les troubles qu'y avait causés la rivalité des Castro et des Lara. Il enleva aux Maures plusieurs places importantes, recula les limites de ses États, et mourut en 1188, au moment où il se préparait à une croisade. C'est de son règne que date l'ordre militaire de St-Jacques, destiné à la défense des domaines des Chrétiens.

FERDINAND III, le Saint, petit-fils de Ferdinand II, et fils d'Alphonse IX, roi de Léon et de dona Bérengère, reine de Castille, né l'an 1200, mort en 1252. monta sur le trône de Castille en 1217 après Bérengère qui abdiqua en sa faveur, et sur celui de Léon en 1230, après la mort d'Alphonse, réunissant ainsi ces deux couronnes, qui depuis ne furent plus séparées. Il combattit les Musulmans, les chassa de Cordoue, de Séville, de Cadix, de Xérès, fonda l'Université de Salamanque, et mérita par ses vertus d'être placé au rang des saints par le pape Clément X en 1671. On l'honore le 30 mai.

FERDINAND IV, l'Ajourné, roi de Castille et de Léon, né à Séville en 1285, mort en 1312, succéda en 1295 à son père Sanche IV. Les premières années de son règne furent très-orageuses : don Juan, son oncle, se fit proclamer roi de Léon, et Alphonse de La Cerda prit le titre de roi de Castille ; les rois de Portugal et d'Aragon s'emparèrent de plusieurs places de son royaume. Mais la régente Marie de Molina, sa mère, fit face à tout et se conduisit avec tant de sagesse, qu'elle lui assura la couronne. Ferdinand repoussa les Maures qui avaient envahi ses États, et leur enleva en 1309 la place de Gibraltar. On conte qu'ayant fait jeter du haut d'un rocher deux gentilshommes, les frères Carvajal, accusés d'assassinat, ceux-ci, avant d'être précipités, l’ajournèrent à comparaître devant Dieu dans 30 jours, et qu'en effet il mourut au bout de ce terme ; d'où viendrait son surnom.

FERDINAND V, le Catholique, roi de Castille, d'Aragon, de Grenade et de Sicile, né en 1452, mort en 1516, était fils de Jean II, roi d'Aragon et de Sicile. Il épousa à 17 ans Isabelle, héritière de Castille, et régna au nom de sa femme sur ce pays dès 1474. En 1479, il hérita des États de son père, et réunit ainsi sous ses lois presque toute l'Espagne. Il réorganisa en 1481 le tribunal de l'inquisition, enleva en 1492 la ville de Grenade aux Maures et chassa de ses États les Maures et les Juifs ; il accueillit Christophe Colomb qui découvrit et occupa en son nom le Nouveau-Monde ; il enleva en 1604 le royaume de Naples aux Français qui venaient de le conquérir, de concert avec lui. Isabelle laissa, en mourant, la Castille à sa fille Jeanne la Folle, mais en donnant à Ferdinand la tutelle de ce royaume jusqu'à la majorité de son petit-fils don Carlos (depuis Charles-Quint). L'archiduc Philippe, époux de Jeanne la Folle, lui disputa un instant la régence ; mais ce prince étant mort en 1506, Ferdinand fut reconnu pour tuteur par les grands de la Castille. En 1512, il annexa à ses États la Navarre espagnole, et réunit ainsi sous son sceptre toute la Péninsule (moins le Portugal). Ferdinand V éleva l'Espagne au plus haut point de puissance, agrandit la puissance royale, abaissa les grands et rendit aux lois toute leur force ; en outre, il mérita le surnom de Catholique par son ardeur à combattre les Infidèles ; mais on lui reproche sa versatilité et sa fourberie, qui lui valurent aussi le surnom de Rusé : il se joua de la bonne foi de Charles VIII et de Louis XII, et se montra tantôt leur allié et tantôt leur ennemi. Il fut habilement secondé dans ses entreprises par son ministre, le cardinal Ximénès, et dans ses conquêtes par son général Gonsalve de Cordoue.

FERDINAND VI, roi d'Espagne, fils de Philippe V, né en 1713, monta sur le trône en 1746. Il ne travailla qu'au bonheur de ses sujets : secondé par un habile ministre, le marquis de La Ensenada, il réforma l'administration de la justice et des finances,