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ver lui-même une terrible disgrâce, et il entraîna dans sa chute toute sa famille. Il périt en 803, par l’ordre d’Haroun, et tous les Barmécides furent exterminés ou exilés. La véritable cause de sa mort paraît avoir été son amour pour Abbassa, sœur du calife.

GIANNI (François), poëte, né vers 1760 à Rome, mort à Paris en 1823, parcourut l’Italie, et excita un enthousiasme général par son talent d’improvisation. Il improvisa à Milan devant Bonaparte, qui lui donna plus tard le titre de poëte impérial. Gianni chanta avec exaltation les victoires du héros. Ses hymnes sur les victoires de Marengo, d’Austerlitz, d’Iéna, etc., sont des chefs-d’œuvre. À la fin de sa vie, il consacra son talent à des sujets religieux.

GIANNONE (Pierre), écrivain, né en 1676 à Ischitella (Pouille), fut d’abord avocat à Naples, publia en 1723 une Histoire civile du royaume de Naples, ouvrage rempli de savantes recherches, mais où il attaque l’autorité du St-Siége ; s’attira par là toutes sortes de disgrâces, fut excommunié par son archevêque et se vit forcé de quitter Naples ; mena longtemps une vie errante, cherchant un asile successivement à Vienne, à Venise, à Padoue, à Modène, à Genève ; fut attiré en Savoie par trahison, y fut arrêté en 1736 par ordre du roi de Sardaigne, emprisonné à Turin, et mourut dans sa prison, en 1748, après s’être rétracté. Son Histoire de Naples a été trad. dès 1742, par Demonceaux, en 4 vol. in-4, La Haye (Genève). Vernet, ministre protestant, en a extrait les passages les plus hardis sous le titre d’Anecdotes ecclésiastiques, La Haye, 1738.

GIAOUR, c.-à-d. infidèle, mécréant, terme injurieux dont les Musulmans se servent pour désigner les infidèles, à quelque religion qu’ils appartiennent. On le dérive d’un mot persan qui veut dire partisan du veau d’or ; il ferait allusion aux adorateurs du veau d’or, dont le Coran parle souvent avec mépris. Byron a composé un poëme intitulé : le Giaour.

GIBBON (Édouard), historien anglais, né en 1737, d’une famille ancienne, à Putney (Surrey), mort en 1794, changea deux fois de religion dans sa jeunesse : il passa du Protestantisme au Catholicisme après la lecture de l’Histoire des variations de Bossuet ; puis il revint du Catholicisme au Protestantisme pour se conformer au désir de ses parents. En 1770, il entra au parlement et il y siégea huit ans ; mais il n’y joua aucun rôle important. En 1761, il publia un Essai sur l’étude de la littérature, qui le fit connaître dans le monde savant, en France surtout, cet ouvrage étant écrit en français. En 1776 parut le 1er vol. de son Histoire de la décadence et de la chute de l’empire romain ; l’ouvrage ne fut achevé qu’en 1787. On y trouve une érudition vaste et solide, une critique aussi exacte qu’ingénieuse, un intérêt soutenu ; mais on reproche à l’auteur d’avoir rabaissé à plaisir le Christianisme et de n’avoir montré aucune sympathie pour les souffrances des Chrétiens. En 1783, il se retira à Lausanne, où il passa le reste de sa vie. L’Hist. de la décadence a été traduite dans presque toutes les langues de l’Europe. 1er vol. fut mis en français par Leclerc de Septchênes, secrétaire de Louis XVI, ou, assure-t-on, par Louis XVI lui-même ; les suivants le furent par Cantwell, Demeunier et Boulard. Cette traduction a été refondue par M. Guizot, qui y a joint une Notice sur la vie et le caractère de Gibbon, 1812, 13 vol. in-8. Lord Sheffield, ami de Gibbon, a donné ses œuvres diverses (Miscellaneous works) en 3 v. in-4, 1796-1815 ; elles se composent de Mémoires autobiographiques, d’une vaste Correspondance, d’Extraits raisonnés, de Lectures, etc. Ces mémoires ont été traduits par Marignié, Paris, 1798, 2 v. in-8. Le talent de l’écrivain a été fort bien apprécié par M. Villemain dans son Tableau de la Littérature au XVIIIe siècle. Ses erreurs ont été réfutées en Angleterre par Watson, Wittaker, Priestley ; en Italie, par Spedalieri.

GIBEL, c.-à-d. montagne. V. DJÉBEL et ETNA.

GIBELINS, partisans de la maison impériale de Souabe, opposés aux Guelfes. V. GUELFES.

GIBERT (Balthasar), professeur de l’Université, né à Aix en 1662, mort en 1740, enseigna la philosophie à Paris, au collége dit de Beauvais, puis la rhétorique au collége Mazarin, fut cinq fois recteur de l’Université de Paris, s’attira en 1740 le mécontentement du roi pour avoir parlé contre la bulle Unigenitus, et fut exilé à Auxerre. Il a laissé : la Rhétorique ou les Règles de l’éloquence ; Jugements des savants sur les auteurs qui ont traité de la Rhétorique ; Observations sur le Traité des études de Rollin, et des Éloges de Lamoignon, de Mesmes, etc.

GIBERT (J. P.), prêtre, cousin du précédent, né à Aix en 1660, enseigna la théologie à Toulon et à Aix, puis s’établit à Paris, où il mourut en 1736. On lui doit les Institutions ecclésiastiques, 1720, et un Corpus juris canonici, Genève, 1736, et Lyon, 1737, 3 vol. in fol, ouvrages estimés.

GIBRALTAR, le Calpe des anciens, le Gibel-el-Tarik des Arabes, v. espagnole possédée par les Anglais, à l’extrémité mérid. de la Péninsule, sur un cap qui domine la Méditerranée, à l’entrée E. du détroit de Gibraltar ; 20 000 hab. (non compris 4000 h. de garnison anglaise). Très-belle baie, vaste port, évêché anglican. Gibraltar est une des places les plus fortes de l’univers. Le rocher sur lequel elle est située offre de profondes cavernes, qui sont autant d’arsenaux à l’épreuve de la bombe. En même temps que cette place est pour l’Angleterre la clef de la Méditerranée, elle sert aux Anglais d’entrepôt pour une infinité de marchandises d’Amérique et d’Orient, et fait un grand commerce avec l’Espagne et le Maroc. Port franc, bateaux à vapeur pour Lisbonne, Oporto, Falmouth, Southampton, Marseille, Malte, Corfou, Alexandrie. - On fait dériver le nom de Gibraltar de l’arabe gibel el Tarik, montagne de Tarik (le 1er général qui ait amené les Maures en Espagne). Les Anglais surprirent cette ville en 1704, pendant la guerre de la succession d’Espagne ; le traité d’Utrecht leur en confirma la possession. La France et l’Espagne réunies ont plusieurs fois tenté de la reprendre, en 1704, en 1727, en 1779 et en 1782 (cette dernière fois à l’aide des batteries flottantes de d’Arçon) : mais toujours sans succès.

GIBRALTAR (détroit de), Fretum Gaditanum ou Herculeum, entre la péninsule hispanique et l’empire de Maroc, a 64 k. de long et 15 seulement de large dans sa partie la plus étroite. Un courant continuel le traverse et porte les eaux de l’Océan dans la Méditerranée, dont le niveau est moins élevé. — Selon la Fable, ce détroit n’existait pas primitivement ; ce serait Hercule qui aurait donné passage aux eaux de l’Océan, en séparant les deux monts de Calpe (Gibraltar) et d’Abyla (Ceuta), qui depuis portèrent le nom de Colonnes d’Hercule.

GIBRAT (J. B.), doctrinaire, né vers 1727, près de Cordes, au diocèse de Tarbes, mort en 1803, principal du collége de Castelnaudary, a écrit une Géographie moderne, qui a eu plusieurs éditions, et une Géographie ancienne, sacrée et profane, 1790, 4 vol. in-12, qui mérite encore d’être consultée.

GIBSON (Edmond), évêque de Londres, né en 1669, mort en 1748, possédait une connaissance approfondie des langues du Nord, des antiquités de son pays, et des droits ainsi que des devoirs du clergé anglais. Il a publié, entre autres ouvrages, une trad. latine du Chronicon saxonicum, avec l’original anglo-saxon et des notes, Oxford, 1692, une trad. anglaise de la Britannia de Camden, Londres, 1695, et les Œuvres posthumes de sir H. Spelman relatives aux lois et antiquités de l’Angleterre, 1698, in-f.

GIÉ (Pierre, maréchal de), vicomte de Rohan, né en Bretagne vers 1450, mort en 1513, donna à Louis XI de nombreuses marques de dévouement, fut créé par lui maréchal en 1475, reprit en Flandre, en 1479, toutes les places que Louis XI avait réunies à la monarchie après la mort du duc de Bour-