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se partage en deux bras à Kongelf, et va se perdre dans le Cattégat, à Gothembourg, après un cours de 130 kil. Célèbre cataracte de Trollhatta.

GOETHALS. V. HENRI DE GAND.

GOETHE (Jean Wolfgang), l'un des plus grands écrivains de l'Allemagne, né en 1749 à Francfort-sur-le-Mein, mort en 1832, était fils d'un conseiller impérial. Il étudia le droit à Leipsick, et reçut le bonnet de docteur à Strasbourg. Il était destiné au barreau, mais il préféra s'adonner tout entier à la littérature, dont les écrits de Lessing surtout lui avaient inspiré le goût. Il commença à se faire connaître dès 1772 par le drame de Gœtz de Berlichingen; il publia en 1774 le roman de Werther, qui lui avait été suggéré par une aventure de jeunesse. Cet ouvrage, d'un genre tout nouveau, obtint un succès prodigieux, et lui valut la protection et l'amitié du jeune duc de Weimar, Charles-Auguste, qui l'attacha à sa personne, d'abord en qualité de conseiller de légation, et ensuite comme membre du conseil privé. Il n'en fit pas moins paraître successivement un grand nombre d'ouvrages de genres divers, parmi lesquels on distingue les drames de Clavijo, Stella, Iphigénie en Tauride, le Tasse, le comte d'Egmont; les Années d'apprentissage de Wilhem Meister, roman; le Grand Cophte, comédie; le poëme d’Hermann et Dorothée, les Métamorphoses des plantes, les Élégies romaines (écrites à Rome en 1790), et enfin le drame de Faust (1798), œuvre philosophique et religieuse, où il a exprimé ses sentiments, ses luttes intérieures, ses méditations, et après lequel il n'eut plus de rival. Napoléon, pendant son séjour à Erfurt, voulut voir l'écrivain dont le nom remplissait l'Allemagne, et le décora de la grand-croix de la Légion d'honneur (1808). Goethe prit peu de part à la grande lutte du patriotisme allemand contre la France, et pendant que tout s'armait autour de lui, il publiait tranquillement son roman des Affinités électives et ses mémoires sous le titre de Vérité et Poésie (1813). Malgré cette indifférence, il fut choisi pour ministre d'État par le duc de Weimar (1815); il conserva ces fonctions jusqu'en 1828. Sans être ralenti par l'âge, il fit encore paraître plusieurs ouvrages : le Divan oriental (1819), les Années de voyage de Wilhem Meister (1821), faisant suite aux Années d'apprentissage ; la 2e partie de Faust (1829), de charmantes ballades et de nombreux mémoires sur différentes branches des sciences physiques. Il s'éteignit doucement à l'âge de 83 ans et fut inhumé à Weimar, entre Schiller, qui avait été son ami, et le prince Charles-Auguste, son protecteur. Il laissait en mourant des Mémoires et une Correspondance avec Schiller, avec injonction de n'en prendre connaissance qu'en 1850. Gœthe est un des génies les plus remarquables que l'Allemagne ait produits : comme poëte, il égale, s'il ne les surpasse, les plus grands poëtes de son pays; prosateur, son style est un modèle de pureté et d'élégance; comme savant, il a attaché son nom à plusieurs découvertes ingénieuses, notamment au principe de l'unité de composition, développé depuis si heureusement par De Candolle en botanique, par Geoffroy St-Hilaire en zoologie. Mais on chercherait en vain dans ses nombreux ouvrages l'enthousiasme : génie vaste et élevé, mais cœur froid et égoïste, Gœthe paraît n'avoir d'autre religion qu'un panthéisme indécis et il professe une indifférence générale. Ses œuvres ont été réimprimées plusieurs fois ; les éditions les plus récentes sont celle de Stuttgard, 1827-1831, 40 vol. in-8, à laquelle on a joint un supplément en 15 vol., 1832 et années suivantes, et celle de Paris 1835-37, 4 vol. grand in-8. Il existe dans notre langue de nombreuses traductions de son Théâtre et de chacune de ses œuvres séparées. M. Porchat, de Lausanne, en a publié une trad. complète, 1860-63, 10 vol. 8°. On doit à X. Marmier (1855), à M. Richelot (1862) et à M. Mézières (1869 et suiv.) des Études sur Gœthe.

GŒTTINGUE, Gœttingen, v. des États prussiens (anc. roy. de Hanovre), sur la Leine, à 120 kil. S. E. de Hanovre ; 12 000 h. Université célèbre, dite Georgia Augusta, fondée en 1735 par George II, bibliothèque (une des plus riches du monde), jardin botanique, musée, observatoire, collections scientifiques nombreuses ; magnifiques établissements pour les sciences et les arts. Société royale, fondée en 1750. Industrie active; nombreuses imprimeries, instruments de mathématiques et de physique, etc. — Fondée au XIe siècle et jadis ville hanséatique; le commerce y fut très-actif, jusqu'à la guerre de Trente ans. Les Autrichiens l'assiégèrent vainement en 1641 ; les Français la prirent en 1757 et en 1762, et l'occupèrent de 1803 à 1807 ; elle fit partie du roy. de Westphalie jusqu'en 1814. — La principauté de Gœttingue formait jadis un État particulier (compris dans le cercle de B.-Saxe), qui appartenait à une branche de la maison de Brunswick, et qui, à l'extinction de cette branche, s'unit à la princip. de Kalenberg. Elle a fait partie jusqu'en 1866 du roy. de Hanovre, a pour bornes le Brunswick au N. et à l'E., la Saxe prussienne et la Hesse électorale au S. : 65 kil. sur 50; 180 000 h.

GOETZ DE BERLICHINGEN. V. BERLICHINGEN.

GOFFIN (Hubert), maître mineur de la houillère d'Ans, près de Liége, sauva au péril de sa vie 70 ouvriers qu'une inondation avait surpris dans la mine et menaçait d'y engloutir (1812). Il fut en récompense décoré par Napoléon de la croix d'honneur.

GOG et MAGOG, êtres mystérieux que la Bible représente comme rois de peuples géants, ennemis d'Israël. Dans l'Apocalypse, ils sont les précurseurs de l’Antéchrist. — On désigne aussi sous ces noms deux énormes statues de guerriers saxons placées à Londres devant la porte du Guildhall.

GOGOL (Nicolas), écrivain russe, né en 1808, débuta par un recueil de Nouvelles, puis donna une comédie, le Contrôleur, où il signalait les abus de l'administration ; acheva de rendre son nom populaire par son roman des Âmes mortes, peinture assez libre de la société russe, qui lui suscita quelques persécutions; alla passer plusieurs années à Rome, puis revint dans sa patrie, où il fut enlevé presque subitement en 1852 par une mort que l'on a lieu de croire volontaire. Il était, depuis 1847, atteint d'une noire hypocondrie ; dans un de ses accès, il brûla tous ses manuscrits. Une traduction de ses Nouvelles choisies et de son roman de Tarass Boulba, espèce d'Iliade cosaque, a été donnée par L. Viardot, 1845.

GOGRAH, dite aussi DEVA (c.-à-d. Divine), l’Elgoramis d'Arrien ? riv. de l'Hindoustan, sort des monts Himalaya, baigne l'Aoude et la présid. d'Agrah; reçoit le Kali, le Rapti, et tombe dans le Gange à Mandji, après un cours de 800 kil. Elle forme une magnifique cascade à Kanaar. Les Hindous regardent cette riv. comme sacrée.

GOGUET (Ant. Yves), conseiller au parlement de Paris, né en 1716, m. en 1758, est connu par un bon ouvrage : De l'origine des lois, des arts et des sciences, et de leurs progrès chez les anciens peuples, 1758, réimprimé en 1820, 3 vol. in-8.

GOHELLE (LA), petit pays de l'anc. Artois (auj. Pas-de-Calais), où étaient Aix-en-Gohelle, Bully-en-Gohelle, Arleux-en-Gohelle, Montigny-en-Gohelle, Bouvignies-en-Gohelle et Sains-en-Gonelle.

GOHIER (L. Jérôme), l'un des Directeurs de la République française, né en 1746 à Semblancay en Touraine, mort en 1830, était d'abord avocat à Rennes. Il se prononça avec force contre les parlements Maupeou, fut chargé par les états de Bretagne de la défense des droits de la province et rédigea à cet effet un mémoire dans lequel il protestait contre les mesures du ministre Brienne; fut nommé en 1791 membre de l'Assemblée législative, où il combattit la formule du serment civique imposé aux prêtres; fut chargé après le 10 août de faire un rapport sur les papiers trouvés aux Tuileries, et s'acquitta de cette mission avec modération ; fut ap-