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à mort Mustapha, imposteur qui se disait fils de Bajazet et qui lui disputait la couronne; assiégea Constantinople, mais sans succès; s'empara de Smyrne, ravagea la Morée, prit d'assaut Thessalonique en 1429, rendit tributaires les princes de Bosnie et d'Albanie, et battit en 1444, à Varna, Ladislas, roi de Hongrie, et, en 1448, Jean Hunyade, dans les plaines de Cassovie; mais il se vit arrêté dans le cours de ses succès par Scanderbeg, prince d'Épire. Il mourut à Andrinople en 1451. Il avait plusieurs fois abdiqué l'empire, mais chaque fois les revers qu'éprouvaient les ottomans en son absence le forcèrent à se remettre à la tête des affaires.

AMURAT III, succéda à son père Sélim II, et régna de 1574 à 1595. Son premier acte fut de faire étrangler ses cinq frères, tous en bas âge. Il fit avec succès la guerre aux Persans, et leur enleva Tauris et trois provinces. Son grand vizir, Sinan-Pachas s'empara, en Hongrie, de la place importante de Raab, après avoir battu l'archiduc Mathias (1594).

AMURAT IV, succéda à Mustapha, son oncle, en 1623 et porta au plus haut point la puissance ottomane. Il réduisit les Druzes, fit la guerre aux Polonais, puis aux Persans, et enleva Bagdad à ces derniers, en 1638. Il permit ouvertement l'usage du vin, et en fit lui-même abus. Ses débauches avancèrent le terme de ses jours : il mourut en 1640, à 31 ans.

AMYCLÆ, Sclavo Chori, v. de Laconie à 4 kil. S. E. de Sparte, était célèbre par le culte d'Apollon, qui reçut de là le surnom d’Amyclæus. Elle avait été la résidence de Tyndare.

AMYCLÆ, Sperlonga, v. d'Italie, entre Caiète et Terracine, était une colonie de l’Amyclæ de Laconie. Imbue des doctrines pythagoriciennes, qui prescrivaient le silence, elle mérita d'être appelée la muette (tacites regnavit Amyclis), Virgile, Énéide, X, v. 564).

AMYN, 6e calife abbasside, fils d'Haroun-al-Raschid, succéda à ce prince en 809, mais ne se fit remarquer que par ses excès et son incapacité, et fut détrôné par son frère Al-Mamoun en 813.

AMYNTAS, nom de 8 rois de Macédoine, dont le plus connu est Amyntas III, père du grand Philippe. Ce prince régna 26 ans (396-370 av. J.-C.), et commença la puissance des Macédoniens.

AMYOT (Jacques), célèbre écrivain du XVIe siècle, né à Melun d'une famille pauvre, en 1513, mort en 1593, à 80 ans. Il étudia à Paris au collége de Navarre, où il était réduit à servir les étudiants riches. Il reçut les ordres, devint professeur de grec à l'Université de Bourges et y enseigna pendant 10 ans. Il commença à se faire connaître par une traduction des Amours de Théagène et Chariclée d'Héliodore (1546) qu'il dédia à François I et qui lui valut l'abbaye de Bellozanne; il publia quelques années après les Amours de Daphnis et Chloé; mais son titre principal est la traduction de Plutarque, à laquelle il travailla toute sa vie. Le cardinal de Tournon, résident de France à Rome, qui avait pu apprécier Amyot dans un voyage que ce savant avait fait en Italie pour collationner des manuscrits de Plutarque, le fit nommer précepteur des enfants du roi Henri II (1554). Lorsque Charles IX et Henri III, qui avaient été ses élèves, furent montés sur le trône, il le comblèrent de faveurs : il fut nommé grand~aumônier du roi, puis évêque d'Auxerre (1570); et fut pourvu de riches bénéfices. On doit à Amyot une traduction complète des Œuvres de Plutarque; la partie que l'on estime le plus dans ce vaste travail, ce sont sont les Vies des grands hommes; on en admire le style simple et naïf; c'est le plus intéressant monument de la langue française au XVIe siècle: Les Vies parurent en 1559, 2 vol, in-fol., et les OEuvres morales en 1572, 6 vol. in-8. On a depuis réuni et fréquemment réimprimé ces deux ouvrages. On recherche les éditions de Vascosan (1567-75), 13 vol. in-8; de Brottier et Vauvilliers, 1787, 22 vol. in-8; de Clavier, 1801-1806, 25 vol. in-8. Amyot avait aussi traduit quelques livres de Diodore de Sicile, 1554. On doit à M. A. de Blignières un excellent Essai sur Amyot, 1851. Melun lui a élevé une statue, 1860.

ANABAPTISTES, c.-à-d. rebaptisants, hérétiques qui improuvent le baptême donné aux enfants, ne confèrent ce sacrement qu'à ceux qui sont parvenus à l'âge de raison, ou rebaptisent ceux qui ont été baptisés trop jeunes. Leur chef est Nic. Storck, qui, de disciple de Luther, devint son adversaire, et attira à son opinion Carlostad, Munzer et une foule d'autres. Les Anabaptistes ne commencèrent à se faire remarquer que vers 1523. À cette époque Münzer se mit à leur tête, en Franconie, et livra des batailles sanglantes. Ils devinrent assez puissants pour s'emparer de plusieurs villes, notamment de Munster; mais ils furent combattus à outrance et presque entièrement exterminés vers 1535 (V. JEAN DE LEYDE). Néanmoins, cette secte conserva encore quelques partisans en Hollande, où ils sont connus sous le nom de Mennonites, et dans la Grande-Bretagne, où ils se sont confondus avec les Presbytériens.

ANABARA, riv. de la Russie d'Asie, naît vers 68° lat. N., coule au N., sépare les gouvts de Tomsk et d'Irkoutsk, et se jette dans l'Océan Glacial par 105° long. E., après un cours de 600 kil.

ANABASE, c.-à-d. expédition dans l'intérieur des terres. On connaît sous ce nom l'expédition du jeune Cyrus contre son frère Artaxerce (401), à laquelle Xénophon prit part, et dont il a laissé le récit, en y joignant l'histoire de la Retraite des Dix mille.

ANACHARSIS, philosophe scythe, de race royale, vint à Athènes vers l’an 592 av. J.-C., s'y distingua par son mérite et son savoir, et se lia avec les plus grand hommes de cette ville, notamment avec Solon. Étant retourné, après plusieurs années, dans sa patrie, et ayant voulu y introduire les lois de Solon, il fut mis à mort par son propre frère, l'an 548 av. J.-C. Il est mis quelque fois au nombre des sept sages. On lui attribue un grand nombre de bons mots : il comparait les lois aux toiles d'araignée, qui ne prennent que les mouches et laissent passer les oiseaux. — Quant à l'Anacharsis, dont l'abbé Barthélemy a raconté les voyages, c'est un personnage purement fictif, que l'auteur fait vivre deux siècles plus tard, et qu'il suppose descendre du premier.

ANACLET (S.), le 3e pape, qu'on croit le même que S. Clet, régna de 78 à 91, et souffrit, dit-on, le martyre. Il avait été disciple de S. Pierre, et succéda à S. Lin. On le fête le 26 avril.

ANACLET, Pierre de Léon, antipape, se fit élire en 1130 par une partie des cardinaux, tandis qu'Innocent II était élu par les autres. Soutenu par Roger, roi de Sicile, il força Innocent à quitter Rome et l'Italie. Il fut excommunié par le concile de Pise en 1134 et mourut en 1138.

ANACRÉON, poëte lyrique grec, né à Téos, en Ionie, vers 560 av. J.-C. Polycrate, tyran de Samos, l'appela à sa cour et l'associa à ses affaires ainsi qu'à ses plaisirs. Anacréon partagea son temps entre l'amour et le vin et chanta l'un et l'autre dans des vers remarquables par l'enjouement, la grâce et la délicatesse. On croit qu'il mourut à 85 ans, étranglé, dit-on, par un pépin de raisin qu'il ne put avaler. Les Odes qui nous reste sous le nom de cet aimable poëte ont été recueillies par Henri Étienne en 1554, in-4, avec une excellente traduction en vers latins. Les meilleures éditions de ces Odes ont été données par Fischer, Leipsick, 1776, par Brunck, Strasb., 1786, et par Boissonnade, Paris, 1823, in-32. Les principaux traducteurs français d'Anacréon sont Remy Belleau, Lafosse, Mme Dacier, Gacon, Moutonnet de Clairfons, Poinsinet, A. Firmin Didot. Saint Victor et Veissier-Descombes l'ont traduit en vers.

ANACTORIUM, Vonitza, v. d'Acarname sur le golfe d'Ambracie, était une colonie corinthienne. Elle fut l'occasion de guerres entre Corcyre et Corinthe. Auguste, après la bataille d'Actium, en transféra les habitants à Nicopolis.

ANADYOMÈNE, c.-à-d. en grec qui s'élève des flots, un des surnoms de Vénus. V. VÉNUS.