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mais, battu par le prince Charles, il fut remplacé par Masséna. Nommé membre du Conseil des Cinq-Cents (1797), il fit voter la loi sur la conscription. Républicain sincère, il s'opposa au coup d'État du 18 brumaire et fut exclu du Corps législatif. On le chargea néanmoins d'administrer le Piémont (1800), et il fut président de la consulta de ce pays. Napoléon le nomma sénateur, puis maréchal de l'Empire (1804), mais il le laissa sans commandement important. En 1814, il adhéra à la déchéance de l'Empereur et devint pair. Après 1830, il fut appelé au gouvernement des Invalides, qu'il conserva jusqu'à sa mort.

JOURDAN (le Dr Ant. Jacq. Louis), infatigable traducteur, né à Paris en 1788, m. en 1848, servit dans la chirurgie militaire, profita de ses campagnes en Allemagne pour se familiariser avec la langue du pays, fut licencié en 1814, et se consacra dès lors à des travaux de cabinet qui le firent admettre à l'Académie de Médecine. On lui doit la traduction d'un grand nombre d'ouvrages des genres les plus divers : médecine, chimie, philosophie, droit même. Nous citerons : l’Histoire de la médecine, de Sprengel (1815-20), l’Anatomie du cerveau, de Fr. Tiedemann (1823), l’Art de prolonger la vie, de Hufeland (1824), l’Anatomie générale de Meckel (1825), la Chimie de Berzélius (1829-33), la Doctrine homœopathique et les Maladies chroniques d'Hahnemann (1832), la Matière médicale du même (1834), l’Anatomie comparée de Carus (1835), la Physiologie de Burdach (1837-41), l’Encyclopédie anatomique de Bischoff. Henle, etc. (1843-47). On lui doit en outre une Pharmacopée universelle (1828 et 1840), œuvre prodigieuse de patience et d'érudition.

JOURNÉES DES BARRICADES, DES DUPES, DE JUILLET, etc. V. les mots BARRICADES, DUPES, etc.

JOURS (GRANDS-). V. GRANDS-JOURS.

JOUSSOUF. V. YOUSSOUF.

JOUVENCE, Juventa, nymphe d'Italie, aimée de Jupiter, fut métamorphosée par ce dieu en une fontaine qui avait la vertu de rajeunir ceux qui s'y baignaient. La Fontaine de Jouvence joue un grand rôle dans les romans du moyen âge ; on la plaça originairement dans le paradis terrestre, puis dans les Ardennes, et dans cent autres lieux. Lors de la découverte du Nouveau-Monde, on crut que c'était là qu'il fallait la chercher. — Une fontaine de St-Gengoux-le-Royal, près de Mâcon, porte le nom de Fontaine de Jouvence.

JOUVENCY ou JOUVANCY (le P.), jésuite, né à Paris en 1643, enseigna la rhétorique à Caen, à La Flèche et à Paris (au collège de Louis-le-Grand), puis fut appelé à Rome en 1699 pour y continuer l’Histoire des Jésuites (qu'il conduisit de 1591 à 1616), publiée à Rome en 1710, et mourut dans cette ville en 1719. Le P. Jouvency est un des hommes qui ont rendu le plus de services à l'instruction de la jeunesse. Ses principaux ouvrages sont : Novus apparatus græco-latinus, cum interpretatione gallica, Paris, 1681 ; De Ratione discendi et docendi Lyon, 1692, trad. en fr. par Lefortier (1803) : c'est un petit traité des études dont Rollin fait un grand éloge; Appendix de Diis et Heroïbus, abrégé de mythologie encore employé dans les collèges; mais il est surtout connu par ses éditions classiques expurgées de Juvénal, Serse, Térence, Horace, Martial, Ovide, etc. Il a aussi composé des discours latins et des poésies latines. Son style latin est remarquable par la précision et l'élégance.

JOUVENET (Jean), peintre d'histoire, né en 1647 à Rouen, d'une famille d'artistes distingués, m. en 1717, vint de bonne heure à Paris, où il se fit connaître par son Tableau de la guérison du paralytique (1666), travailla quelque temps pour Lebrun, fut reçu à l'Académie de Peinture dès 1675 et devint en 1707 un des 4 recteurs de la compagnie. Il a composé un très-grand nombre d'ouvrages, tant à fresque que sur toile, et a fait aussi beaucoup de portraits. Ses plus belles compositions sont : Esther devant Assuérus ; La pêche miraculeuse ; une Descente de croix; une Assomption; et surtout la Resurrection de Lazare (tous au Louvre). Devenu paralytique du côté droit, il s'exerça à peindre de la main gauche, et y réussit parfaitement : c'est de cette main qu'il fit son beau Magnificat (dans le chœur de N.-D. de Paris). Sa Vie a été écrite par Leroy, 1859.

JOUX, lac de Suisse (Vaud), dans une vallée de même nom, au pied du Jura, à 1000m au-dessus du niveau de la mer, 10 kil. sur 2. Il reçoit l'Orbe, qui en sort par des canaux souterrains, et est sujet à des crues subites. Ce lac abonde en poissons.

JOUX (vallée de), formée par le Jura, est partie en France (Jura), partie en Suisse (Vaud). Elle a 26 kil. de long et renferme les lacs de Joux et des Brenets. La partie française, située dans l'arr. de St-Claude, est stérile; la partie suisse est riche en prairies et en forêts. — Au XIIe siècle, cette vallée était encore déserte. Frédéric Barberousse la donna à des moines Prémontrés, qui la défrichèrent et y attirèrent des habitants. Beaucoup de protestants réfugiés s'y établirent lors de la révocation de l'édit de Nantes.

JOUX (château de), Jovium, Juca, fort de France (Doubs), sur une montagne isolée, près de la r. d. dû Doubs, et à 5 kil. S. E. de Pontarlier, commande la ville de Pontarlier et la route de Neufchâtel et de Lausanne. Fouquet, Mirabeau et Toussaint Louverture y furent détenus.

JOUY, Joyacum, vge de France (Seine-et-Oise), sur la Bièvre, à 6 kil. S. E. de Versailles; 1600 hab. Beau château moderne. Célèbre manufacture de toiles peintes, fondée en 1760 par Oberkampf. Anc. seigneurie, qui a appartenu au connétable de Clisson et qui fut érigée en comté en 1654.

JOUY-AUX-ARCHES, vge de France (Moselle), à 10 kil. S. O. de Metz; 900 hab. On y voit sur les deux rives de la Moselle cinq arches, restes d'un aqueduc romain, qui versait les eaux des sources de Gorze dans la naumachie de Metz.

JOUY (V. Jos. ÉTIENNE, dit de), littérateur, né en 1764 à Jouy (Seine-et-Oise), m. en 1846 à St-Germain, servit fort jeune en Amérique et dans l'Inde, revint en France en 1790 et fit les premières campagnes de la Révolution : il était déjà commandant de place (1797) lorsqu'il prit sa retraite pour se consacrer aux lettres. Il débuta par de gais vaudevilles (Comment faire ? la Fille en loterie, 1798; les Sabines, 1799), qui furent applaudis; mais ce qui fit sa réputation, ce fut l'opéra de la Vestale (musique de Spontini), 1807, qui eut une vogue extraordinaire et lui valut en 1810 le prix décennal de poésie lyrique; il donna encore à l'Opéra Fernand Cortez (avec Spontini), 1807; les Bayadères (avec Catel), 1810; les Amazones et les Abencerrages (avec Cherubini), 1812-1813; enfin Moïse, 1827, et Guillaume Tell, 1829 (avec Rossini). S'essayant aussi dans la tragédie, il fit représenter au Théâtre-Français Tippo Saëb (1813), Sylla (1822), dont le succès fut dû surtout au talent de Talma et à des allusions politiques, Bélisaire (1825), Julien dans les Gaules (1827) : ces 2 dernières tragédies furent froidement accueillies. De Jouy écrivait en même temps, par articles détachés et sous le masque de l’Ermite de la Chaussée d'Antin, de légères esquisses des mœurs parisiennes, qui amusèrent quelque temps le public et piquèrent la curiosité; mais, entraîné par le succès, il donna plusieurs suites à son Ermite qui étaient loin de valoir l'original. Chaud défenseur des idées libérales, de Jouy écrivit dans le Constitutionnel, dans la Minerve et dans une foule de petits journaux, des articles de vive opposition; il eut par suite à subir, avec Jay, son collaborateur, une détention de quelques mois, qui n'eut d'autre effet que de les rendre tous deux plus populaires, et qui leur suggéra l'idée de deux nouveaux ouvrages: les Ermites en prison, et les Ermites en liberté (1823 et 1824). En 1830, le roi Louis-Philippe le nomma bibliothécaire du Louvre. M. de Jouy a publié lui-même de 1823 à 1827 ses OEuvres com-