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cipal rôle. Hérode, Archélaüs, son fils, et Hérode Agrippa y régnèrent ; Ponce-Pilate en fut procurateur. Réunie à l’empire l’an 44 de J.-C., elle forma, sous Constantin, avec la Samarie, la Palestine Ire. V. PALESTINE et JUIFS.

JUDENBURG, Idunum, v. des États autrichiens (Styrie), ch.-l. de cercle, à 80 kil. N. O.. de Graetz ; 2000 hab. Château. Forges ; source minérale.

JUDEX (Matthieu), en all. Richter, théologien, né en 1528, à Tipposwald (Misnie), m. en 1564, est un des auteurs des célèbres Centuries de Magdebourg (V. MAGDEBOURG). On lui doit aussi un traité sur l’Invention de la typographie, etc.

JUDICAEL, roi de la Bretagne armorique, céda ses droits à Salomon, son frère, en 612, et se retira dans le monastère de St-Méen ; mais il en sortit pour monter sur le trône en 632. En 636 il se soumit à Dagobert, roi des Francs, sur les instances de S. Éloi ; deux ans après, il rentra dans son monastère où il mourut (658). On l’honore comme saint le 16 déc.

JUDITH, héroïne juive, veuve de Manassès, riche citoyen juif, habitait Béthulie, lorsque Holopherne, général de Nabuchodonosor, roi d’Assyrie, vint assiéger cette ville. Judith, pour sauver son pays, alla trouver le général ennemi : celui-ci, frappé de sa beauté, l’accueillit et l’invita à un repas, dans lequel il s’enivra ; pendant son sommeil, elle lui trancha la tête avec son propre glaive et emporta cette tête à Béthulie. On place cet événement vers 659 av. J.-C. L’histoire de Judith est rapportée dans un livre de la Bible qui fait partie des livres canoniques, mais que les Protestants regardent comme apocryphe. L’action de Judith a inspiré plusieurs tragédies (notamment à Boyer, 1695, à Mme Girardin, 1843), et a été admirablement représentée sur la toile par H. Vernet.

JUDITH, 2e femme de Louis le Débonnaire et fille de Welf, comte de Revensberg ou Altdorf (en Bavière), épousa Louis en 819. Devenue mère de Charles le Chauve (823), elle engagea son époux à faire un nouveau partage de ses États entre ses enfants, afin de pouvoir apanager le jeune Charles ; mais les fils du 1er lit, Pépin, Louis et Lothaire, se voyant dépouillés en partie, se révoltèrent ; Judith, arrêtée dans sa fuite, fut enfermée au couvent de Ste-Radegonde, à Poitiers (829), comme coupable d’adultère. Néanmoins, dès l’année suivante, elle reparut à la cour. Emprisonnée une 2e fois à Tortone (833), elle réussit encore à sortir de prison. Elle reprit son ascendant sur Louis, et le conserva jusqu’à sa mort (843). — Une autre Judith, fille de Charles le Chauve et petite-fille de la précéd., née vers 843, épousa Ethelwolf, roi de Wessex, déjà vieux, puis, après la mort de ce prince, Baudouin, grand forestier de Flandre, pour qui la Flandre fut érigée en comté.

JUGEMENT DE DIEU, sorte d’épreuves auxquelles on avait recours pendant le moyen âge pour s’assurer de l’innocence ou de la culpabilité d’un accusé, et qui tiraient leur nom de ce qu’elles supposaient une intervention divine en faveur du bon droit. On les nommait aussi Ordalies (du saxon ordal, urtheil, jugement). La nature de ces épreuves a souvent varié. Elles consistaient tantôt à rester un certain temps sous l’eau sans se noyer ou à plonger le bras dans un vase d’eau bouillante sans en éprouver aucun mal (épreuve de l’eau), tantôt à prendre avec la main une barre de fer rouge, ou à marcher pieds nus sur du fer ardent (c’est ce qu’on appelait le jugement par le feu). Le jugement par la croix consistait à tenir pendant un temps donné les bras élevés en croix : celle des deux parties qui était lassée la première perdait sa cause. On mettait aussi au nombre des jugements de Dieu les combats singuliers. S. Louis, en n’admettant plus que la preuve par témoins, mit fin à ces sortes de jugements où la raison et la justice étaient obligées de céder aux caprices du hasard ou à la fraude. Déjà le pape Innocent III avait condamné au concile de Latran plusieurs de ces épreuves.

JUGES, magistrats suprêmes des Hébreux, étaient des chefs électifs qui cumulaient le commandement militaire avec le pouvoir judiciaire : Héli et Samuel y joignirent le pouvoir sacerdotal. Les Juges gouvernèrent les Hébreux après les Anciens, 18 ans après leur entrée dans la Terre-Promise, et jusqu’à la création des rois (1564-1080). Voici leurs noms :

Othoniel, 1554-1514 Jephté, 1243-1237
Ahod, 1496-1416 Abesan, 1237-1230
Débora, 1396-1356 Ahialon, 1230-1220
Gédéon, 1349-1309 Abdon, 1220-1212
Abimélech, 1309-1306 Samson, 1172-1152
Thola, 1306-1283 Héli, 1152-1112
Jaïr, 1283-1261 Samuel, 1092-1080

La série des Juges fut plusieurs fois interrompue par l’asservissement momentané des Juifs au joug de l’étranger. Ces interrègnes sont connus sous le nom de Servitudes (V. ce mot). En outre, la souveraineté resta vacante 20 ans (1112-1092), depuis la mort d’Héli jusqu’à l’élection de Samuel. L’histoire des juges est racontée dans un des livres de la Bible, les Juges, qu’on attribue à Samuel.

JUGON, ch.-l. de. c. (Côtes-du-Nord), à 22 kil. S. O. de Dinan, sur l’Arquenon ; 618 hab. Château fort, regardé jadis comme la plus forte place de la Bretagne. Il a été rasé en 1420.

JUGURTHA, roi de Numidie, né vers 154 av. J.-C., était fils naturel de Manastabal, le plus jeune des fils de Massinissa. Il fut élevé à la cour de Micipsa, son oncle, qui, en mourant, partagea (119) ses États entre lui et ses deux fils, Adherbal et Hiempsal. Jugurtha, voulant régner seul, fit égorger Hiempsal et assiégea Adherbal dans Cirta. Rome, implorée par Adherbal, envoya plusieurs généraux qui se laissèrent corrompre par l’or du roi numide. Après la mort d’Adherbal, Jugurtha, cité devant le peuple romain, osa venir à Rome et y faire assassiner son compétiteur Massiva. Il repartit ensuite pour l’Afrique, après avoir acheté les consciences vénales de ses juges. Cependant, le peuple lui fit déclarer de nouveau la guerre (110) : deux fois battu, par Cæcilius Métellus et par Marius, il fut livré aux Romains par son beau-père Bocchus, roi de Mauritanie (106). Il fut amené en triomphe à Rome, et jeté dans un cachot où il mourut de faim. La guerre, des Romains contre Jugurtha a été écrite par Salluste.

JUIF ERRANT (le), personnage fameux dans les traditions populaires. On conte que, pendant que Jésus portait sa croix, pliant sous le faix, il voulut se reposer devant la maison d’un Juif nommé Abasvérus, mais que celui-ci le chassa brutalement, et que, pour le punir, le Seigneur lui dit : « Tu seras errant sur la terre jusqu’à ce que je revienne. » Depuis, il n’a cessé d’errer sans pouvoir trouver un lieu de repos. Cette fable paraît être un symbole du sort du peuple juif, forcé, depuis tant de siècles, à errer loin de son pays.

JUIFS, peuple célèbre, qu’on désigne aussi sous les noms d’Hébreux ou d’Israélites. Le nom d’Hébreu (qu’on croit tiré d’Heber, un des ancêtres d’Abraham) est le plus ancien ; il fut remplacé depuis Jacob par celui d’Israélites, du mot Israël, surnom de Jacob. Le nom de Juif (Judæus) ne date que de la captivité de Babylone (606) : il prévalut parce que le roy. de Juda fut subjugué le dernier.

I. Histoire. Le peuple juif reconnaît pour père Abraham, qui, sorti de Chaldée, entra vers l’an 2291 dans la terre de Chanaan. Après Abraham, il eut pour chef son fils Isaac, puis Jacob, fils d’Isaac, Celui-ci eut 12 fils, parmi lesquels Juda, l’ancêtre de David et du Christ. La famille de Jacob, s’étant considérablement multipliée, forma après lui 12 tribus (V. JACOB). À la fin de sa vie, Jacob appelé en Égypte par son fils Joseph, s’était fixé dans le pays de Gessen, vers 2076. Sa postérité, puissante d’abord, fut ensuite asservie et persécutée par les Pharaons. En 1645, Moïse la delivra du joug des Égyptiens, et il se mit à la tête des Israélites pour las ramener dans le pays de Chanaan. Sous sa conduite, les Israélites