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nommé Frank Lichtenfels, qui transforma son nom en celui de La Roche. On a d'elle un assez grand nombre de romans écrits en allemand : Mlle de Sternheim, 1771, 2 vol. in-8 (trad. par Mme de La Fite, 1773); Contes moraux; les Caprices de l'Amour et de l'Amitié, 1773 ; les Soirées de Mélusine, 1806, etc.

LAROCHE (Benj.), traducteur, 1797-1852, débuta sous la Restauration par des pamphlets politiques, qui le firent condamner à 6 ans de prison et 6000 fr. d'amende, se réfugia en Angleterre, y acquit une connaissance approfondie de la langue du pays, tout en enseignant le français, et se voua, depuis son retour (1827), à faire passer dans notre langue les auteurs qui avaient le plus de vogue en Angleterre et aux États-Unis. Il traduisit lord Byron, W. Scott, W. Irving, Cooper, Bulwer, Dickens, et balança en ce genre le succès de M. De Fauconpret. En 1848, il retourna à la politique et rédigea la Tribune du peuple.

LAROCHE-ABEILLE. V. LA ROCHE-L'ABEILLE.

LA ROCHE-AYMON (Ch. Antoine de), cardinal, né en 1697 à Mainsat, près d'Aubusson, d'une ancienne famille, mort en 1777, fut successivement évêque de Tarbes, archevêque de Toulouse (1740), puis de Narbonne (1752), archevêque de Reims (1762), ministre de la feuille des bénéfices, et enfin cardinal, en 1771. Il dut toutes ces faveurs à son caractère souple et à son esprit conciliant.

LA ROCHE-BERNARD, ch.-l. de c. (Morbihan), sur la r. g. de la Vilaine, à 50 kil. S. E. de Vannes; 1251 hab. Magnifique pont suspendu sur la Vilaine, construit en 1839. Blé, bois, miel. Jadis titre d'une baronnie qui fut érigée en duché-pairie en 1663.

LA ROCHE-CANILLAC, ch.-l. de c. (Corrèze), à 15 k. S. E. de Tulle; 574 h.

LA ROCHE-CHALAIS, bourg de la Dordogne, sur la Dronne, à 92 k. S. O. de Riberac; 1100 h. Station.

LA ROCHE-DERRIEN, ch.-l. de c. (Côtes-du-Nord), à 16 kil. E. de Lannion; 1555 hab. Jadis ville forte et plusieurs fois assiégée. Charles de Blois fut fait prisonnier sous ses murs en 1347.

LA ROCHEFOUCAULD, ch.-l. de c. (Charente), sur la Tardouère, à 21 kil. N. E. d'Angoulême ; 2115 hab. Collége. Tanneries, fils; bestiaux. Château qui date du XVIe siècle, avec une tour beaucoup plus ancienne. Baronnie connue dès le XIe siècle sous le nom de La Roche, nom auquel s'ajouta celui de Foucauld, prénom du second de ses barons; elle fut érigée en comté en 1515, et en duché-pairie en 1622.

LA ROCHEFOUCAULD (maison de), illustre famille de France, d'une antique noblesse, commence à être connue dès le XIe siècle, sous le règne du roi Robert. Elle a produit un grand nombre de personnages distingués. — L'un d'eux, François, comte de La Rochefoucauld, eut l'honneur de tenir le roi François I sur les fonts de baptême et de lui donner son prénom (1494) : depuis, l'aîné de la famille a toujours porté le nom de François.

LA ROCHEFOUCAULD (Franç. de), cardinal, né à Paris en 1558, mort en 1645, fit un voyage à Rome, fut à son retour nommé évêque de Clermont, en 1585, refusa de reconnaître Henri IV jusqu'à sa conversion, fut nommé cardinal en 1607, à cause du zèle qu'il avait mis à faire recevoir en France les actes du concile de Trente, fut transféré en 1613 au siége de Senlis, et devint en 1622 président du Conseil d'État. Il se démit de ses fonctions en 1624 pour s'occuper tout entier de la réforme des ordres religieux, et fonda la congrégation de Ste-Geneviève, dite aussi Congrégation de France.

LA ROCHEFOUCAULD (François, duc de), d'abord connu sous le nom de prince de Marsillac, né à Paris en 1613, m. en 1680, se signala en diverses occasions par son courage, mais se fit surtout remarquer par sa profonde connaissance des hommes et par son esprit d'intrigue. Épris de la duchesse de Longueville, il entra, pour lui plaire, dans le parti des Frondeurs : il reçut au combat de la porte St-Antoine un coup de feu qui lui fit perdre momentanément la vue. Rentré an grâce, il fut fait par Louis XIV chevalier de l'ordre du roi (1661), puis gouverneur du Poitou. Il passa sa vieillesse dans l'intimité de Mmes de La Fayette et de Sévigné. Il refusa d'entrer à l'Académie française, parce qu'il redoutait de parler en public. Il a laissé de curieux Mémoires sur le règne d'Anne d'Autriche, qui furent publiés malgré lui en 1662, et qu'il s'empressa de désavouer (réimprimés en 1817 par Renouard sur le texte authentique), et le célèbre livre des Maximes, imprimé pour la 1re fois en 1665 sous le titre de Réflexions et sentences, ou Maximes morales, et souvent réimpr., notamment en 1678 et en 1853 (avec notes de Gratet-Duplessis). Ce petit ouvrage a fait sa réputation, tant à cause de la perfection du style que pour la hardiesse des paradoxes : il y prétend que l'amour-propre, ou l'amour de soi, est le seul mobile de toutes les actions humaines. Égoïste, ambitieux, intrigant, libertin, La Rochefoucauld n'a que trop souvent appliqué ses maximes. Ses Œuv. complètes ont été publ. en 1825 et 1844. Ed. de Barthélemy a donné en 1863 des Œuv. inédites.

LA ROCHEFOUCAULD (L. Alex. de), protecteur éclairé des sciences et des lettres, né en 1735, fut membre de l'Assemblée des notables et des États généraux de 1789, fit partie de la minorité de la noblesse qui se réunit au Tiers état, se montra partisan modéré de la Révolution, et n'en fut pas moins victime des Jacobins. Il fut arrêté et massacré à Gisors le 14 sept. 1792.

LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT (Franc. Alex. Fréd., duc de), cousin du préc., né en 1747, m. en 1827, fut grand maître de la garde-robe sous Louis XV et Louis XVI. Député aux États généraux par la noblesse de Clermont en Beauvoisis (1789), il se montra dévoué au roi, et en même temps zélé pour les intérêts du peuple. Il eut part au rappel de Necker après la prise de la Bastille, défendit le roi après sa fuite à Varennes, et fut un des membres les plus actifs du club des Feuillants. Nommé commandant militaire de Rouen après la clôture de l'assemblée, il offrit un asile à Louis XVI, qui le refusa, et fut destitué après le 10 août (1792). Il se rendit alors en Angleterre, et, quelque temps après aux États-Unis. Rentre en France après le 18 brumaire, il s'occupa d'entreprises philanthropiques, fonda des manufactures, créa dans sa propriété de Liancourt une école d'arts et métiers, y fit faire les premiers essais de la vaccine, et contribua de tout son pouvoir à propager cette découverte, ainsi que l'enseignement mutuel. Appelé à la Chambre des Pairs en 1814, il continua à y professer des idées libérales : aussi fut-il disgracié par Charles X et écarté même de divers postes purement philanthropiques, qu'il remplissait gratuitement. Connu longtemps sous le seul nom de Liancourt, il avait pris le titre dé duc de La Rochefoucauld après la mort de son cousin, Louis Alexandre. On lui doit, entre autres ouvrages : Des prisons de Philadelphie, 1796; Voyage dans les États-Unis, 1800. Sa vie a été écrite par le comte Frédéric Gaëtan de La Rochefoucauld, 1827. Une statue lui a été érigée à Liancourt en 1861.

LA ROCHEFOUCAULD-DOUDEAUVILLE (Ambroise de), 1765-1841, devait le nom de Doudeauville à sa femme, héritière de la terre de Doudeauville en Boulonnais. Major au 2e régiment de chasseurs en 1789, il émigra, mais sans porter les armes contre la France; il rentra sous le Consulat, mais sans accepter de fonctions publiques, se fixa dans sa terre de Montmirail où il répandit d innombrables bienfaits, fut élu membre, puis président du conseil général de la Marne, devint en 1814 pair de France, en 1815 président du conseil de perfectionnement de l'École polytechnique, en 1821 directeur des postes, en 1824 ministre de la maison du roi; se démit en 1827 pour ne pas concourir à la dissolution de la garde nationale, et sut toujours concilier ce qu'il devait à sa patrie avec l'affection qu'il portait aux Bourbons. Éminemment charitable, il coopéra à une foule de bonnes œuvres : société philanthropique, société pour l'instruction élémentaire, société des prisons, conseil des hospices, eus.