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l’abbaye de Port-Royal des Champs, anima Louis XIV contre le cardinal de Noailles, et obtint du St-Siége la bulle Unigenitus, 1713. À la mort de Louis XIV, il fut exilé de la cour ; il mourut en 1719, au collége des Jésuites de La Flèche. Entre autres écrits, on a de lui : Histoire des cinq propositions de Jansénius, 1699, et le P. Quesnel séditieux et hérétique, 1705.

LETELLIER (Constant), né en 1762 à Boulogne, m. à Paris en 1841, tint un pensionnat florissant à Paris, et publia divers ouvrages classiques estimés, entres autres une Grammaire française, souvent réimprimée, et un Traité des participes.

LÈTES, Læti, nom commun à diverses tribus barbares de la Gaule au moyen âge. C’étaient des Germains ou des Sarmates, pris à la guerre et transportés dans l’intérieur de l’empire où ils étaient chargés de cultiver le sol et au besoin de le défendre. Ils étaient attachés à la glèbe, sans être toutefois considérés comme esclaves. — Ausone donne spécialement ce nom à une tribu de Sarmates transportée par ordre de Maximien dans le pays des Nerviens et des Trévires.

LÉTHÉ, c.-à-d. en grec Oubli, une des rivières des Enfers chez les Païens ; ceux qui s’y désaltéraient oubliaient le passé.

LETHIÈRE (Guill. Guillon), peintre, né en 1769 à la Guadeloupe, m. en 1832, remporta le grand prix en 1786, devint en 1807 directeur de l’Académie française de peinture à Rome, et entra en 1818 à l’Institut. On a de lui : Junius Brutus condamnant ses fils, Philoctète à Lemnos, Homère chantant, le Jugement de Pâris. Ses tableaux se distinguent par une belle ordonnance et une grande énergie.

LETI (Gregorio), écrivain, né à Milan en 1630, m. en 1701, était neveu d’un évêque. Après avoir dissipé sa fortune dans les plaisirs, il embrassa le Protestantisme, se réfugia à Genève où il enseigna l’italien, se fit chasser de cette ville pour quelques traits satiriques (1679) ; alla en Angleterre, fut encore forcé de quitter ce pays pour la même cause (1682), et se fixa enfin à Amsterdam. On a de lui, outre de violents libelles : Histoire de Sixte-Quint, Lausanne, 1669 ; — de Philippe II, 1679 ; — d’Angleterre, 1682 ; — de Genève, 1686 ;— de Belgique, 1690 ; — de Cromwell, 1692 ; — d’Élisabeth, 1693 ; — de Charles-Quint, 1700. Partial et inexact, cet historien est en outre négligé dans son style et ne sait pas exciter l’intérêt.

L’ÉTOILE (Pierre de), V. ÉTOILE.

LETOURNEUR (P.), écrivain, né à Valognes en 1736, m. à Paris en 1788, se voua au genre de la traduction, et y obtint un grand succès. Son style a de l’harmonie, de la facilité, mais n’est pas exempt d’emphase et de recherche. Letourneur est un des premiers qui aient fait connaître Shakspeare à la France ; il professait pour cet auteur un enthousiasme exclusif. On distingue parmi ses traductions : les Nuits et les Œuvres diverses d’Young, 1769-70 ; les Méditations sur les tombeaux de Hervey, 1770 ; Théâtre de Shakspeare, 177'6 et années suivantes, 20 vol. in-8 ; Ossian, fils de Fingal, poésies galliques, 1777 ; Clarisse Harlowe, 1784-87, 10 vol in-8.

LETOURNEUR (Ch. L. Fr. H.), né à Granville en 1751, m. près de Bruxelles en 1817, fut député à l’Assemblée législative et à la Convention, où il vota la mort de Louis XVI ; devint membre du Directoire en 1795, mais en sortit l’année suivante. Il fut depuis préfet de la Loire-Inférieure en 1800 et maître des comptes en 1810. En 1815, il fut banni comme régicide.

LETRONNE (Jean Antoine), né en 1787 à Paris, d’une famille pauvre, m. en 1848, se forma presque seul, approfondit la géographie sous Mentelle et le grec sous Gail, voyagea de 1810 à 1812 avec un riche étranger, et visita ainsi la France, l’Italie, la Suisse et la Hollande ; fit paraître après son retour un Essai sur la topographie de Syracuse au Ve siècle av. J.-C. et quelques autres travaux d’érudition, ce qui le fit choisir pour terminer le Strabon de Laporte-Dutheil ; fut admis dès 1816 à l’Académie des inscriptions, et bientôt après nommé inspecteur général des études ; devint en 1832 directeur de la Bibliothèque du Roi, en 1834 professeur d’archéologie au Collége de France, succéda en 1840 à Daunou comme garde général des archives, et joignit à cet emploi les fonctions de directeur de l’École des chartes (1847). Letronne a laissé un grand nombre d’ouvrages et de mémoires qui se distinguent par la sagacité et par la sûreté de la critique. Collaborateur de Champollion, il publia des Recherches sur l’Histoire de l’Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains, 1823 ; sur l’Objet des représentations zodiacales, 1824 (à l’occasion du zodiaque de Denderah) ; sur le Christianisme en Égypte, en Nubie, en Abyssinie, 1832 ; sur la Statue vocale de Memnon, 1833 ; sur l’Inscription de Rosette, 1840 ; enfin il donna un vaste Recueil des inscriptions grecques et latines de l’Égypte, 1841-49, 3 vol. in-4. On remarque encore ses travaux sur la Métrologie des anciens, sur les Monnaies grecques et romaines, 1817 ; sur la Peinture murale chez les Grecs et les Romains, 1840, etc. Il a fourni de nombreux articles au Journal des savants, à la Revue archéologique et autres recueils. On lui doit l’édition de Rollin en 30 vol. in-8, publiée par Didot, 1821-25. Walckenaër a lu en 1850 son Éloge à l’Académie des inscriptions. Ses principaux écrits ont été réunis en 1860 sous le titre de Mélanges d’érudition et de critique historique, I vol. in-8.

LETTERE, v. d’Italie (prov. de Naples), à 18 kil. N. O. de Salerne ; 4600 hab. Évêché.

LETTONS, anc. peuple des bords de la Baltique, forme encore le fond de la population rurale en Lithuanie, en Esthonie, en Courlande, en Sémigalle. Il parle une langue à part, qui a 2 dialectes, le letton pur et le sémigall. — On a longtemps nommé Lettonie la partie méridionale de la Livonie.

LETTRE DOMINICALE, lettre employée dans la comput ecclésiastique. V. DOMINICALE dans notre Dictionnaire des Sciences.

LEU (S.), évêque de Sens en 609, sous le règne de Clotaire II, était d’une maison alliée à la famille royale. Calomnié auprès du roi, il fut envoyé en exil ; mais son innocence fut reconnue, et il fut rappelé. Il mourut en 623. On le fête le 1er sept.

LEUCA, v. de l’Italie anc. (Iapygie), à l’E., près de l’Iapygium ou Salentinum promontorium, auj. Cap de Leuca (dans la Terre d’Otrante), à l’extrémité S. E. de l’Italie. Cette ville fut détruite au XIe siècle par les Barbares, et remplacée par Alessano. V. ce mot.

LEUCADE, Leucas, auj. Ste-Maure, île de la mer Ionienne, près de l’Acarnanie, dont elle n’était séparée que par un étroit canal (auj. un pont la joint au continent). On y trouve au N. une ville du nom de Leucade, qui fut quelque temps la capitale de l’Acarnanie. — Au S. de l’île était un cap dont le pied était hérissé de brisants. Les amants malheureux venaient chercher un remède à leurs maux en se précipitant du haut de ce cap dans la mer : c’est ce qu’on appelait Saut de Leucade. Ceux qui échappaient à la mort après ce saut périlleux étaient guéris de leur amour. Sapho et une foule d’autres périrent, dit-on, en recourant à ce terrible remède. — L’île de Leucade avait conservé son indépendance au milieu des guerres civiles de la Grèce ; elle la perdit lors de l’expédition de Flamininus contre Philippe, roi de Macédoine. Sous l’empire d’Orient, elle fut souvent ravagée par les Barbares. Elle tomba en 1229 au pouvoir d’une famille napolitaine, celle des comtes de Tochis, qui la possédèrent, avec plusieurs îles voisines, sous la suzeraineté de Venise, jusqu’en 1479, époque où elle fut conquise par Mahomet II. Prise par les Vénitiens en 1684, elle leur resta jusqu’en 1797. Depuis, elle a suivi le sort des autres îles Ioniennes. V. IONIENNES (îles) et STE-MAURE.

LEUCATE, Leocata, bourg du dép. de l’Aude, entre l’étang de Leucate et la Méditerranée, à 40 kil S. de Narbonne ; 1275 hab. Jadis ville assez grande et forte ; vainement assiégée par les Ligueurs en 1590 ; démantelée en 1664.

LEUCÉ (c.-à-d. Blanche), auj. Ile des Serpents, îlot du Pont-Euxin, en face des bouches de l’Ister, était