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LORD, titre usité en Angleterre, désignait dans l’origine le seigneur d’un domaine, par opposition à ses vassaux ; il est depuis devenu synonyme de noble. Il s’applique particulièrement aux membres de la chambre des pairs dite Chambre des Lords. — Il est quelquefois simplement ajouté au titre d’un office, comme quand on dit le lord maire (le maire de Londres). Le chef de justice, le chancelier, le grand amiral, le Chambellan, le prévôt d’Édimbourg, les 15 juges de la cour criminelle d’Écosse, le lieutenant d’Irlande, portent aussi le titre de lord.

LOREDANO, maison noble de Venise, a fourni plusieurs doges. L’un d’eux, Leonardo Loredano, doge en 1501, m. en 1521, institua les inquisiteurs d’État, qui usurpèrent bientôt tout le pouvoir.

LORET (Jean), poëte médiocre, né vers 1600 à Carentan, m. vers 1655, publia, à partir de 1650, une Gazette burlesque, en vers, dont il paraissait un numéro par semaine, et qui eut beaucoup de vogue. Il fut pensionné par Mazarin et Fouquet. Le recueil de sa Gazette forme 3 vol. in-f. Il a été réimprimé de nos jours sous ce titre : la Muse historique, ou Recueil des lettres en vers, contenant les nouvelles du temps, écrites à Mlle de Longueville, avec une introduction, des notes et une table générale, par J. Ravenel et Ed. V. de La Pelouze, Paris, 1857.

LORETTE, Loreto, v. forte d’Italie, à 21 kil. S. E. d’Ancône, à 2 kil. de l’Adriatique ; 8000 hab. Évêché. On croit y posséder la Santa Casa ou maison de la Vierge : les anges l’auraient transportée à travers les airs de Galilée en Dalmatie en 1291, et quelques années plus tard de Dalmatie à Lorette. Lorette est devenue en conséquence le but d’un pèlerinage fameux. On y a élevé une église magnifique, la célèbre Notre-Dame de lorette : la statue de la Vierge est de bois de cèdre, et passe pour avoir été taillée par S. Luc ; la Santa Casa est presque entièrement revêtue, à l’extérieur, en marbre de Carrare admirablement sculpté, et, à l’intérieur, en plaques d’or et d’argent. Les pèlerins et les offrandes y affluent depuis des siècles : aussi l’église possédait-elle des richesses immenses. En 1797, le pape Pie VI, pour satisfaire aux conditions du traité de Tolentino, fut obligé de dépouiller en partie le trésor, qu’on évaluait à 250 000 000 fr.

LORGES (Jacq. DE MONTGOMERY, seigneur de), servit avec distinction sous François I, ravitailla Mézières où Bayard était renfermé, et fut nommé capitaine de la garde écossaise. Il saccagea en 1544 la ville de Lagny, pour la punir d’avoir désobéi à un ordre du roi ; depuis, on ne pouvait sans offenser les habitants de Lagny leur demander : combien vaut l’orge (Lorges) ? Jacques de Lorges se prétendait issu de l’antique maison écossaise de Montgomery : il acheta en 1543 la terre de Montgomery et porta depuis le nom de cette seigneurie. Il fut père du Montgomery qui tua Henri II dans un tournoi : il avait lui-même en 1521 blessé François I à la tête en luttant avec ce prince.

LORGES (Gui-Aldonce DE DURFORT DE DURAS, duc de), maréchal de France, frère puîné du maréchal J.-H. de Duras, et neveu de Turenne, né en 1630, m. en 1703, était lieutenant général dans l’armée de son oncle lorsque ce grand homme fut tué (1675). Il sauva l’armée et fit une habile retraite ; il obtint en récompense le bâton de maréchal (1676). En 1692, il gagna la bataille de Pfortzheim et fit prisonnier le duc de Wurtemberg ; en 1693, il rejeta Montécuculli au delà du Rhin et emporta Heidelberg, mais il fut repoussé par le prince de Bade. La ville de Quintin en Bretagne fut érigée pour lui en duché, sous le titre de Lorges-Quintin. Le célèbre St-Simon était son gendre.

LORGUES, ch.-l. de c. (Var), sur la r. g. de l’Argens, à 11 kil. S. O. de Draguignan ; 3028 h. Huile d’olives, eau de vie. Maison de Capucins (depuis 1852).

LORIA (Roger de), célèbre marin, né vers 1250 à Loria, dans la Basilicate, m. en 1305, quitta son pays quand Charles d’Anjou en eut fait la conquête, et se mit au service de Pierre III, roi d’Aragon, proclamé roi de Sicile, qui le nomma grand amiral. Il fit aux Français une guerre d’extermination, battit et brûla leur flotte près de Reggio et près de Malte (1582), battit deux fois devant Naples le fils de Charles d’Anjou, Charles le Boiteux (1282 et 87), et le fit prisonnier, ravagea les côtes du Languedoc, y fit un immense butin, et ne déposa les armes qu’après la conclusion de la paix (1202), ayant joui à la guerre d’un bonheur constant. À un courage indomptable, il joignait la perfidie et la cruauté ; avec le génie d’un grand homme de mer, il eut l’âme d’un pirate.

LORIENT (pour l’Orient), v. forte du Morbihan, ch.-l. d’arr., l’un des cinq ports militaires de France, au confluent du Scorff et du Blavet, à leur embouchure dans l’Océan, à 500 kil. O. S. O. de Paris, à 52 kil. O. N. O. de Vannes, 35 462 hab. Chef-l. du 3e arrondissement de la marine militaire, tribunal de 1re inst. et de commerce, lycée, écoles d’artillerie, d’hydrographie, de génie maritime ; bibliothèque. Assez belle ville : on y remarque le port, l’arsenal, la place d’armes, les promenades, les quais, l’observatoire, la tour des signaux, le bassin de construction, la cale couverte, les magasins en granit, les mécaniques à faire la corde, la machine à mâter, le chantier de Caudan, le parc d’artillerie, l’hôtel de la préfecture maritime. Atelier pour la fabrication des machines à vapeur ; fonderies, forges, presses hydrauliques pour l’essai des fers ; polygone pour les exercices de l’artillerie. Le commerce, jadis considérable, a encore de l’importance : on exporte surtout pour l’Inde et la Chine. Chemin de fer. — Lorient a été bâtie en 1709 par la Compagnie des Indes orientales ou de l’Orient, qui y possédait un établissement dès 1666. La ville ne fut érigée en municipalité qu’en 1738. Les Anglais tentèrent vainement de s’en emparer en 1746. Le brave Bisson (né à Guéméné) y a une statue.

LORIOL, ch.-l. de cant. (Drôme), à 21 kil. S. O. de Valence, sur la Drôme ; 2500 hab. Station.

LORIQUET (le P. J. N.), jésuite, né en 1767, m. en 1845, était fils d’un maître de pension d’Ëpernay. Il entra en 1801 dans la congrégation des Pères de la Foi, qui se fondit plus tard dans la Compagnie de Jésus, enseigna avec zèle « et talent dans plusieurs des maisons de l’ordre, fut en 1814 nommé supérieur du petit séminaire de St-Acheul, près d’Amiens, qu’il porta rapidement à un haut degré de prospérité, ne quitta ces fonctions qu’en 1828, par l’effet des lois sur les congrégations non autorisées, fut nommé en 1833 supérieur de la maison de Paris, en 1838 préfet spirituel de la Congrégation, et s’occupa activement jusqu’à sa mort de la direction religieuse d’un grand nombre de couvents. Il a composé ou refait pour ses élèves une foule de livrés élémentaires : grammaire, arithmétique, mythologie, histoire, géographie. La plupart sont écrits avec une élégante concision ; mais son Histoire de France, imprimée pour la 1re fois en 1814, est empreinte d’une partialité notoire, et a été l’objet de justes critiques. Le P. Loriquet a publié en outre des Souvenirs de St-Acheul, 1829-30, une histoire de la suppression de sa Compagnie sous le titre de Choiseul, Pombal et d’Aranda, et un traité de la Dévotion à S. Joseph. Henrion a écrit sa Vie.

LORMES, ch.-l. de c. (Nièvre), à 34 kil. S. E. de Clamecy ; 3017 hab. Bois, pierre de taille.

LOROUX-BOTTEREAU (le), ch.-l. de cant. (Loire-Infér.), à 15 kil. N. de Nantes ; 5335 hab.

LORQUIN, ch.-l. de cant. (Meurthe-et-Moselle), à 9 kil. S. O. de Sarrebourg ; 1400 hab. Tanneries.

LORRAIN (Claude GELÉE, dit le), peintre, né en 1600 à Château-de-Chamagne en Lorraine, m. à Rome en 1682, excella surtout dans le paysage et les marines. Il alla se former en Italie, revint en 1625 dans son pays, embellit de ses ouvrages l’église des Carmélites de Nancy, et retourna bientôt à Rome où il passa le reste de sa vie et où il acquit une fortune considérable ; il y dirigea pendant plus de vingt ans une école d’où sont sortis des peintres distingués. Il jouit de la faveur des papes Urbain VIII et Clément IX, ainsi que de l’amitié du Poussin. On admire surtout