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rité et de son infortune : elle ne sut être ni impératrice, ni veuve, ni mère.

MARIE (la princesse) d'Orléans. V. ORLÉANS.

Princesses étrangères.

MARIE DE BOURGOGNE, fille unique de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, née à Bruxelles en 1457, morte à Bruges en 1482, n'était âgée que de 21 ans lorsqu'elle hérita des vastes États de son père. Exposée aux attaques de Louis XI et aux révoltes de ses propres sujets, elle chercha un époux qui pût lui servir de protecteur, et choisit en 1477 l'archiduc Maximilien, fils de l'empereur Frédéric III. Cette union fit passer dans la maison d'Autriche les États des ducs de Bourgogne, et établit ainsi entre cette maison et la France une rivalité qui dura plusieurs siècles. Gaillard a écrit l’Hist. de Marie de Bourgogne, 1759.

MARIE D'AUTRICHE, petite-fille de Marie de Bourgogne, née à Bruxelles en 1503, morte en 1558, était fille de l'archiduc Philippe le Beau et sœur de Charles-Quint. Elle épousa en 1521 Louis II, roi de Hongrie et de Bohême, qui fut tué à la bataille de Mohacz en 1526. En 1531 Charles-Quint lui confia le commandement des Pays-Bas; elle l'exerça pendant 15 ans avec une fermeté au-dessus de son sexe. Elle fonda en 1542 la ville de Marienbourg.

MARIE I TUDOR, reine d'Angleterre, née en 1516, de Henri VIII et de Catherine d'Aragon, avait été élevée loin du trône, dans une sorte d'exil. A la mort de son frère Édouard VI, 1553, Jeanne Grey, voulut, à l'instigation du duc de Northumberland, lui disputer la couronne, mais elle trouva peu de partisans et tomba entre les mains de sa rivale, qui lui fit trancher la tête. Marie rétablit en Angleterre le Catholicisme, poursuivit les Réformateurs et en fit périr un grand nombre sur les échafauds et les bûchers, ce qui l'a fait surnommer Marie la Sanglante. Elle avait épousé en 1554 Philippe II, fils de Charles-Quint; mais elle fut délaissée par ce prince dès qu'il fut monté sur le trône d'Espagne. La perte de Calais, reprise par la France en 1558, lui porta le coup mortel; elle mourut la même année, sans laisser d'enfants.

MARIE II, reine d'Angleterre, fille aînée de Jacques II et de sa première femme, Anne Hyde, née en 1662, épousa à l'âge de 15 ans le prince d'Orange, depuis Guillaume III, et lui montra un tel dévouement qu'elle apprit avec des transports de joie la chute de son propre père, que son époux venait remplacer sur le trône (1688). Fille d'un père catholique, elle fut protestante fanatique. Elle mourut de la petite vérole en 1695.

MARIE DE LORRAINE, reine d’Écosse, fille de Claude, duc de Guise, née en 1515, fut mariée en 1534 à Louis II d'Orléans, duc de Longueville, qui mourut après trois ans de mariage; elle épousa en 1538 le roi d’Écosse Jacques V, devint mère de Marie Stuart, et resta veuve dès 1542. Nommée régente du roy. pendant la minorité de Marie Stuart, elle se laissa dominer par les Guise, ses frères, combattit sur leur conseil les progrès de la Réforme et ordonna des supplices qui irritèrent vivement la nation. Elle mourut en 1560, au moment où le pouvoir allait lui échapper.

MARIE STUART, reine d’Écosse et de France, fille de Jacques V, roi d’Écosse, et de Marie de Lorraine, naquit en 1542, perdit son père huit jours après sa naissance, et fut aussitôt reconnue reine sous la tutelle de sa mère, Marie de Lorraine. Elle épousa en 1558 le Dauphin de France, qui l'année suivante devint roi sous le nom de François II. Veuve de ce prince après dix-huit mois de mariage, elle retourna, quoique à regret, en Écosse. Son attachement à la religion catholique souleva contre elle ses nouveaux sujets, qui avaient embrassé la Réforme avec fanatisme. Pensant se rendre populaire en épousant un Écossais, elle donna sa main, en 1565, au jeune Henri Darnley, son cousin, qui n'avait pour lui que sa beauté; mais cette union ne fut pas heureuse : H. Darnley, jaloux d'un Italien nommé David Rizzio, secrétaire et confident de la reine, le fit assassiner sous les yeux mêmes de Marie. Ce prince périt lui-même peu après (1567), d'une manière tragique, et l'on soupçonna Marie Stuart de n'être pas étrangère à sa mort : ce qui confirma ce soupçon, c'est que, trois mois après la catastrophe, elle épousa celui-là même qu'on accusait d'avoir consommé le meurtre de Darnley, le comte de Bothwell. Les Écossais, soulevés par Murray, son frère naturel, s'arment alors contre elle, s'emparent de sa personne, l'enferment au château de Loch-Leven et veulent la forcer d'abdiquer et d'abjurer la religion catholique. Elle parvient à s'échapper de sa prison, et se réfugie en Angleterre (1568), espérant trouver protection auprès de la reine Élisabeth, sa cousine. Mais cette princesse, dont elle s'était fait une ennemie jurée en prenant après la mort de Marie Tudor le titre de Reine d'Angleterre, et qui d'ailleurs était jalouse de sa beauté, la jeta dans une étroite prison, et la retint captive durant 18 ans. Plusieurs tentatives furent faites pour la délivrer, notamment par Norfolk (V. Th. HOWARD, 4e duc de Norfolk); mais toutes échouèrent. Une conspiration ayant été ourdie contre Élisabeth (V. BABINGTON), l'artificieuse reine saisit ce prétexte pour accuser Marie d'avoir trempé dans le complot, et la fit condamner à mort (1587). Elle subit le supplice avec une héroïque résignation, en protestant de son innocence. Marie Stuart passait pour la plus belle femme de son temps; elle avait en même temps l'esprit très-cultivé : on a conservé d'elle quelques poésies pleines de grâce et de sensibilité (cependant les célèbres Adieux à la France qu'on lui attribue ne sont pas d'elle, mais de Querlon). La mémoire de cette princesse, qui peut être regardée comme un martyr de la religion catholique, est chère à toutes les âmes sensibles; toutefois, malgré le vif intérêt qu'elle excite, on ne peut dissimuler qu'elle s'attira par des imprudences et peut-être par un crime la plus grande partie de ses malheurs. Elle eut, du reste, à lutter contre les ennemis les plus redoutables, notamment contre Murray, son frère naturel, qui aspirait au trône, et contre Knox, fougueux réformateur. Buchanan a écrit contre elle des libelles diffamatoires. De son mariage avec H. Darnley, Marie avait eu un fils, qui régna depuis sur l’Écosse sous le nom de Jacques VI et sur l'Angleterre sous celui de Jacques Ier. L’Hist. de Marie Stuart a été écrite par Sévelinges, 1819, et récemment par MM. Dargaud, Mignet et Chéruel. L. Wiesener a publié en 1863 : Marie Stuart et le comte de Bothwell, où la reine est innocentée. Schiller a pria Marie Stuart pour sujet d'une de ses plus belles tragédies, imitée avec succès par P. Lebrun. Des Lettres inédites de Marie Stuart ont été publiées à Paris en 1844 par le prince de Labanoff, et en 1859 par A. Teulet.

MARIE-THÉRÈSE D'AUTRICHE, impératrice d'Allemagne et reine de Hongrie, née en 1717, fille de l'empereur Charles VI, épousa en 1736 le duc de Lorraine, François. Son père, n'ayant pas d'enfant mâle, lui assura sa succession par l'acte célèbre connu sous le nom de Pragmatique-Sanction; mais à la mort de ce prince, en 1740, il s'éleva plusieurs compétiteurs, et Marie-Thérèse se vit attaquée de tous côtés : le roi de Prusse, Frédéric II, envahit la Silésie : l'Espagne lui disputa ses États d'Italie; enfin l'électeur de Bavière, soutenu par la France, lui enleva une partie de ses possessions sur le Rhin, et se fit couronner empereur sous le nom de Charles VII. Marie-Thérèse tint tête à tous ses ennemis; obligée de quitter Vienne elle se réfugia en Hongrie, rassembla les nobles de ce pays, leur présenta son fils au berceau, et les intéressa si vivement à sa cause, que tous d'une commune voix s'écrièrent : Moriamur pro rege nostro Maria-Theresa. Secourue par l'Angleterre, elle battit l'électeur de Bavière à Dettingen en 1743; ce prince étant mort en 1745, elle rentra dans toutes ses possessions, et parvint à faire élire empereur son mari, qui fut couronné sous le nom de François I. Une paix générale fut signée à Aix-la-Chapelle en 1748, et Marie-Thérèse put s'occuper de réparer les maux de la guerre. Elle protégea les arts et le commerce, et