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deux fois; mais il parvint à rétablir sa fortune et reprit plusieurs places sur les Chrétiens. Il périt assassiné en 1334. — V (Aboul-Walid), 8e roi de Grenade (1354-79), fut détrôné en 1360 par ses frères Soleiman et Ismaël, mais fut rétabli dès 1362 par Pierre le Cruel. Il resta toujours l'allié du roi de Castille, et lui amena de puissants secours dans ses guerres contre Pierre d'Aragon et Henri de Transtamare. — VI, 9e roi de Grenade (1379-92), eut un règne pacifique et encouragea le commerce, l'agriculture et les beaux-arts. — VII, surnommé El Aïcar (le Gaucher), 15e roi de Grenade (1423-45), gouverna en tyran, fut détrôné par son cousin Méhémet-el-Soghaïr en 1427, rétabli deux ans après par le secours du roi de Castille, détrôné de nouveau pour avoir refusé de payer le tribut promis à son protecteur, proclamé encore une fois en 1432, enfin dépouillé pour toujours de son royaume par son neveu Méhémed-el-Aradi, en 1445, et jeté dans une prison où il m. en 1450. — Après lui, plusieurs autres Méhémet ont encore régné à Grenade, notamment M. IX ou XI, le Boiteux, 1445-54, qui, à la suite d'une révolte de ses sujets, accomplit le carnage fameux connu sous le nom de Meurtre des Abencerrages;M. XII ou XIV, dernier roi de Grenade, plus connu sous le nom de Boabdil. V. ce nom.

MÉHÉMET BALTADJY, grand vizir d'Achmet III, avait été d'abord fendeur de bois (baltadjy). En 1710, il marcha contre le czar Pierre le Grand à la tête de 200 000 hommes, et l'enferma avec toute son armée sur les bords du Pruth (1711), mais il se contenta de lui imposer une paix honteuse. Accusé pour ce fait de lâcheté et de trahison auprès du sultan par le roi de Suède Charles XII, alors réfugié en Turquie, il fut envoyé en exil à Lemnos; il y mourut en 1713.

MÉHÉMET-ALI, vice-roi d’Égypte, né en 1769 à la Cavalle (Roumélie), était fils d'un agha. D'abord marchand, il quitta cette profession pour celle des armes, alla, avec un corps d'Albanais, combattre les Français en Égypte, et se distingua à la bataille d'Aboukir (1799); se ligua avec les Mamelouks contre Khosrew-pacha, gouverneur de l’Égypte pour les Turcs, réussit à l'expulser (1808), puis se débarrassa du chef des Mamelouks en excitant une révolte parmi ses soldats, et se fit proclamer vice-roi, usurpation que la Porte, gagnée par son or, ne tarda pas à ratifier (1806). Il s'attacha, dès qu'il fut maître du pouvoir, à faire rentrer les Mamelouks dans l'obéissance; mais, désespérant de les discipliner, il les fit tous massacrer dans toute l’Égypte le même jour, le 1er mars 1811. Donnant, après cette sanglante exécution, un libre cours à son ambition, il se rendit maître de la haute Égypte, passa en Arabie; où il extermina les Wahabites, après une guerre qui ne dura pas moins de six années (1812-1818), et à laquelle son fils Ibrahim prit la part la plus active, soumit à son pouvoir tout le Hedjaz, puis envoya en Nubie un de ses fils, Ismaël-pacha, qui conquit les provinces de Dongolah, Chendi, Sennaar, Kordofan, mais qui périt assassiné au milieu de ses triomphes (1822). Il aida de tout son pouvoir le sultan à réduire les Grecs insurgés, et fit envahir la Morée par Ibrahim, qui dévasta le pays pendant trois ans (1824-1827); mais, sa flotte ayant été anéantie à Navarin par les escadres combinées de France, de Russie et d'Angleterre (20 oct. 1827), il se vit obligé de rappeler Ibrahim. Il avait obtenu du sultan, pour prix de sa coopération, la cession de l'île de Candie (1830), mais il exigea en outre l'abandon de la Syrie, et, n'ayant pu l'obtenir, il rompit avec la Porte, et fit entrer en Syrie une puissante armée, qui conquit rapidement cette province (1831). Arrêté dans sa marche sur Constantinople par l'intervention européenne, il réussit cependant à se faire assurer, par le traité de Kutayeh (14 mai 1833), la possession de la Syrie et du district d'Adana. Mahmoud ayant en 1839 rétracté ces concassions, il arma aussitôt : la victoire décisive de Nézib, gagnée par son fils Ibrahim le 24 juin 1839, mit le sultan à sa merci; mais il se vit encore arracher le fruit de sa victoire par une coalition à laquelle la France ne voulut prendre aucune part (15 juillet 1840). Contraint de restituer la Syrie, Candie, le Hedjaz, ainsi que la flotte turque, qui lui avait été livrée, il obtint en compensation, pour lui et ses descendants, le gouvernement héréditaire de l’Égypte sous la suzeraineté de la Porte (1841); il ne s'occupa plus depuis que de régir en paix les États qui lui étaient ainsi assurés. Atteint en 1847 d'un mal incurable, il resta pendant deux ans privé de sa raison, et mourut en 1849 à Alexandrie. — Méhémet-Ali introduisit dans son armée, malgré les plus vives résistances, l'organisation, la discipline et la tactique européennes. Il releva en Égypte l'agriculture, le commerce et l'industrie; mais il crut nécessaire, pour atteindre ce résultat, aussi bien que pour s'enrichir, de commencer par s'emparer de toutes les propriétés foncières et de se réserver le monopole des produits les plus profitables du pays et des fabrications les plus lucratives. Il fonda plusieurs écoles spéciales (militaire, polytechnique, de médecine, etc.), et envoya en Europe, surtout en France, des jeunes gens chargés de s'instruire et de répandre à leur retour les connaissances utiles. Ses efforts pour relever l’Égypte lui assurent une grande place dans l'histoire; les résultats qu'il a obtenus doivent d'autant plus étonner que le pacha eut à suppléer à un défaut absolu d'instruction : il n'apprit à lire qu'à 45 ans. — Méhémet-Ali aimait les Français : plusieurs l'ont puissamment secondé dans ses réformes, notamment MM. Jomard, le docteur Clôt (Clot-bey) et le colonel Sèves (Soliman-pacha), dont le nom restera uni au sien. On doit à M. Hamont l’Égypte sous Méhémet-Ali, 1843; à M. Ed. Gouin l’Égypte au XIXe siècle, 1849; et à M. P. Mouriez, Histoire de Méhémet-Ali, 1858.

MÉHUL (H.), célèbre compositeur, né à Givet en 1763, mort en 1817, vint en 1779 à Paris, et y connut Glück qui prit plaisir à cultiver ses heureuses dispositions. En 1790, il donna à l'Opéra comique Euphrosine et Coradin, qui eut un succès prodigieux, et bientôt après : Stratonice, 1792; Phrosine et Mélidor, 1794; le Jeune Henri, dont l'ouverture offre une belle symphonie de chasse, 1797 ; l’Irato, opéra bouffe dans le genre italien; enfin Joseph, remarquable par la couleur antique et l'onction religieuse (1807). Méhul a composé en outre des sonates, des symphonies, des hymnes et des cantates : c'est lui qui, sous la République, mit en musique le Chant du départ, le Chant de victoire, le Chant du retour. Il fut nommé membre de l'Institut dès 1796. Ce compositeur se recommande généralement par la force de l'expression dramatique et par une facture savante; mais on lui reproche d'abuser des moyens d'effet jusqu'à confondre le bruit avec l'énergie.

MEHUN-SUR-YÈVRE, ch.-l. de c. (Cher), à 17 k. N. O. de Bourges ; 3557 hab. Station. Anc. seigneurie. Ruines d'un château où mourut Charles VII.

MEHUN-SUR-LOIRE. V. MEUNG.

MEIBOM, Meibomius, famille allemande, a produit plusieurs savants. Henri M., dit l'Ancien, né en 1555 à Lemgow, mort en 1625, fut professeur d'histoire et de poésie à Helmstædt, composa des poésies latines qui lui firent décerner par l'emp. Rodolphe II le titre de poëte lauréat, et publia des chroniques relatives à l'histoire de l'Allemagne, et surtout de la Saxe. — J. Henri, son fils, né à Helmstædt en 1590, mort à Lubeck en 1655, a donné une Vie de Mécène, en latin, Leyde, 1653, et plusieurs autres écrits curieux, mais oubliés auj. — Henri, le Jeune, fils du préc., né à Lubeck en 1638, mort en 1700, professa la médecine, la poésie et l'histoire à Helmstædt. On a de lui une dissertation De incubatione in fanis, Helmstædt, 1659; un recueil des Scriptores rerum germanicarum, 1888, et plusieurs écrits de physiologie et d'anatomie, entre autres : De consuetudinis natura et vi ad sanitatem, et De vasis palpebrarum, où sont décrites pour la 1re fois les glandes qui portent encore son nom. — Marc, philologue, né en