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Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/443

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échelle aux sept échelons, et placées sous la protection de sept divinités (Saturne, Vénus, Jupiter, Mercure, Mars, la Lune, le Soleil). On célébrait en l’honneur de Mithra des fêtes nommées Mithriaques dans lesquelles on immolait, dit-on, des victimes humaines ; tout y inspirait la crainte et la terreur. Ce culte fut détruit au IVe siècle. On doit à M. Lajard de savantes Recherches historiques et archéologiques sur le culte de Mithras, Paris, 1837.

MITHRIDATE. Ce nom a été porté par plusieurs rois de divers États de l’Asie. Les plus connus sont ceux du Pont. Mithridate I, satrape du Pont de 402 à 363 av. J.-C., était ami de Cyrus le Jeune. — II, 337-302, se soumit à Alexandre et, après la mort du conquérant, s’empara de la Paphlagonie et de la Cappadoce ; on le regarde comme le vrai fondateur du roy. du Pont ; — III, 302-266 ; — IV, 266-222 ; — V, 222-186, maria sa fille à Antiochus le Grand, roi de Syrie ; — VI, 157-123, allié des Romains, les soutint dans la guerre contre Aristonic et reçut en récompense une partie de la Phygie. — VII est le plus célèbre de tous.

MITHRIDATE VII, surn. Eupator, et dit Mithridate le Grand, l’un des plus terribles ennemis des Romains, était fils de Mithridate VI, et naquit vers 131 av. J.-C. Il perdit son père à l’âge de 11 ans (120), et resta pendant sa jeunesse en butte à mille intrigues de la part des prétendants à la couronne. Craignant pour sa vie, il se retira plusieurs années dans la solitude, se livrant à la chasse ou à l’étude, et acquit, avec une force et une adresse extraordinaires, une connaissance profonde des poisons et de leurs antidotes. De retour dans ses États après une absence d’environ sept ans, il conquit le Bosphore Cimmérien, après en avoir chassé les Scythes, partagea la Paphlagonie avec Nicomède, roi de Bithynie, et s’empara bientôt après de la Bithynie elle-même, de la Cappadoce, ainsi que de plusieurs autres provinces. Les Romains, appelés au secours des Cappadociens, le forcèrent à renoncer à ces conquêtes (99) ; se sentant trop faible pour leur résister, il se soumit, mais dès ce moment il voua aux Romains une haine mortelle. Il détacha plusieurs peuples de leur alliance, s’unit contre eux à Tigrane, roi d’Arménie, rassembla en silence une armée nombreuse, fondit à l’improviste sur les provinces qu’il convoitait, subjugua avec rapidité la Cappadoce et presque toute l’Asie-Mineure, et, pour déclaration de guerre, fit égorger à la fois dans toutes les villes de l’Asie tous les Romains qui s’y trouvaient (88) : il en périt, dit-on, cent mille. Il fit ensuite passer en Grèce son lieutenant Archélaüs, qui fut accueilli comme un libérateur. Celui-ci avait déjà battu plusieurs généraux romains lorsque Sylla fut envoyé contre lui ; ce général reprit Athènes (87), battit les lieutenants de Mithridate à Chéronée et à Orchomène, reprit sur lui l’Asie-Mineure, et lui tua en divers combats plus de 200 000 hommes. Mithridate ayant de plus perdu sa flotte entière par une défaite et une tempête, étant d’ailleurs inquiet sur la fidélité de ses sujets, demanda la paix (85) ; il ne l’obtint qu’à des conditions très-onéreuses : il lui fallut livrer ses vaisseaux et restituer toutes ses conquêtes. Pendant les deux années suivantes il fit la guerre aux peuples rebelles de la Colchide et du Bosphore. Comme il ne retirait pas assez vite ses garnisons de la Cappadoce, Muréna, lieutenant de Sylla, l’attaqua, et ils se livrèrent quelques combats peu importants (82). Sept ans après (75),le roy. de Bithynie ayant été réduit en province romaine, Mithridate, qui prétendait avoir des droits sur cette contrée, reprit l’offensive, en fit de nouveau la conquête, tailla en pièces à Chalcédoine l’armée de Cotta, et mit le siége devant Cyzique ; mais Lucullus l’assiégea lui-même dans son camp, et le força à s’éloigner. Une de ses flottes fut détruite dans deux combats près de Ténédos et de Lemnos. Il se retira alors dans ses États héréditaires ; Lucullus l’y poursuivit, et après quelques échecs le battit complètement (69). Mithridate s’enfuit en Arménie auprès de Tigrane, son gendre, mais il en revint bientôt à la tête d’une armée considérable. Il fut encore vaincu deux fois, et il était sans ressources quand Lucullus fut rappelé par les Romains. À la faveur de cette absence il reconquit tout son royaume (67) ; mais deux ans après Pompée le vainquit près de l’Euphrate, dans un combat nocturne. Mithridate s’enfuit alors dans le royaume du Bosphore où régnait Macharès, un de ses fils, et voulut engager ses soldats à aller porter la guerre au sein même de l’Italie ; mais ceux-ci, effrayés d’une telle entreprise, se révoltèrent et proclamèrent roi Pharnace, son fils. Alors Mithridate, voyant qu’il fallait mourir, essaya de s’empoisonner ; mais, n’ayant pu y parvenir, parce que le poison n’avait plus d’action sur lui, il se fit tuer par un soldat gaulois (63). Mithridate était actif, intrépide, infatigable et fécond en ressources ; il eût peut-être à jamais chassé les Romains de l’Asie et de la Grèce, s’il n’eût eu à combattre des généraux tels que Sylla, Lucullus et Pompée. Mais sa férocité, sa perfidie et son caractère défiant ternirent ses grandes qualités. Ce prince avait une mémoire prodigieuse ; il savait 22 langues (c’est à cause de cela que quelques savants modernes ont donné le nom de Mithridate à divers recueils polyglottes). Il avait épousé plusieurs femmes : la plus célèbre est Monime, jeune Grecque d’une grande beauté ; après sa défaite par Lucullus, se croyant perdu, il lui envoya l’ordre de se donner la mort (69). Ces derniers événements ont fourni à Racine le sujet de sa belle tragédie de Mithridate.

MITHRIDATE I, roi des Parthes, succéda à Phraate, son frère aîné, l’an 164 av. J.-C., subjugua les Mèdes, les Perses, la Babylonie, la Mésopotamie, étendit sa domination depuis l’Euphrate jusqu’à l’Indus, et forma ainsi un empire plus puissant que celui des Séleucides. Il fit prisonnier le roi de Syrie, Démétrius II, qui voulait lui reprendre ses conquêtes (143) ; mais, dans sa captivité, il le traita en souverain, et lui donna en mariage sa fille Rodogune. Mithridate I mourut vers l’an 139 av. J.-C., et eut pour successeur Phraate II. On lui attribue un code de lois très-sages. — II, fils et successeur d’Artaban II, régna de 124 à 90 av. J.-C. (ou de 126 à 88), repoussa les Scythes, soutint en Syrie Philippe, fils d’Antiochus Grypus, contre Démétrius, son frère, vainquit plusieurs fois les Arméniens, mais fut tué dans une dernière bataille contre eux. Il résidait à Bactres. — III, fils aîné de Phraate III, monta sur le trône en assassinant son père, 61 (ou 58) av. J.-C., mais fut chassé et mis à mort par son frère Orode, en 53.

MITIDJA, vaste plaine de l’Algérie, qui s’étend surtout au S. d’Alger, entre les deux zones montagneuses de l’Atlas et du Sahel, est célèbre par sa fertilité, qui l’a fait surnommer par les Arabes la Mère du pauvre. C’est là que s’élèvent Bouffarik, Béni-Méred, Joinville, Montpensier, etc. Il s’y est établi beaucoup de fermiers et autres colons français.

MITLA, v. du Mexique (Oaxaca), à 200 kil. S. E. d’Oaxaca, dans une triste solitude. Antiquités mexicaines, parmi lesquelles on remarque des Tombeaux dont les distributions intérieures offrent de frappants rapports avec celle des monuments de l’Égypte.

MITSCHERLICH (Ch. Guill.), philologue, né en 1760 à Weissensée (Prusse), mort en 1854, fut pendant près de 70 ans professeur à l’Université de Gœttingue. Il a publié un grand nombre d’ouvrages d’érudition, parmi lesquels on distingue : Lectiones in Catullum et Propertium, 1786 ; Scriptores erotici græci, 1792 ; une édition fort estimée des Odes d’Horace, 1800 ; et des Racemationes Venusinæ, 1827, qui complètent cette édition. — Son neveu, Ernest Mitscherlich, 1794-1863, professeur de l’Université de Berlin, s’est fait un nom comme chimiste, surtout par ses recherches sur l’Isomorphisme.

MITTAU. V. MITAU.

MITYLÈNE, auj. Mételin, anc. capit. de l’Ile de Lesbos, sur la côte E., entre Méthymne et Malée, était une des principales villes grecques d’Asie, et fai-