Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nières années à une nouvelle édition de l’Histoire des mathématiques, qui parut en 4 volumes in-4, 1799-1808; les deux derniers furent imprimés par Lalande et en grande partie rédigés par lui : ils sont inférieurs aux précédents. Montucla avait été nommé membre de l'Institut dès sa fondation.

MONTYON (J. B. Robert AUGET, baron de), philanthrope, né à Paris en 1733, suivit avec honneur la carrière de la magistrature, entra de bonne heure au Conseil du roi, fut successivement intendant de la Provence, de l'Auvergne, de l'Aunis, conseiller d'État, chancelier du comte d'Artois (Charles X); passa en Angleterre pendant la Révolution, revint en France en 1815, et mourut à Paris en 1820, à 87 ans. Jouissant d'une grande fortune, il voulut la rendre utile à l'humanité : il avait fondé dès 1782 un prix de vertu, ainsi que divers autres prix destinés aux ouvrages les plus utiles, qui devaient être distribués par l'Académie française et l'Académie des sciences ; ces fondations ayant été abolies par la Convention, il les renouvela en 1816 et les augmenta encore par son testament ; en outre il distribua de son vivant des sommes considérables en bienfaits qu'il tenait cachés. Montyon a laissé des écrits estimés, notamment un Éloge de L'Hôpital, 1777 ; des Recherches sur la population de la France, 1778 ; un discours sur l'Influence de la découverte de l'Amérique, couronné par l'Académie française, et des recherches sur l'Influence des diverses espèces d'impôts sur la moralité, l'activité et l'industrie des peuples, 1808. Son Éloge a été fait en vers par A. de Wailly (1826), en prose par L. Feugère (1834); tous deux ont été couronnés.

MONVEL (J. BOUTET de), acteur et auteur, né en 1745 à Lunéville, mort en 1812, débuta à la Comédie-Française en 1770, doubla avec un grand succès les rôles de Molé, et réussit également dans la comédie et la tragédie. Un ordre de la police le fit sortir de France en 1781, on ne sait pas bien pour quel motif : il se retira en Suède où le roi le prit pour lecteur. De retour à Paris en 1789, il se signala par son ardeur révolutionnaire. Il s'attacha au théâtre des Variétés du Palais-Royal, qui prit le nom de théâtre de la République, et y obtint un nouveau genre de succès dans les pères nobles. Monvel était petit, fluet, et avait un organe peu favorable ; mais il compensait ces défauts par une parfaite intelligence de ses rôles. Il fut, sous l'Empire, nommé professeur au Conservatoire et membre de l'Institut. On a de lui : l’Amant bourru, comédie en 3 actes et en vers, 1777 ; les Victimes cloîtrées, drame qui eut une vogue prodigieuse, 1791 ; la Jeunesse du duc de Richelieu ou le Lovelace français, 1796, et les paroles de quelques opéras-comiques : Blaise et Babet, 1783 ; Ambroise ou Voilà ma journée, 1793, qui eurent du succès. Il a laissé, entre autres enfants, la célèbre Mlle Mars.

MONVILLE, commune de la Seine-Inf., à 16 k. N. de Rouen, sur le chemin de fer de Rouen à Dieppe ; 1100 h. Filatures. Ravagée par une trombe en 1845.

MONZA, Mogontia, v. de Lombardie, sur le Lambro à 17 kil. N. E. de Milan ; 16 600 hab. Cathédrale gothique ; théâtre, palais, anc. prison d'État ; chemin de fer. — Cette ville fut fondée au VIe s. par la reine Théodelinde. On y conserve la couronne de fer des anciens rois lombards.

MONZON, v. forte d'Aragon (Huesca), à 50 M. S. E. d'Huesca ; env. 3000 h. Enlevée aux Maures en 1063 par don Sancho Ramirez ; cédée aux Templiers en 1143. Il s'y tint plusieurs assemblées de Cortès. Il y fut signé en 1626 entre Louis XIII et Philippe IV un traité qui terminait la guerre de la Valteline.

MOOK ou MOOKER, vge de Hollande (Limbourg), à 65 kil. N. de Ruremonde. Combat entre les insurgés et les Espagnols (1574), dans lequel Louis et Henri de Nassau furent battus et tués.

MOORE (sir John), général anglais, né en 1761, était fils de John Moore, médecin et littérateur écossais, à qui l'on doit des Voyages en France, en Suisse, en Allemagne et en Italie. Il servit dans la guerre d'Amérique, fit partie en 1794 de l'expédition contre la Corse, reçut en 1796 le gouvernement de Ste-Lucie, passa l'année suivante en Irlande, où ses exploits lui valurent le grade de major général, prit part en 1800 à la bat. d'Aboukir et à la prise d'Alexandrie, et fut à son retour créé chevalier du Bain. En 1808, il mena un corps de 10 000 hommes au secours du roi de Suède, attaqué par la Russie, la France et le Danemark ; ayant eu à se plaindre de ce roi, il se fit envoyer par le gouvernement anglais en Espagne et fut chargé de commander en chef les forces anglaises ; mais il se vit dans l'impossibilité de réunir les divers corps de sa propre armée, et fut atteint par les Français au port de la Corogne, au moment où il allait s'embarquer : il y perdit le 16 janvier 1809 une bataille, qui lui coûta la vie et qui força ses troupes à abandonner toute l'Espagne.

MOORE (Thomas), poëte irlandais, né en 1780 à Dublin, d'une famille catholique, mort en 1852, était fils d'un commerçant. Il fit de brillantes études au collége de la Trinité de Dublin, écrivit dès l'âge de 14 ans une traduction en vers des Odes d'Anacréon, publia en 1801 un recueil de poésies imitées de Catulle qu'il intitula Thomas Little's poems (poésies de Thomas le Petit), par allusion à sa petite taille ; fut envoyé en 1803 aux Bermudes comme greffier du gouvernement, mais renonça bientôt à des fonctions qui s'accordaient mal avec ses goûts littéraires ; fit paraître à son retour des Esquisses de voyage au delà de l'Atlantique, où il s'égayait aux dépens des Américains ; donna, en 1810 les Mélodies irlandaises, poésies composées pour les vieux airs de l'Irlande, qui excitèrent l'enthousiasme de ses compatriotes ; en 1812, les Lettres interceptées, dirigées contre les ridicules de l'époque, et peu d'années après les Lettres de la famille Fudge, spirituel badinage où il persifle les touristes anglais ; en 1817 Lalla-Rookh, poëme oriental et féerique, qui le plaça au premier rang des poëtes romantiques de l'époque, et enfin, en 1823, les Amours des anges, œuvre d'un genre suave, où il traite, mais d'un tout autre point de vue, le sujet qu'avait abordé Byron dans Ciel et Terre. Depuis, Th. Moore n'a plus guère écrit qu'en prose : on a de lui, outre des écrits de circonstance, les Vies de Sheridan, de Fitz-Gerald, de lord Byron, une Histoire d'Irlande, qui renferme des recherches approfondies sur les origines du peuple irlandais, et un roman poétique, l’Épicurien ou la Vierge de Memphis. Lord Byron, dont il était devenu l'ami, après avoir débuté avec lui par une querelle littéraire, lui avait confié ses Mémoires, en le chargeant de les publier après sa mort ; mais, cédant aux sollicitations de la famille, il consentit à en anéantir le manuscrit. Comme poëte, Th. Moore brille par la grâce et par une imagination luxuriante ; c'est un des plus grands coloristes qui aient écrit. Tout ce qui sortait de sa plume était lu avec avidité : le seul poème de Lalla-Rookh lui fut payé 80 000 francs. Ses Œuvres poétiques ont été réunies à Londres en 10 v. in-8, 1840-42. La plupart de ses écrits ont été traduits en français à mesure qu'ils paraissaient par Mmes Belloc et Aragon, et par MM. Am. Pichot, A. Renouard, Aroux, Moutardier, etc. Lord John Russell a publié en 1852 : Mémoires, Journal et Correspondance de Th., Moore.

MOPSUCRÈNE (c.-à-d. la fontaine de Mopsus), v. de la Cilicie des Plaines, près de Tarse, au pied du Taurus. L'empereur Constance y mourut en 361.

MOPSUESTE (c.-à-d. l'autel de Mopsus), auj. Messis, v. de la Cilicie des Plaines, sur le Pyrame, entre Malle au S. et Anazarbe au N. Anc. évêché, occupé au IVe s. par Théodore de Mopsueste.

MOPSUS, fameux devin et grand capitaine, fils d'Apollon et de Manto, fille de Tïrésias, fut prêtre d'Apollon à Claros. Il était le rival de Calchas, qui, vaincu par lui dans l'art de prédire, en mourut de chagrin. Après sa mort, il fut honoré comme un demi-dieu, et eut un oracle célèbre à Malle en Ciljcîe.

MORABIN (Jacq.), érudit, né à la Flèche en 1687,