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1381 au duc de Bretagne; prise de nouveau par les Anglais en 1521. Elle souffrit beaucoup pendant les guerres de la Ligue, et se rendit à Henri IV en 1594.

MORLAQUIE, petit pays d'Europe, sur l'Adriatique, enclavé entre la Dalmatie et la Croatie, a 155 kil. env. sur 39. Il est partagé entre la Turquie et l'Autriche. Les Morlaques (appelés en leur propre langue Moro-Vlassi) sont un peuple guerrier, peu civilisé, qui vit presque exclusivement du produit de ses troupeaux. Carlopago et Zengg en sont les lieux principaux.

MORLOT (Fr. Nic. Madeleine), prélat français, né à Langres en 1795, m. en 1862; fut d'abord précepteur, puis successivement grand vicaire de l'évêché de Dijon, évêque d'Orléans (1839), archev. de Tours (1842), cardinal (1853), et archev. de Paris (1857). Il était sénateur, grand aumônier de l'Empereur, et membre du Conseil privé.

MORMANT, ch.-l. de c. (Seine-et-Marne), à 20 k. N. E. de Melun; 1000 hab. Aux env., beau château de La Grange, appartenant à la famille La Fayette.

MORMOIRON, ch.-l. de c. (Vaucluse), à 12 kil. E. de Carpentras; 1900 hab. Plâtre, sulfate de fer.

MORMONS (les), secte récente, née aux États-Unis. Ils n’admettent comme authentique qu'une Bible particulière, écrite, selon eux, au temps de Sédécias, roi de Juda, env. 600 av. J.-C., par un prophète juif du nom de Mormon, et miraculeusement retrouvée en Amérique. Ils annoncent la venue prochaine du règne de Dieu sur la terre, d'où ils s'appellent les Saints du dernier jour. Ils prétendent, d'après leur Bible, que les aborigènes de l'Amérique sont issus des Hébreux; ils enseignent que le baptême doit être renouvelé sur les adultes, et exigent l'immersion totale du catéchumène dans une eau courante. Ils ont établi entre eux la communauté des biens et autorisent la pluralité des femmes. Le fondateur de la secte est un certain Joseph Smith, né en 1805 dans l'État de Vermont : cet imposteur prétendit avoir reçu, le 22 septembre 1827, des mains de l'ange du Seigneur, le livre sacré de Mormon, auquel il fit depuis de nombreuses additions. En 1830, il se transporta avec quelques adeptes dans le Missouri où il forma un premier établissement. Chassé de cet État en 1838, à cause de querelles perpétuelles avec les sectes rivales, les Mormons furent accueillis dans l'Illinois, où dès 1839 ils fondèrent une ville nouvelle, Nauvoo (c.-à-d. la Belle), mais où leur présence ne tarda pas à devenir l'occasion de troubles graves; en 1844, J. Smith fut tué, avec son frère Hiram, par une multitude furieuse. Ses disciples, expulsés en 1846 de l'Illinois, allèrent se fixer, en 1847, dans les vastes plaines situées entre les monts Rocheux et la Sierra Nevada, et formèrent au S. du grand lac Salé et au N. du lac Utah un vaste établissement qu'ils nomment Deseret (Ruche d'abeilles). Cette colonie a pris un accroissement prodigieux, surtout depuis la découverte des gisements d'or de la Californie, parce qu'elle se trouve sur le passage des émigrants qui s'y rendent des États-Unis. Depuis 1850, elle forme, sous le nom d'Utah, un nouveau territoire de l'Union (1850), qui reconnaît pour chef un certain Brigham Young. En 1858, les Mormons ayant méconnu l'autorité du pouvoir central, une expédition fut envoyée contre eux, mais ils finirent par se soumettre sans combat. Cette secte a des partisans même en Europe, surtout en Angleterre et en Danemark. Leur capitale est Fillmore ou Salt-Lake-City. A. Pichot a donné une notice sur les Mormons, 1854.

MORNANT, ch.-l. de c. (Rhône), à 17 kil. S. O. de Lyon; 1300 hab.

MORNAS, b. du dép. de Vaucluse, sur le Lez, près de son embouch. dans le Rhône, à 11 kil. N. O. d'Orange; 1800 hab. Station. Ruines d'un château jadis habité par le baron des Adrets, qui y exerça d'horribles cruautés sur les prisonniers catholiques.

MORNAY (Pierre de), chancelier de France, d'une des plus anciennes familles du Berry, né vers 1250 au château de Mornay (Cher), m. en 1306, fut évêque d'Orléans, puis d'Auxerre; fut chargé par Philippe le Bel de négociations importantes et récompensé par les sceaux.

MORNAY (Philippe de), seigneur du Plessis-Marly, issu de la même famille que le précéd., né en 1549 à Buhy (Vexin français) d'un père catholique, m. en 1623; fut élevé en secret dans la religion réformée par sa mère, et embrassa ouvertement la Réforme après la mort de son père (1560). Il rédigea le fameux mémoire que Coligny fit remettre à Catherine de Médicis et à Charles IX en faveur des Calvinistes. En 1775, le roi de Navarre (Henri IV) lui confia l'administration de ses finances; il le chargea d'importantes négociations auprès d’Élisabeth. Surintendant général de la Navarre pendant les troubles de la Ligue, il supporta presque seul dans cette province le poids de la guerre. En 1589, il enleva le cardinal de Bourbon, qu'on voulait faire roi; en 1592, il fut chargé de traiter avec Mayenne. Il s'opposa de tout son pouvoir à l'abjuration de Henri, et se fit disgracier par son zèle excessif pour le Calvinisme. Mornay fut pendant cinquante ans le véritable chef des Protestants en France : sa grande instruction dans les matières religieuses faisait de lui l'oracle de ses coreligionnaires; on le surnommait le Pape des Huguenots. Il a laissé divers ouvrages de théologie, dont le plus important est De l'Institution de l'Eucharistie, 1598 (ouvrage sur lequel Henri IV institua une discussion publique à Fontainebleau entre l'auteur et le cardinal Duperron), et des Mémoires qui ont été publiés par extraits après sa mort (1624-25), et d'une manière plus complète en 1822-25, par Auguis, 12 vol. in-8. J. Ambert a écrit sa Vie, Paris, 1847.

MORNY (Ch. Aug. L. Joseph, comte, puis duc de), homme d'État français, né a Paris en 1811, m. en 1865; fut élevé par la comtesse de Souza, et fit de brillantes études; embrassa d'abord la carrière militaire, servit avec distinction en Afrique, puis (1838) se tourna vers l'industrie. Député du Puy-de-Dôme (1842), il fut renvoyé par le département de la Seine (1849) à l'Assemblée législative, devint dès lors un des conseillers les plus intimes et les plus écoutés du Président; prépara et accomplit le coup d'État du 2 décembre 1851 comme ministre de l'intérieur; fut de 1854 à 1856 et de 1857 à 1865 président du Corps législatif, et se distingua dans ce poste par son impartialité et les ressources d'un esprit élégant et facile. Protecteur des lettres et des arts, il réunit une des plus belles collections de tableaux, et fit, sous un pseudonyme, plusieurs opérettes et quelques pièces de théâtre qui furent représentées avec succès.

MORNE, nom usité en Amérique et dans les colonies françaises pour désigner certaines montagnes et certains lieux situés dans ces montagnes. — On appelle le Gros Morne un volcan de l'île de la Réunion, qui a 2200m de haut; — un bg d'Haïti (Nord), à 31 kil. S. du Port-de-Paix ; — un bg de la Martinique, arrond. de St-Pierre ; 4845 hab. ; culture de la canne à sucre et du café ; — le Morne-à-l'eau, un bg de la Guadeloupe, sur la côte N., à 9 kil. N. E. de la Pointe-à-Pître; 3200 hab.

MOROGUES (BIGOT de). V. BIGOT.

MORONE (Jérôme), diplomate italien, né vers 1450, m. en 1529, administra le Milanais, avec le titre de vice-chancelier, au nom de Maximilien Sforza, en 1512, et de François-Marie en 1521. Après avoir poussé Charles-Quint et Léon X contre la France, il proposa aux Vénitiens et au pape de se rapprocher de François Ier. Pescaire, instruit de ses projets, le fit arrêter et jeter, en 1525, dans les cachots de Pavie, d'où il ne sortit qu'en payant une rançon de 20 000 florins. Rendu à la liberté, il devint le secrétaire et le conseiller du connétable de Bourbon, puis de Philibert, prince d'Orange, et fut créé duc de Bovino en 1528. — Son fils, Jean M., né vers 1508, m. en 1580, occupa tour à tour les sièges épiscopaux de Novare et de Modène, fut envoyé en 1542 comme nonce du