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de Naples et d'en faire un État indépendant au profit d'Ossuna lui-même. Le vice-roi avait très-habilement trompé la cour de Madrid sur ses vrais desseins par un simulacre de complot; mais il ne put donner la change jusqu'au bout : il fut bientôt remplacé par le cardinal Borgia, et, à l'avènement de Philippe IV (1621), renfermé au château d'Almeida, où il resta jusqu'à sa mort.

OSTADE (VAN). V. VAN-OSTADE.

OSTENDE (c.-à-d. extrémité orient.), v. forte et port de Belgique (Flandre occid,), sur la mer du Nord, à 29 k. O. de Bruges ; 15 000 hab. École de navigation, trib. et chambre de commerce, académie de peinture, arsenal ; chemin de fer, canaux qui joignent la ville à Bruges, Nieuwport, Gand, Dunkerque. Bel hôtel de ville. Grand commerce maritime, pêche du hareng, de la morue et des petites huîtres vertes dites d'Ostende (qu'on va prendre en Angleterre sur les rochers de Colchester). Bains de mer qui attirent beaucoup d'étrangers. Chantiers de construction, raffineries de sel; fabr. de cordages, toile à voiles, tabac, savon, huiles, dentelles. — Ostende ne date que du Xe siècle; son port commença à être fréquenté au XIe s. Ruiné en 1234 par une irruption de la mer, il fut bientôt reconstruit. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, entoura la ville de murailles, 1445 ; le prince d'Orange la fortifia en 1583 ; les Espagnols, commandés par Spinola, la prirent après un siège de 3 ans, 1601-4. Prise par Lowendahl en 1745, rendue en 1748, elle fut reprise par les Français en 1792 et 1793 et réunie à la France en 1794. Ostende fut bombardée par les Anglais en 1798 et fut presque détruite en 1826 par l'explosion d'une poudrière.

OSTERMANN (André, comte d'), officier allemand au service de la Russie, né dans le comté de La Marck, se signala dans la campagne du Pruth, obtint par là la confiance de Pierre I, qui le fit baron et conseiller, devint ministre et grand chancelier sous Anne, membre du conseil de régence pendant la minorité d'Ivan VI, mais fut exilé en Sibérie sous Élisabeth, pour s'être opposé à ses projets contre Ivan. Il mourut en 1747. — Son fils, le comte Jean O., 1724-1811, chancelier sous Catherine II, échoua en 1783 dans le projet de former une quadruple alliance entre les cours de Vienne, Madrid, Versailles et St-Pétersbourg contre l'Angleterre et la Prusse. Il conserva néanmoins sa faveur sous Paul I, mais il fut disgracié à la mort de ce prince.

OSTERODE, v. murée du Hanovre, dans l'anc. principauté de Grubenhagen et le gouvt actuel d'Hildesheim, à 10 kil. S. O. de Klausthal; 5000 hab. Lainages, toiles, bas, céruse, plâtre, albâtre.

OSTERWALD (J. Frédéric), théologien protestant, né en 1663 à Neufchâtel en Suisse, m. en 1747, est auteur d’Arguments et réflexions sur la Bible, 1720, et d'une traduction française de la Bible, 1744, répandue dans les églises luthériennes françaises.

OSTFRISE, province du Hanovre. V. FRISE.

OSTHEIM, village d'Alsace (Ht-Rhin), à 10 k. N. de Colmar; 1800 hab. Aux env. est une vaste plaine où quelques-uns placent le Champ du Mensonge. V. LUGENFELD.

OSTIAKS, peuple de Sibérie, forme trois peuplades qui diffèrent par la langue et qu'on nomme Ostiaks de l'Obi, O. de l'Ienisséi, O. de Torgoout. Ils sont peu nombreux et très-pauvres, et vivent de poisson; ils élèvent des rennes, habitent des yourtes ou cabanes portatives et payent le tribut en fourrures. Superstitieux, ils croient fort à leurs sorciers.

OSTIE, Ostia, bourg et petit port du territ. romain, sur la r. g. du Tibre, près de son embouchure, à 19 kil. S. O. de Rome. Évêché, le 1er des évêchés suburbicaires de Rome. Ville jadis fortifiée; il ne reste plus de ses fortifications qu'une vieille tour du XVe s. Salines. — Ostie fut fondée par Ancus Martius, à l'embouchure du Tibre, comme l'indique son nom (d’Ostium, embouchure). Les atterrissements du fleuve l'éloignèrent peu à peu de la mer; Claude et Trajan l'en rapprochèrent, et construisirent un très-beau port, qui fut comme le Havre de Rome et qui atteignit bientôt une grande prospérité : on y compta jusqu'à 80 000 hab.; mais des atterrissements incessants l'ont de nouveau rejetée à 1500m env. dans les terres. Cette ville fut saccagée au Ve s. par les Sarrasins; elle est auj. complètement ruinée. L'Ostie moderne, à 3 kil. env. au S. O. de l'ancienne, fut fondée au IXe s. par Grégoire IV ; mais, désolée de plus en plus par la malaria, elle n'a pu prospérer : on y compte à peine 200 hab. Pie IX a fait exécuter sur les ruines de l'ancienne Ostie des fouilles, qui ont procuré de précieuses découvertes.

OSTORIUS SCAPULA (L.), général romain, fut nommé en 47 gouverneur de la Grande-Bretagne, battit et prit en 51 Caractacus, qu'il emmena a Rome, mais ne put soumettre entièrement le pays et m. au milieu de la lutte, 53. — Son fils, M. Ostorius, qui s'était aussi distingué en Bretagne, fut condamne à mort par Néron, à qui il portait ombrage, 66.

OSTPHALIE, nom donné dans les VIIe et VIIIe s. à la partie de la Saxe à l'E. du Weser; on l'opposait à la Westphalie, située à l'O, du même fleuve.

OSTRACISME, genre de jugement en usage à Athènes : il consistait à prononcer par voie de suffrage universel et sans forme de procès sur l'exil d'un citoyen dont on craignait la puissance ou l'ambition; l'exil devait durer dix ans. Les votants donnaient leur suffrage en écrivant sur une coquille (en grec, ostracon)le nom du personnage à bannir : pour que l'exil fût prononcé, il fallait 6000 Suffrages au moins. L'ostracisme fut institué par Clisthène en 509 av. J.-C. (après la chute des Pisistratides). Ce genre de condamnation n'avait rien d'infamant : les plus grands citoyens, Miltiade, Thémistocle, Aristide, Cimon, Thucydide, en furent victimes. Il fut aboli après la condamnation de l'indigne Hyperbolus (420), qui semblait l'avoir souillé.

OSTRASIE. V. AUSTRASIE.

OSTROG, v. de Russie (Volhynie), à 175 k. N. O. de Jitomir; 6000. h. Archevêché grec C'est là que fut imprimée la 1re Bible esclavonne. — Jadis titre d'un grand-duché de Pologne, puis d'une commanderie de l'ordre de Malte.

OSTROGOTHIE, anc. prov. de Suède. V. GOTHIE.

OSTROGOTHS, c.-à-d. Goths de l'Est, nom que reçurent ceux des Goths qui, après leur établissement dans la Sarmatie méridionale, étaient placés à l'E. du Borysthène (V. GOTHS) : ce nom était opposé à celui de Wisigoths, Goths de l'Ouest. Les Ostrogoths, comme les autres nations gothiques, changèrent plusieurs fois de demeure. Après la mort d'Attila (453), qui les avait subjugués, ils se firent accorder par les empereurs d'Orient de vastes territoires en Pannonie et en Mésie, à la condition de défendre le Danube contre les invasions germaniques. Vers 489, conduits par leur roi Théodoric, ils se portèrent sur l'Italie, de l'aveu de l'empereur Zénon et comme chargés d'expulser les Hérules de cette contrée; mais ils ne tardèrent pas à s'y établir pour leur propre compte et y fondèrent une monarchie qui dura environ 60 ans. A la mort de Théodoric (526), les Ostrogoths occupaient, outre l'Italie, la partie E. de la Rhétie 1re le diocèse d'Illyrie (deux Noriques, deux Pannonies, Servie, Balmatie et Liburnie), le diocèse de Dacie (Mésie 1re, deux Dacies, Dardanie et Prévalitane), la Sicile, la prov. d'Arles en Gaule; ils avaient pour capitale Ravenne. Mais après ce prince, la décadence fut rapide : Bélisaire, général de Justinien, reprit la Sicile et la plus grande partie de l'Italie (535-40). Le rappel de cet habile général permit un instant à Totila, roi des Ostrogoths, de reconquérir l'Italie; mais la défaite de ce prince à Lentagio par Narsès (552), et celle de Téias, son successeur, qui fut battu et tué en 553 sur les bords du Draco, près de Cumes, achevèrent la ruine des Ostrogoths. Un grand nombre de ces barbares quittèrent alors l’Italie et disparurent pour toujours.