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teintureries, jambons, dits de Bayonne; vin de Jurançon. Outre Henri IV, le maréchal Gassion et Bernadotte y sont nés. Pau est une jolie ville, bien bâtie, et qui s’embellit tous les jours; elle s’élève dans un site admirable : de son parc, on domine de belles et fertiles vallées et l’on aperçoit quelques-uns des sommets les plus élevés des Pyrénées, couronnés de neiges éternelles. La salubrité du climat y attire beaucoup de malades, et la beauté de la situation engage beaucoup d’étrangers à y fixer leur résidence. — Pau doit son origine au château fort qu’y construisit au Xe s. un vicomte de Béarn : trois pieux, en basque paüs, qui avaient servi à marquer les limites du terrain destiné à la nouvelle construction, donnèrent leur nom à la ville qui se forma autour du château : les trois pieux se retrouvent dans les armes de la ville. Au XIVe s., Gaston-Phœbus de Foix fit construire le château actuel, et fit de Pau la capitale du Béarn. Henri IV est le dernier prince béarnais qui l’ait habitée : on y montre encore la carapace de tortue qui lui servit de berceau. Un parlement fut fondé à Pau par Louis XIII en 1620. Louis XIV y établit une université.

PAU (Gave de), riv. formée de la réunion des Gaves de Barèges et de Gavarnie, naît au mont Perdu dans le dép. des Htes-Pyrénées près de Luz-en-Barèges, coule au N., puis à l'O. et au N. O., entre dans le dép. des B.-Pyrénées, qu'il sépare de celui des Landes, et se jette dans l'Adour à l'O. de Peyrehorade, après avoir baigné Lourdes, St-Pé, Nay et Pau, et après un cours de 180 k.

PAUCTON (J. P.), mathématicien, né en 1736 dans le Maine, mort en 1798, enseigna les mathématiques à Strasbourg, et devint correspondant de l'Institut. Il a laissé, entre autres ouvrages, une métrologie (ou Traité des mesures, poids, monnaies anciennes et modernes), Paris, 1780, qui est encore fort estimé. Il est un des premiers qui ait tenté d'appliquer l'hélice à la navigation : il inventa dans ce but une machine à ailes qu'il appelait Ptérophore.

PAUILLAC, ch.-l. de cant. (Gironde), sur la r. g. de la Gironde, à 17 kil. S. E. de Lesparre et à 42 k. N. O. de Bordeaux; 2700 hab. Port important, qui est le principal lieu d'embarquement des vins de Médoc. C'est sur le territoire de Pauillac que se trouvent les vignobles renommés de Branne, Château-Laffitte, Château-Latour, etc.

PAUL (S.), l’Apôtre des Gentils, né l'an 2 de J.-C., de parents juifs, à Tarse, ville qui jouissait du droit de cité romaine, s'appelait primitivement Saul. Élevé à Jérusalem dans les principes du pharisaïsme, il fut d'abord au nombre des persécuteurs les plus violents du Christianisme, mais, à la suite d'une vision qu'il eut sur le chemin de Damas, il se convertit, reçut le baptême et devint un des plus ardents apôtres de la religion nouvelle. Il prêcha l’Évangile aux païens dans l'Asie-Mineure et la péninsule grecque, notamment dans l'île de Cypre, à Paphos, où il convertit le proconsul Sergius Paulus, dont il porta désormais le nom, en Galatie, à Éphèse, à Philippes, à Thessalonique, à Athènes, où il parla devant l'Aréopage, enfin à Corinthe. De retour à Jérusalem en 58, il y fut assailli par la populace juive qui voulait le tuer, puis fut cité par le grand prêtre devant le tribun Lysias, et emprisonné deux ans à Césarée par Félix, gouverneur de Judée; ayant formé appel à César comme citoyen romain, il fut envoyé à Rome par le nouveau gouverneur Festus, et y fut acquitté. Après avoir prêché la foi dans la ville des Césars, il retourna dans l'Orient pour consolider la première organisation de l'Église. Vers 63 ou 64 il revint à Rome, qui déjà comptait des Chrétiens dans le palais même des empereurs et il en augmenta beaucoup le nombre; mais il s'attira par ses réponses hardies l'animadversion de Néron, devant lequel il comparut, et fut mis à mort, avec S. Pierre, en 66. Ses restes furent enterrés sur le chemin d'Ostie, puis transportés à Rome dans la crypte de l'église St-Pierre. On célèbre sa fête le 29 juin jour de sa mort, et sa conversion le 25 janv. On a de S. Paul 14 Épîtres, adressées aux églises des régions qu'il avait parcourues; la dernière seulement, l’Épître aux Hébreux, a été contestée. On lui a aussi attribué, mais sans aucune vraisemblance, quelques autres écrits, entre autres des Lettres à Sénèque. Les Actes des Apôtres sont pour la plus grande partie l'histoire de S. Paul.

L’église honore encore : 1° S. Paul l’Anachorète, regardé comme le fondateur de la vie monastique en Orient : à 22 ans, il se retira dans les déserts de la Thébaïde, et, après une vie de prière et de macération, y mourut en 342, âgé de 113 ans (Fête, 15 janvier); — 2° S. Paul de Thessalonique, patriarche de Constantinople en 340, que l'empereur arien Constance fit périr dans une caverne du Taurus, en 350; — 3° S. Paul, pape; 4° S. Paul, 1er évêque de St-Pol-de-Léon, m. vers 570; — 5° le B. Paul de la Croix, qui suit.

PAUL DE LA CROIX (le Bienheureux), fondateur des Passionistes, né en 1694 à Ovada (Gênes), m. à Rome en 1775, forma de bonne heure le dessein d'établir un ordre religieux qui travaillerait au salut des âmes. Pour mieux s'y préparer, il se retira en 1720 dans un ermitage où il se livra aux plus dures mortifications; il eut bientôt d'assez nombreux disciples, fit approuver son ordre par le pape Benoît XIV en 1741, en fut élu général et fonda 12 maisons en diverses villes d'Italie. Il a été béatifié en 1852. Les Passionistes portent un vêtement noir sur lequel sont attachés les insignes de la Passion, ils vont nu-pieds et la tête découverte.

PAUL (Ermites de St-), ordre établi au XIIIe s. et sorti des ermites de St-Jacques, choisit pour patron S. Paul l'Anachorète. Ils soignaient les malades et présidaient aux funérailles. Comme ils portaient l'image d'une tête de mort sur leur scapulaire, on les appelait les Frères de la mort. Avant de se mettre à table, ils baisaient une tête de mort, et en mangeant ils la plaçaient à côté d'eux. Leur ordre, qui fut très-répandu, surtout en Allemagne et en Pologne, ne possède plus auj. qu'une maison, qui est en Portugal.

PAUL I (S.), pape, natif de Rome, remplaça en 757 Étienne II, son frère, et régna jusqu'à 767. Il a laissé 22 lettres. C'est Paul I qui envoya à Pépin le Bref la 1re horloge à roue qu'on ait vue en France.

PAUL II, P. Barbo, pape de 1464 à 1471, était Vénitien et neveu d'Eugène IV. Il excommunia le roi de Bohême, George Podiebrad, qui favorisait les Hussites, et donna ses États à Matthias Corvin, mais il prêcha en vain la croisade contre les Turcs. Il restaura les anciens monuments de Rome.

PAUL III, Alexandre Farnèse, pape de 1534 à 1549, était Romain. Il montra beaucoup de fermeté dans ses relations avec Henri VIII, lança contre ce prince, après son schisme, une bulle d'excommunication, forma avec Charles-Quint et Venise une ligue contre les Turcs (1538); se porta comme médiateur entre Charles et François I, qui, grâce à lui, conclurent la trêve de Nice (1538), approuva l'Ordre des Jésuites (1540), convoqua le concile de Trente (1542), et fit reprendre la construction de St-Pierre en la confiant à Michel-Ange (1546). Il est le premier auteur de la fameuse bulle In cœnd Domini (V. BULLE). Paul III avait été marié avant d'entrer dans l’Église, et avait un fils, Pierre Farnèse, qu'il fit duc de Parme, ce qui l'engagea dans des luttes continuelles avec Charles-Quint, qui prétendait à ce duché. Il a laissé des Lettres à Érasme, à Sadolet, etc.

PAUL IV, Jean Pierre Caraffa, pape de 1655 à 1559, était Napolitain et naquit en 1476. Dans le but de détruire en Italie la domination espagnole, il fit en 1555, avec Henri II, roi de France, un traité pour la conquête du royaume de Naples, et appela le duc de Guise à cet effet; mais le seul résultat de cette entreprise fut la dévastation et la perte momentanée d'une partie de ses propres États, 1556-57. Avant son avénement, il avait rempli des missions délicates et avait fait établir à Rome un tribunal suprême de l'Inquisition (1542). Il réforma plusieurs