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trône la fille de Louis X, Jeanne de Navarre : les États généraux décidèrent en sa faveur. Il gagna par des concessions les princes qui s'étaient opposés à son avénement. En 1320, il conclut la paix avec les Flamands, et, depuis, son règne ne fut plus troublé que par le soulèvement des Pastoureaux (V. ce nom). Il se livra tout entier à l'administration intérieure; il affranchit les serfs des campagnes, anoblit des familles roturières, arma les milices, urbaines et mit à leur tête des officiers royaux, régla la fabrication des monnaies, tenta de les rendre uniformes pour tout le royaume et déclara inaliénable le domaine de la couronne. Ce prince permit à l'Inquisition de poursuivre rigoureusement les hérétiques dans le Midi, et sévit lui-même avec une extrême rigueur contre les Juifs et contre les lépreux, qu'on accusait d'exercer la magie et d'empoisonner les fontaines. Il avait épousé Jeanne de Bourgogne (V. ce nom) ; il mourut en 1322, sans laisser d'enfants mâles. Charles IV, son frère, lui succéda.

PHILIPPE VI, dit de Valois, chef de la branche royale des Valois, né en 1293, était fils de Charles de Valois et petit-fils de Philippe III. Il fut régent à la mort de Charles IV, dont la femme était enceinte : cette princesse ayant mis au monde une fille, il se fit proclamer roi en 1328, malgré l'opposition d’Édouard III, roi d'Angleterre (qui réclamait la couronne de Fiance du chef de sa mère Isabelle, fille de Philippe IV) et celle de Philippe d’Évreux, comme lui petit-fils de Philippe III et mari de Jeanne de France. Appelé au secours de Louis de Nevers, comte de Flandre, qui avait été chassé par ses sujets, il remporta sur les Flamands la victoire de Cassel, le 23 août 1328, et rétablit le comte. Il méditait une croisade lorsqu'éclata la célèbre guerre de Cent ans : elle prit naissance en 1337, à l'occasion de la protection qu’Édouard III accordait à Robert d'Artois, condamné par les pairs de France. Édouard, après s'être allié avec Jacques Arteveld, chef du parti démocratique en Flandre, et avec l'empereur Louis de Bavière, prit le titre et les armes de roi de France, et vint débarquer dans les Pays-Bas. La bataille navale de l’Écluse (1340), funeste aux Français, fut suivie d'une trêve de deux ans. Philippe ayant défendu les droits de Charles de Blois, son neveu, au duché de Bretagne, tandis qu’Édouard soutenait ceux du comte de Montfort, la guerre se ralluma; elle fut encore désastreuse pour la France : Édouard, débarqué en Normandie, ravagea tout le pays jusqu'aux environs de Paris, et remporta la victoire de Crécy, le 26 août 1346; l'année suivante, il assiégea et prit Calais, après quoi une nouvelle trêve fut signée entre les deux rivaux, par l'intervention de Clément VI. Philippe VI mourut avant la reprise des hostilités, en 1350. Sous ce règne la France fut ravagée par la peste noire, dite Peste de Florence (1348); en outre, elle fut écrasée d'impôts : la gabelle, supprimée sous le règne précédent, fut rétablie à perpétuité. Malgré ses revers, Philippe VI augmenta le domaine de la couronne : il y ajouta par le fait de son avénement les comtés de Valois, de Chartres, d'Anjou et du Maine, apanages de sa maison; par transaction avec Jeanne et Philippe d’Évreux, la Champagne et la Brie; par achat de Jacques II de Majorque (1349), la seigneurie de Montpellier; enfin par la cession d'Humbert II du Viennois, le Dauphiné, en reconnaissance de quoi les fils aînés de France portèrent depuis le titre et les armes de Dauphins (1343-49). Il eut pour successeur son fils aîné, Jean le Bon.

PHILIPPE I, dit de Rouvre (du château de Rouvre, près de Dijon, lieu de sa naissance), duc de Bourgogne, petit-fils du duc Eudes IV, lui succéda en 1349, âgé de 4 ans, sous la tutelle de Jeanne de Boulogne, sa mère; prit les rênes du gouvernement en 1360, mais mourut un an après sans postérité (1361). En lui finit la 1re branche royale des ducs capétiens de Bourgogne, issue de Robert de France, frère de Henri I,

PHILIPPE II, le Hardi, duc de Bourgogne, 4e fils de Jean II, roi de France, né en 1342, fit des prodiges de valeur à la bataille de Poitiers, ce qui lui valut son surnom, et y fut fait prisonnier (1356). Il reçut en apanage le duché de Bourgogne en 1363, peu avant la mort de son père. De plus, son mariage avec Marguerite, fille du comte de Flandre, le rendit en 1384 héritier des États de ce seigneur. Il arrêta les progrès des Anglais et soumit les Gantois révoltés. A la mort du roi de France Charles V (1380), il s'empara de la régence, conjointement avec ses frères, les ducs d'Anjou et de Berry, comme oncles et tuteurs du jeune roi Charles VI. Leurs dissensions et leur mauvaise administration firent le malheur du pays et amenèrent les excès des Maillotins (V. ce mot). Après avoir réprimé avec sévérité les mouvements populaires, Philippe conduisit le jeune prince contre les Flamands, remporta sur eux la victoire de Rosebecque (1382) et s'empara de Courtray. Lorsque Charles VI voulut gouverner par lui-même, Philippe, écarté par la faction des Marmousets (V. ce nom), se retira en Bourgogne et s'occupa activement de l'administration de ses États; mais il reprit bientôt le gouvernement du royaume pendant la démence du roi. La régence revenait de droit ou à la reine ou à Louis, duc d'Orléans, frère de Charles VI, mais Philippe l'emporta et il gouverna la France jusqu'à sa mort, en 1404. Il avait ajouté à ses domaines la Flandre, par mariage, et l'Armagnac par achat, ce qui fit de lui un des princes les plus riches et les plus puissants de l'Europe; mais il était si prodigue qu'il se trouva dans de perpétuels embarras d'argent. Il eut pour fils, et successeur en Bourgogne Jean sans Peur.

PHILIPPE III, le Bon, duc de Bourgogne, fils de Jean sans Peur, lui succéda en 1419, après le meurtre de son père. En haine du Dauphin, il signa, en 1420, avec Henri V, roi d'Angleterre, le traité de Troyes, par lequel il reconnaissait le prince anglais pour régent de France et héritier présomptif de Charles VI. Pendant plusieurs années, il fit beaucoup de mal aux Français : il entra dans Paris avec les Anglais et combattit longtemps dans leurs rangs contre Charles VII; c'est un de ses lieutenants (Jean de Luxembourg) qui prit Jeanne d'Arc au siége de Compiègne et la livra aux Anglais; mais, ayant fini par se brouiller avec ses alliés, qui lui disputaient le Hainaut, il entama des négociations avec Charles VII, et signa en 1435 le traité d'Arras, par lequel il reconnaissait le roi de France pour son suzerain; toutefois il devenait par ce traité même indépendant de fait, et obtenait la cession des comtés d'Auxerre et de Mâcon. Depuis lors, il seconda loyalement les efforts tentés pour l'expulsion des Anglais; il aida Charles VII à leur enlever Bordeaux et fut sur le point de reprendre Calais. Quelque temps avant le traité d'Arras, il avait combattu contre Jacqueline de Hollande, qui lui disputait la succession du Brabant, à laquelle il avait droit comme le plus proche parent mâle du dernier duc, et il avait réuni à ses domaines le Brabant et la Hollande (1433). Des expéditions contre les Gantois, qui se révoltaient, sans cesse, et contre le Luxembourg, qu'il soumit à sa tante Élisabeth, occupèrent ses dernières années. Il donna asile au dauphin, depuis Louis XI, exilé de la cour de Charles VII, mais il refusa de se mêler à ses différends avec son père. Vers la fin de sa vie, il abandonna presque entièrement le pouvoir à son fils Charles le Téméraire. Il mourut à Bruges en 1467, au moment où il préparait une croisade contre les Turcs. Ce prince était chevalier loyal et ennemi généreux; il protégea les lettres et les arts, fonda l'Université de Dôle, fit rédiger les coutumes de Bourgogne et de Franche-Comté, favorisa le commerce et créa en Flandre des manufactures de tapisserie, uniques alors en Europe. Les Flamands l'avaient surnommé le Bon duc parce que, résidant le plus souvent parmi eux, il leur fit en effet beaucoup de bien. C'est lui qui créa, en 1429, l'ordre célèbre de la Toison d'or.

PHILIPPE dit Hurepel, c.-à-d. la Peau rude, comte de Clermont (Oise), fils de Philippe-Auguste et d'Agnès de Méranie, né en 1200, épousa Mahaud, com-