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PORTO-RICO, une des Grandes-Antilles espagnoles, la plus orientale, par 17° 50'-18° 32' lat. N., et 68° 3'-69° 30' long. O. ; elle a à peu près la forme d'un quadrilatère rectangle; env. 500 000 h. dont près de la moitié noirs ou mulâtres et 50000 esclaves; ch.-l., San-Juan de Porto-Rico, sur la côte N. Cette île forme une capitainerie générale. Ses côtes sont très-découpées; elle est traversée de l'E. à l'O. par une chaîne de montagnes peu élevées, d'où sortent plusieurs cours d'eau. Climat tempéré, sol très-fertile, surtout en sucre, café, tabac, coton et en bois de construction et d'ébénisterie. Beaucoup de bétail, de volaille; gibier en abondance; côtes très-poissonneuses. — Christ. Colomb découvrit cette île en 1493; elle renfermait alors près de 600 000 indigènes que les Espagnols, établis dans l'île en 1509, firent périr en peu de temps par l'exploitation des mines. Les Anglais s'en emparèrent au commencement du XVIIe s., mais la rendirent bientôt à l'Espagne, qui depuis l'a conservée.

PORTO-SANTO, une des îles Madère, de formation volcanique, à 50 k. N. E. de l'île de Madère; 6000 h.

PORTO-SEGURO, v. et port du Brésil, ch.-l. d'une prov. de même nom, à l'embouch. du Buranhen dans l'Atlantique, par 16° 27' lat. S. et 6° 56' long. O; 4000 h. C'est là que Cabral prit possession du Brésil au nom du roi de Portugal. — La prov. de Porto-Seguro, entre celles de Bahia au N., de Minas-Geraës à l'O., d'Espirito-Santo au S. et l'Atlantique à l'E., a 450 k. de long sur 200 de large. C'est la première où les Portugais se soient établis dans le Brésil.

PORTO-VECCHIO, ch.-l. de c. (Corse), à 30 kil. des côtes de cette île et à 25 k. E. de Sartène; 2290 h. Le port est bon, mais la ville malsaine.

PORT-PATRICK, v. d’Écosse (Wigton), sur la mer d'Irlande, à 5 kil. N. O. de Wigton ; 2000 hab. Bains de mer. Il s'y est longtemps fait des mariages analogues à ceux de Gretna-Green. V. ce nom.

PORT-PHILIPP, colonie anglaise sur la côte S. de l'Australie, dans la terre de Grant, entre 36° et 39° lat. S., 141° et 150° long. E., a pour capit. Melbourne. Découverte en 1802 par le lieutenant Murray.

PORT-RÉPUBLICAIN. V. PORT-AU-PRINCE.

PORT-ROYAL, v. forte et port de la Jamaïque, à 8 kil. S. S. O. de Kingston, par 17° 56' lat. N., 79° 13' long. O.; env. 200 maisons. Arsenal, chantiers, hôpital de la marine. Jadis grande et importante, elle fut renversée par un tremblement de terre en 1692, incendiée en 1702, et ravagée par un terrible ouragan en 1722. — V. ANNAPOLIS.

PORT-ROYAL. On connaît sous ce nom deux abbayes de religieuses Bernardines ou de l'ordre de Cîteaux, dont l'une, la plus ancienne, dite Port-Royal des Champs, était située près de Chevreuse (Seine-et-Oise), à 25 k. S. O. de Paris, et l'autre, dite Port-Royal de Paris, était dans Paris même, au faubourg St-Jacques, occupant le local de l'hospice actuel de la Maternité. — L'abbaye de Port-Royal des Champs fut ainsi nommée, dit-on, par le roi Philippe-Auguste, qui, pendant une chasse, s'était reposé dans cet endroit solitaire; un monastère aurait été, d'après le vœu du roi, fondé en ce lieu même. Il est plus probable qu'il dut sa fondation à Mathilde de Garlande, à l'intention du salut et du retour heureux de son mari Mathieu Ier de Montmorency-Marly, parti pour la 4e croisade. Quoi qu'il en soit il remonte à 1204 et reçut des religieuses qui furent soumises à la règle de St-Benoît et qui passèrent bientôt sous la juridiction de l'ordre de Cîteaux, d'où elles sont connues sous le nom de Filles de St-Bernard. Elles se consacraient à la prière et à l'éducation de la jeunesse; plus tard, en 1647, elles s'associèrent à l'institut de l'adoration perpétuelle du mystère de l'Eucharistie et joignirent à leur premier nom celui de Filles du St-Sacrement. Cette abbaye fut réformée en 1608 par la mère Angélique (Marie Angélique Arnauld, sœur du grand Arnauld), qui y rétablit la règle de St-Benoît dans toute sa rigueur. En 1625, la communauté, qui se trouvait trop à l'étroit, fut transférée à Paris (rue de la Bourbe), où elle devint de plus en plus florissante. Peu-après cette translation, l'abbaye fut enlevée à la juridiction des Bernardins et passa sous l'autorité de l’ordinaire, c.-à-d. de l'archevêque de Paris. En 1636, les religieuses se mirent sous la direction spirituelle du célèbre abbé de St-Cyran, qui ne tarda pas à prendre sur elles un grand ascendant et qui les pénétra des doctrines jansénistes.

Abandonné des religieuses, le monastère de Port-Royal des Champs, à partir de 1636, servit de retraite à de savants solitaires qui partageaient leur temps entre les exercices de la religion, le travail des mains, la direction de petites écoles, l'instruction plus élevée de quelques jeunes gens d'élite, l'étude des lettres et la composition d'ouvrages d'éducation, mais qui avaient également adopté les doctrines jansénistes. Les plus illustres d'entre eux sont : Ant. Arnauld et Arnauld d'Andilly, tous deux frères de la mère Angélique, Lemaistre de Sacy et deux de ses frères (tous trois neveux de la mère Angélique), Nicolle, Lancelot, Fontaine, Lenain de Tillemont; Pascal partageait leurs opinions et les visitait souvent. Ils produisirent, le plus souvent en commun, des ouvrages classiques estimés (Logique, Méthode grecque, Méthode latine, Racines grecques, Essais de morale, traduction de la Bible, dite Bible de Sacy, Histoire ecclésiastique, etc.), et comptèrent au nombre de leurs élèves : Racine, les deux Bignon, Achille de Harlay, Du Fossé, etc. Mais lors des querelles du jansénisme, s'étant montrés jansénistes ardents et ayant refusé de se soumettre aux condamnations prononcées par le pape, ils se virent poursuivis avec rigueur et chassés de leur retraite (1656).

Les religieuses elles-mêmes ne tardèrent pas à être atteintes. Ayant constamment refusé de signer le Formulaire du pape qui condamnait les cinq propositions de Jansénius et résisté à toutes les tentatives faites pour les ramener, elles virent fermer leur maison de Port-Royal des Champs (29 octobre 1709), où une partie d'entre elles étaient retournées après le départ des solitaires; les bâtiments furent rasés (1710), les sépultures mêmes furent violées et les corps dispersés dans divers cimetières. Quelques religieuses, restées dans le couvent de Paris, s'étant montrées plus dociles, furent maintenues : leur communauté subsistait encore en 1790; elle fut supprimée à cette époque avec tous les ordres religieux.

Sous la Convention, le couvent de Port-Royal de Paris fut converti en prison et reçut le nom dérisoire de Port-Libre. On y a depuis placé l'hospice de la Maternité (1814). L'histoire de Port-Royal a été écrite par J. Racine, par dom Clémencet, et plus récemment par M. Ste-Beuve, 1840-60, 5 vol. in-8.

PORT-SAÏD, port nouvellement creusé en Égypte sur la Méditerranée, entre Damiette à l'O. et Tineh (l'anc. Péluse) à l'E., par 30° long. E., est le point de départ du canal qui traverse l'isthme de Suez. Il tire son nom de Saïd-pacha, vice-roi d'Egypte, sous lequel il fut creusé (1860).

PORTSMOUTH, Portus Magnus, v. et port d'Angleterre (Southampton), sur la Manche, à l'extrémité S. O. de la petite île de Portsea, qui est jointe au continent par un pont, et à l'entrée de la magnifique baie de Spithead formée par la Manche, à 115 k. S. O. de Londres ; 75 000 h. Port superbe (le plus beau de l'Angleterre); grand arsenal naval du royaume et principal rendez-vous des flottes britanniques. Collége royal de marine, avec école de construction maritime; observatoire. Immenses chantiers, magasins, ateliers à gréements, forges, corderie, dépôt d'artillerie, etc. Bains de mer, chemin de fer, belles promenades de Clarence. On projette un canal de Portsmouth à Londres. Portsmouth se compose de deux villes, l'anc. Portsmouth et Portsea, auj. réunies. — Connu dès le Ve s. et déjà important sous Édouard V, Porstmouth est devenu depuis Henri VIII le principal arsenal de l'Angleterre. C'est à Portsmouth que Felton assassina le duc de Buckingham.