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PRÉVOST (Pierre), de Genève, littérateur, 1751-1839, alla en 1780 professer la philosophie à l'Académie noble de Berlin, revint à Genève en 1784 pour y enseigner les belles-lettres, devint membre du Grand conseil en 1786, et rentra dans l'enseignement en 1793. Il a traduit du grec les Tragédies d'Euripide, 1782; de l'anglais, les Essais philosophiques de Smith, les Éléments de philosophie de Dugald Stewart, le Cours de rhétorique de H. Blair, l’Essai sur la population de Malthus, et a composé lui-même des Essais de philosophie, 1804, des Mémoires sur l'origine des forces magnétiques, sur la Chaleur, Calorique rayonnant, etc., et un Traité de Physique mécanique, 1818.

PRÉVOST (Constant), géologue, né en 1787 à Paris, m. en 1856. professa successivement à l'Athénée, à l'École centrale des arts et manufactures, à la Faculté des sciences de Paris, où une chaire de géologie venait d'être créée (1831), et fut admis en 1848 à l'Acad. des sciences. On lui doit de savantes recherches sur la classification des terrains et sur les mélanges de corps marins et de corps d'eau douce. Ses principaux travaux, insérés pour la plupart dans les recueils scientifiques, sont des mémoires sur la Composition géognostique des falaises de Normandie, 1820-21, sur la Formation des terrains des environs de Paris, 1825-27, sur la Chronologie des terrains, 1845. Il a en outre donné de nombreux articles aux Dictionnaires d'Histoire naturelle.

PRÉVÔT (dérivé, par corruption, de præpositus), titre qu'on donnait en beaucoup d'endroits, notamment en France, aux premiers juges, soit royaux, soit seigneuriaux. Nous distinguerons : — 1° le Prévôt de l'armée et les Prévôts des bandes, chargés de rendre la justice, soit entre soldats ou officiers d'une même bande, soit entre l'autorité civile et les militaires; — 2° le Prévôt des maréchaux, qui prononçait sur les affaires où étaient intéressés les premiers officiers : sous Charles VI et Charles VII, il fit partie de la suite de la cour pendant les campagnes auxquelles assistait le roi : — 3° le Prévôt de la connétablie ou le Grand prévôt de France : sa charge fut réunie en 1572 à celle de prévôt de l'hôtel; — 4° le Prévôt de l'hôtel du roi, juge de tous ceux qui étaient à la suite de la cour, en quelque lieu qu'elle se transportât. Ces fonctions faisaient jadis partie de celles du comte palatin; elles passèrent au tribunal des maîtres d'hôtel du roi, présidé par le grand maître, puis (1355-1405) aux maîtres des requêtes, et (en partie du moins) au prévôt des maréchaux; ce n'est qu'en 1455 qu'on institua pour les remplir un magistrat spécial, le Prévôt de l'hôtel; en 1572 cet officier joignit à ces fonctions celles de grand prévôt de France; — 5° Le Prévôt de Paris, magistrat d'épée, chef du Châtelet, était chargé du gouvernement politique et des finances dans la ville et la vicomté de Paris; il était le 1er de la ville après le roi et le parlement; jusqu'à la création des présidiaux, en 1551, il jugeait en dernier ressort. Cette magistrature remontait jusqu'à Hugues Capet. Parmi ceux qui l'occupèrent, les plus célèbres sont : Étienne Boileau ou Boyleaux, 1235-45, 1258-60, et 1261-70; Hugues Aubriot, 1367-81; Pierre des Essarts, 1408-10, et 1411-12; Tanneguy-Duchâtel, 1413 et 1414; Jean d'Estouteville, 1436-46; Robert d'Estouteville, 1446-61 et J465-79; Jacques d'Estouteville, 1479-1509; Jean d'Estouteville, 1533-40; Jacques d'Aumont, 1593-1611; Louis Séguier, 1611-53; Pierre Séguier, 1653-70; Ch. de Bullion, 1685-1723; Gabr. de Bullion, 1723-55; Alex. de Ségur, 1755-66; Boulainvilliers, 1766-92; — 6° le Prévôt des marchands, à Paris. Chargé seulement dans l'origine de visiter et de taxer les marchandises qui venaient par eau et se vendaient sur les ports, il étendit bientôt sa juridiction sur tous les marchands; il était en outre chargé d'ordonner les cérémonies publiques et de répartir l'impôt de la capitation; il était assisté des échevins. Il était élu tous les 3 ans. Les prévôts des marchands jouent un rôle important dans l'histoire de Paris; les plus connus sont : Étienne Marcel (1354), qui conspira pendant la captivité du roi Jean (V. MARCEL), Jean Juvénal des Ursins, 1388, Guill. Budé, 1522, Augustin de Thou, 1538, Christophe de Thou, 1552, Jean Luilier, 1592, François Miron, 1604, Robert Miron, 1614, Henri de Mesmes, 1618, Jérôme Le Féron, 1646, Claude Lepelletier, 1668, Jérôme Bignon, 1708, Ch. Trudaine, 1716, Michel Turgot, 1729, Camus de Pontcarré, 1758, J. B. de La Michodière. 1762, Le Febvre de Caumartin, 1778, Louis Lepelletier, 1784, Jacques de Flesselles, 1789, une des premières victimes de la Révolution.

PREXASPE, courtisan de Cambyse, roi de Perse, eut un jour l'imprudence de remontrer à ce prince les dangers de l'ivrognerie à laquelle il s'adonnait. Pour lui prouver qu'il conservait dans l'ivresse la main la plus sûre, Cambyse fit amener devant lui le fils de Prexaspe et lui perça le cœur d'une flèche; le courtisan eut la bassesse de louer l'adresse du tyran. C'est ce même Prexaspe qui, par ordre de Cambyse, avait tué Smerdis, frère du roi.

PRIAM, Priamus (c.-à-d. en grec acheté), dernier roi de Troie, fils de Laomédon, fut dans sa jeunesse emmené captif par Hercule, puis racheté et placé sur le trône (1311 av. J.-C.). Il eut 50 enfants, parmi lesquels 19 d'Hécube, sa femme légitime, entre autres Hector, Pâris, Hélénus, Déiphobe, Polyxène, Cassandre, Creuse. Sous son règne, le rapt d'Hélène par Pâris donna lieu à la guerre de Troie; après dix ans de siége, Troie fut prise, et Priam égorgé par Pyrrhus au pied des autels (1270). Homère le montre allant, après la mort d'Hector, demander à Achille le corps de son fils.

PRIAPE, Priapus, fils de Vénus et de Bacchus, était le dieu des jardins, des vergers et des plaisirs obscènes; il présidait à la fécondité des champs et à la prospérité des troupeaux. On lui offrait les prémices des jardins, des vignes et des champs, avec du lait, du miel et des gâteaux. On l'honorait surtout à Lampsaque; ses fêtes, les priapées, étaient accompagnées de honteux désordres. A Rome, son culte fut moins scandaleux. On le représente le plus souvent velu, avec des jambes et des cornes de bouc, tenant à la main une baguette ou une faucille.

PRICE (Richard), ministre dissident, né en 1723 à Tynton (pays de Galles), m. en 1791, se fit connaître en 1757 par une Revue des principales difficultés en morale, s'occupa ensuite de questions de politique et de finances, se montra en toute occasion favorable à la liberté civile et fut choisi pour secrétaire par lord Shelburne, 1er ministre. En religion, il défendit la doctrine des Unitaires; en métaphysique, il combattit Priestley, dont il était néanmoins l'ami, et eut avec lui une correspondance qui a été publiée sous le titre de Discussion des doctrines du matérialisme et de la nécessité. Il a aussi écrit sur la Providence, la Prière, la Vie future, 1768.

PRICHARD (James), ethnologiste, né en 1785 à Ross (Hereford), m. en 1848, était médecin à Bristol. Outre des ouvrages estimés en médecine, il a publié des Recherches sur l'histoire physique du genre humain (1813), qui lui firent un nom, et qu'il compléta dans deux éditions successives (1826 et 1848).

PRIDEAUX (Humphrey), historien et antiquaire anglais, né en 1648, mort en 1724, doyen de Norwich, a laissé entre autres ouvrages : Marmora oxoniensia ex Arundellianis, Oxford, 1676, in-f.; Vie de Mahomet, 1698; Histoire des Juifs et des peuples voisins, 1715-18, ouvrage plein d'érudition, qui a été trad. en français en 1722.

PRIE (Agnès, marquise de), femme intrigante, d'une beauté remarquable, née à Paris en 1698, était fille d’Étienne Bertelot, seigneur de Pléneuf, directeur général de l'artillerie, et avait épousé en 1718 le marquis de Prie, ambassadeur à Turin, depuis attaché à l'éducation du jeune roi (Louis XV), et chevalier de ses ordres. Coquette et ambitieuse, elle chercha à plaire au duc de Bourbon, premier ministre