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PROPIAC (Ferd. GIRARD, chevalier de), d'une famille noble de Bourgogne, né vers 1760, mort en 1823, émigra et servit dans l'armée des princes, revint en France sous le Consulat et fut nommé archiviste du dép. de la Seine. Il a publié un grand nombre de compilations, la plupart sous le titre de Beautés de l'histoire, a donné le Plutarque français, 1813, un Dictionnaire d'émulation, 1820, et a traduit de l'allemand l’Histoire de Gustave Wasa d'Archenholtz et les Nouveaux contes moraux d'Auguste Lafontaine.

PROPONTIDE (la), Propontis, auj. mer de Marmara, petite mer unie à la mer Égée par l'Hellespont (Détroit des Dardanelles), et au Pont-Euxin par le Bosphore de Thrace (canal de Constantinople), doit son nom à sa position en avant (pro) du Pont-Euxin. Ses côtes étaient couvertes de colonies grecques : au N., Périnthe, Byzance, Chalcédoine, Astacus ou Olbia; au S., Parium, Priapos, Cyzique, Cios. Plusieurs îles, entre autres Proconèse (Marmara).

PROPRÉTEUR, de pro prætore, magistrat romain faisant dans les provinces fonctions de préteur; c'était tantôt un préteur dont on prolongeait la magistrature, tantôt un personnage qui n'avait jamais géré la préture. Ce dernier cas fut fréquent sous l'empire. Comme le préteur, il avait six licteurs.

PROPYLÉES (du grec pro, en avant de, et pylai, portes), nom donné en général au vestibule de plusieurs édifices de la Grèce, désigne plus particulièrement le vestibule de l'Acropole d'Athènes. C'était un ouvrage de défense, destiné à fermer le seul endroit de la colline qui fût accessible. Le corps principal, placé au milieu, consistait en un portique de 6 colonnes doriques; il conduisait à un grand vestibule divisé en trois allées par deux rangées de colonnes ioniques et terminé par un mur percé de cinq portes, et aboutissait à un 2e portique dorique, qui atteignait au niveau de la plate-forme de l'Acropole. L'édifice entier était de marbre pentélique. Commencé en 437 av. J.-C., sous l'administration de Périclès, il fut construit en 5 ans. Les Turcs avaient converti les Propylées en un magasin à poudre : un incendie les détruisit presque entièrement en 1656; ce qu'il en restait, menaçant ruine, fut abattu en 1835.

PROSCRIPTIONS. Le premier à Rome, Sylla dressa des Tables de proscription, c.-à-d. des listes de proscrits, qui étaient affichées au coin des rues et dans les places publiques. Les triumvirs Octave, Antoine et Lépide imitèrent cet exemple. Les dénonciateurs, les meurtriers d'un proscrit, recevaient en récompense une partie des biens de la victime, de sorte que l'avidité, plus encore que la vengeance, prolongeait le cours de ses assassinats.

PROSERPINE, Perséphone en grec, femme de Pluton et déesse des enfers, était fille de Jupiter et de Cérès. Elle cueillait un jour des fleurs dans la vallée d'Enna, en Sicile, et s'enivrait de leur parfum (surtout de la fleur du narcisse) lorsque Pluton la vit et l'enleva pour l'épouser. Cérès la chercha par toute la terre, et, quand elle l'eut enfin trouvée, elle s'adressa à Jupiter pour se la faire rendre : le roi des Dieux décida que Proserpine lui serait rendue si elle n'avait encore rien mangé dans les Enfers; or, elle avait sucé des pépins de grenade, ce qui fut révélé par Ascalaphe, qui l'avait vue. Selon une tradition vulgaire, elle obtint de venir passer sur terre six mois de l'année. Pirithoüs et Thésée descendirent aux Enfers pour ravir Proserpine à Pluton, mais ils échouèrent dans cette criminelle tentative. On ne donne point d'enfants à cette déesse. Son culte était surtout répandu en Sicile, où la ville d'Agrigente lui était consacrée; elle partageait les adorations avec Cérès, sa mère. Du reste, elle a, comme divinité, de grands rapports avec Cérès, Junon, Diane, et souvent on l'a identifiée avec ces déesses : de là les noms d'Hécate, de Juno inferna, qu'on lui donnait. On en faisait aussi une des divinités cabiriques et on lui rendait un culte mystérieux. La chauve-souris, la grenade, le narcisse lui étaient consacrés. On lui sacrifiait des génisses stériles. On représente ordinairement Proserpine sous la figure d'une belle femme, assise près de son époux sur un trône d'ébène, l'air morne et tenant à la main un pavot, symbole de l'éternel assoupissement. On a cru voir dans la fable de Proserpine le symbole de la végétation des plantes qui, après avoir fleuri, meurent pour germer sous terre et reparaître à la saison suivante.

PROSPER (S.), né en Aquitaine en 403, mort vers 463, faisait partie du clergé de Marseille. Il cultiva les lettres avec succès, correspondit avec S. Augustin, et composa contre les Semi-Pélagiens un poëme latin : les Ingrats (il les nomme ainsi, parce qu'ils ne reconnaissaient pas la grâce). On a aussi de lui une Chronique estimée. Les meilleures éditions de ses ouvrages sont celles de Paris, 1711, et de Rome 1762. Le poëme contre les Ingrats a été traduit en prose par Lequeux, Paris, 1762, mis en vers par Lemaistre de Sacy, 1646, et imité par L. Racine dans son poëme de la Grâce. On fête S. Prosper le 25 juin.

PROTADE (S.), évêque de Besançon, m. en 624, était un des plus savants prélats du temps, et fut souvent consulté par Clotaire II. On le fête le 10 févr.

PROTAGORAS, sophiste d'Abdère, né en 489 av. J.-C., m. en 420 ou selon d'autres en 408, avait été portefaix dans sa jeunesse; il devint disciple de Démocrite, enseigna la rhétorique, la grammaire et la poésie, près d'Abdère d'abord, puis dans Athènes (vers 422), fit le premier payer ses leçons et acquit ainsi une grande richesse. Accusé d'impiété par les Athéniens, il s'enfuit sur une barque et périt en mer. Il avait écrit sur la rhétorique, la physique, la politique, mais tous ses écrits furent brûlés par ordre des magistrats d'Athènes. Protagoras fut un des plus dangereux sophistes : il disait que l’homme est la mesure de toutes choses, que l'on peut sur toute question plaider également le vrai et le faux, que tout est arbitraire et dépend des caprices de l'homme : lois, vertu, vérité, etc. Platon a mis ce sophiste en scène et l'a combattu dans son Protagoras et dans son Théétète. On doit à Frey (Bonn, 1845), Otto Weber (Marbourg, 1850), et Vitringa (1852), de savantes dissertations sur la Philosophie de Protagoras. Geist a donné sa Vie en latin, 1827.

PROTAIS (S.), martyr, frère de S. Gervais est honoré avec lui le 19 juin. V. GERVAIS.

PROTECTEUR. C'était jadis le titre officiel du régent en Angleterre. Le duc de Bedford fut protecteur d'Angleterre sous Henri VI; le duc de Glocester (Richard III) le fut sous Édouard V. Olivier Cromwell se fit décerner ce titre en 1653; Richard, son fils, le porta aussi quelques mois. Il disparut après la restauration de 1660.

PROTÉE, Proteus, dieu marin, fils de Neptune ou de l'Océan et de Téthys, avait la garde des troupeaux de son père. Il savait l'avenir, mais ne le révélait que par force et prenait toutes sortes de formes pour échapper à ceux qui le pressaient de questions (Géorg., liv. IV). On a vu dans cette fable l'image de la nature, à laquelle il faut faire violence pour lui arracher ses secrets.

PROTÉE, ancien roi d’Égypte, dont on place le règne vers 1280 av. J.-C. Suivant une tradition opposée à celle d'Homère, il reçut Hélène et Pâris, que la tempête avait jetés sur les côtes d’Égypte, retint la princesse adultère en la séparant de Pâris et la rendit à Ménélas après la prise de Troie.

PROTÉSILAS, roi d'une partie de la Thessalie, était fils d'Iphiclus et oncle de Jason. Appelé à prendre part à l'expédition contre Troie, il quitta Laodamie, sa femme, bien que n'étant marié que de la veille; il eut la gloire de mettre le pied le premier sur le rivage asiatique, mais il fut tué aussitôt.

PROTESTANTS, nom donné aux Luthériens parce qu'ils protestèrent, en 1529, contre une décision de la 2e diète de Spire, qui apportait des restrictions à la liberté de conscience accordée par la 1re diète de Spire, tenue en 1526. Les Protestants diffèrent des