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— 1732 —


En outre, il prêta son nom à plusieurs romans de sa sœur. Ses ouvrages sont pleins d’invraisemblance et de mauvais goût ; et à ces défauts de composition l’auteur joignait une suffisance qui passait toutes les bornes. Boileau a fait justice de ce ridicule auteur, qui eut quelque vogue en son temps ; on connaît ces vers de la 2e satire :

Bienheureux Scudéri, dont la fertile plume
Peut tous les mois sans peine enfanter un volume.

— La femme de Scudéri, qui mourut à 81 ans, en 1712, est connue par son talent pour le style épistolaire ; on a d’elle des Lettres à Bussy-Rabutin (publiées avec celles de cet écrivain).

scudéri (Madeleine de), sœur du préc., née au Havre en 1607, m. en 1701, fut de bonne heure amenée à Paris, et s’y vit recherchée à cause des agréments de son esprit ; elle était un des ornements de l’hôtel Rambouillet. Elle publia de volumineux romans, dont les premiers parurent sous le nom de son frère, et qui eurent une vogue extraordinaire, grâce surtout à de nombreuses allusions aux personnages et aux événements contemporains. Elle fit aussi des vers, dont plusieurs ne manquaient pas de mérite, et reçut de ses contemporains les surnoms de Sapho et de Dixième Muse. Quoique fort laide, elle sut attacher plusieurs hommes distingués, entre autres Pélisson et Conrart. On a d’elle : Ibrahim ou l’Illustre Bassa, 1641, 1 vol. ; Artamène ou le grand Cyrus, 1650, 10 vol. ; Clélie, histoire romaine, 1656, 10 v. ; Conversations sur divers sujets, 1680-94, 4 vol. ; Conversations de morale, 1688-12, 4 vol. Parmi ses vers, on a surtout retenu ceux qu’elle fit sur les œillets que cultivait le grand Condé, alors détenu à Vincennes :

En voyant ces œillets qu’un illustre guerrier
Arrosa d’une main qui gagna des batailles,
Souviens-toi qu’Apollon bâtissait des murailles,
Et ne t’étonne pas si Mars est jardinier.

Ses romans, d’une prolixité fatigante, sont en outre écrits dans un genre faux, avec un style précieux et ridicule. Ils peignent l’amour de la manière la plus fade, et convertissent en Céladons les héros les plus illustres. Ses Conversations de morale étaient estimées de Mascaron et de Fléchier.

SCULTET (Jean), chirurgien, né en 1595 à Ulm, m. en 1645, était fils d’un simple batelier. Il étudia à Padoue et pratiqua la chirurgie dans sa ville natale. Il a perfectionné les instruments de chirurgie : son nom est resté attaché à un appareil employé encore aujourd’hui pour les fractures. On a de Scultet un ouvrage dans lequel il décrit les instruments de chirurgie employés de son temps : Armamentarium chirurgicum, Ulm, 1653, in-fol., trad. par Dehoze sous le titre d’Arsenal de chirurgie, Lyon, 1675.

SCUTARI, Chrysopolis, v. de la Turquie d’Asie, sur le Bosphore, vis-à-vis de Constantinople, dont elle est regardée comme un faubourg ; env. 40 000 h. Ville bâtie en amphithéâtre et d’un aspect très-pittoresque ; séjour de plaisance du sultan, qui y a un château ; belles maisons, belles mosquées ; superbes cimetières (c’est là que sont inhumés tous les Turcs de distinction). Commerce assez actif ; nombreuses caravanes, la plupart pour la Mecque.

scutari, Scodra, v. forte de la Turquie d’Europe (Albanie), ch.-l. de livah, à l’extrémité S. du lac de Scutari ou de Zenta (Labeatis lacus) à 710 kil. O. N. O. de Constantinople ; 20 000 hab. Évêché. Château fort, fabrique d’armes. Environs très-fertiles. — Cette ville, fondée, dit-on, par Alexandre, a suivi le sort de l’Albanie : elle a successivement appartenu aux Serbes, à des chefs indépendants, à Venise, et a été cédée aux Turcs en 1479. — Le livah de Scutari, limitrophe de la Dalmatie, est le plus septentrional des cinq qu’on trouve en Albanie ; il a 250 kil. sur 200 et env. 600 000 hab.

SCYLACIUM, auj. Squillace, v. du Brutium, à l’E., sur le golfe Scylacique. Patrie de Cassiodore.

SCYLAX, navigateur et géographe grec, auteur d’un Périple de la mer intérieure (Méditerranée) qui nous est parvenu, vécut à une époque incertaine. Les anciens mentionnent plusieurs personnages de ce nom : Scylax l’ancien, de Caryande en Carie, qui fut chargé par Darius I d’explorer les côtes de l’Océan Indien ; un autre, qui vivait du temps d’Alexandre ; et un 3e, contemporain de Polybe et de Panétius, vivant au iie s. av. J.-C. Les uns donnent le Périple au 1er, les autres, avec plus de vraisemblance, au dernier. Cet ouvrage a été publié dans les Geogr. græci minores d’Hudson (1698) et dans la Bibliothèque grecque de Didot, par Ch. Müller, 1855 ; il en a été donné une édition séparée par B. Fabricius, Leips., 1848. Outre les côtes de la Méditerranée, il comprend la description de la côte de la Propontide, du Pont-Euxin et même des côtes libyques au delà du détroit de Gadès jusqu’à l’île de Cerné ; mais ce n’est qu’une énumération sèche de noms de peuples et de pays.

SCYLITZÈS (Jean), historien byzantin du xie s., était à Constantinople curopalate ou gouverneur du palais. Il a continué l’Histoire de Théophane de 811 à 1081. Cédrenus l’a copié presque mot pour mot dans sa Chronique. Son ouvrage a été imprimé en grec, avec traduction latine (dans la Byzantine, tome IX).

SCYLLA, nymphe sicilienne, fut aimée du dieu marin Glaucus. Circé, sa rivale, la changea en un rocher qui avait la forme d’une femme, dont le buste et la tête s’élevaient au-dessus des eaux, et dont les hanches étaient couvertes par les têtes de six chiens horribles ouvrant de larges gueules et aboyant sans cesse. L’onde, tourbillonnant autour du rocher, formait un gouffre plus redoutable que celui de Charybde, qui en était voisin ; d’où le proverbe : Tomber de Charybde en Scylla (V. ci-après l’art. géographique). — Une autre Scylla, fille de Nisus, roi de Mégare, s’éprit d’un fol amour pour Minos, qui assiégeait sa ville natale, coupa sur la tête de son père le fatal cheveu de pourpre auquel tenait le salut de Mégare, puis le fit porter à Minos ; celui-ci ne l’ayant payée que de mépris, elle se jeta de désespoir dans la mer, où elle fut changée en alouette.

SCYLLA, cap célèbre d’Italie, sur la mer Tyrrhénienne, à la pointe S. du roy. de Naples. Les nombreux écueils et les gouffres qui entourent ce cap, situé à l’entrée du détroit de Messine et en face de l’écueil de Charybde, qui était aussi fort redoutable, faisaient jadis l’effroi des navigateurs. Des commotions volcaniques ont, à ce qu’il paraît, changé l’aspect des lieux, et le passage s’opère auj. avec moins de difficulté. (V. l’art. mythologique ci-dessus).

scylla, auj. Sciglio, anc. v. du Brutium, maintenant dans le roy. de Naples (Calabre Ult. 1re), sur un rocher élevé, près du cap de Scylla, et à 19 kil. N. de Reggio ; 7000 hab. — Fondée, dit-on, par Anaxilas, tyran de Rhegium. Elle a beaucoup souffert du tremblement de terre de 1783. Elle a été prise en 1806 par les Français.

SCYMNUS, de Chio, géographe grec qui vivait env. 80 ans av. J.-C. à la cour de Nicomède, roi de Bithynie, est auteur d’une Périégèse (ou perlustration du monde), en vers ïambiques ; il ne nous en reste que les 741 premiers vers, plus des fragments de 236 autres. Ces fragments se trouvent dans les Geographi græci minores de Hudson, 1698, et dans la Bibliothèque grecque de Didot, 1855.

SCYRON, brigand de la Fable. V. sciron.

SCYROS, auj. Skiro, île de la Grèce, dans la mer Égée, au N. E. de l’Eubée, a 65 k. carrés et 2000 h. Elle est célèbre dans la Fable comme ayant été la retraite d’Achille, que sa mère y avait caché parmi les filles de Lycomède, et comme étant le lieu où mourut Thésée. Cimon rapporta de cette île à Athènes les restes du héros. — Après avoir appartenu aux Athéniens, aux Macédoniens, aux Romains, aux ducs de Naxos, aux Ottomans, Scyros fait auj. partie du roy. de Grèce et est annexée au nome d’Eubée.

SCYTHIE, Scythia, vaste région qui chez les an-